L’association Wimoov, expert en mobilité inclusive, en partenariat avec AG2R-La Mondiale a présenté lors du dernier RDV des Partenaires Occitanie placé sous le Haut Patronage du Président de la République, les résultats d’une enquête inédite interrogeant les pratiques des seniors s’agissant de leur mobilité au quotidien.
Cette enquête dresse un état des lieux, identifie les obstacles à l’oeuvre et permet ainsi aux acteurs de la mobilité de s’emparer de solutions innovantes et durables pour la mobilité des seniors. Avec, en ligne de mire, l’objectif de co-construire des systèmes durables et inclusifs au service de tous les territoires et notamment des territoires les moins denses en solutions de transports.
Les premiers chiffres de l’enquête Wimoov et AG2R-La Mondiale
- 1/3 des seniors ne se déplacent pas quotidiennement en ville contre 50% en zone rurale
- 41% des plus de 75 ans se déplacent quotidiennement contre 75% pour les 55-64 ans
- 37% des seniors réduisent leurs déplacements pour des questions de coûts
- 60 % des seniors sous le seuil de pauvreté renoncent à sortir de chez eux quotidiennement
- La voiture individuelle reste le mode de déplacement prépondérant pour 66 % des personnes âgées
(Re)penser la mobilité face au vieillissement
La population française vieillit. 24% des Français ont plus de 60 ans aujourd’hui et cette proportion atteindra 32% à l’horizon 2060. Cette tendance génère d’ors et déjà de nouvelles attentes et des besoins en matière de mobilité mieux adaptés au cadre de vie, à l’âge et au niveau des revenus. Des bouleversements sont déjà à l’oeuvre qui influenceront inéluctablement l’organisation des activités économiques et sociales : système de soins, adaptation des logements, rythmes de vie, services publics…
« Depuis 20 ans Wimoov agit pour faciliter la mobilité quotidienne des personnes fragiles dans les territoires voyant la mobilité comme un trait d’union avec la société, au service de nouvelles perspectives professionnelles et personnelles. C’est pourquoi nous avons développé des expertises sur le bien vieillir notamment. À l’ère des révolutions technologiques et d’une société qui revendique une « mobilité intelligente », nos aînés font face à une mobilité souvent contrainte, avec pour conséquence, bien souvent le non accès aux soins, aux commerces, aux équipements culturels et l’isolement social. Il faut réfléchir à comment prolonger l’autonomie des seniors à domicile » alerte Florence Gilbert, directrice générale de Wimoov et porte-paroles du Comité stratégique de la filière Silver Eco tout récemment relancé par Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé.
Les grands facteurs de sédentarité chez les seniors
- L’âge. On observe une baisse de la fréquence des déplacements des seniors au fil du temps. Chez les 55-64 ans, la majorité des publics se déplacent de manière quotidienne (74%), alors qu’ils ne sont plus que 41% au-delà de 75 ans. Pour cette tranche d’âge, la fréquence des déplacements se compte même en mois pour 24% d’entre eux. 30% des seniors se déplacement moins d’une fois par jour et présentent au moins un frein à la mobilité (physique, psychologique, ou financier).
- La pauvreté. La pauvreté frappe 7,6% des retraités, un taux 2 fois inférieur au reste de la population, certes, mais qui masque toutefois de fortes inégalités. La fréquence des déplacements est étroitement liée au niveau de vie des seniors. Si 71 % d’entre eux au revenu supérieur à 1 700 euros se déplacent tous les jours, ils ne sont plus que 40 % seulement à sortir de chez eux quotidiennement lorsque leur revenu est en dessous du seuil de pauvreté. En d’autres termes, 60 % des seniors précaires renoncent aux services de la vie quotidienne par manque de moyens financiers, contre 29 % pour les plus favorisés.
- Le lieu de vie. Le lieu de vie n’est pas non plus sans conséquence sur la mobilité des seniors. Les ruraux se déplacent moins que les urbains. Une personne sur trois ne se déplace pas quotidiennement en ville contre une sur deux en zone rurale. L’isolement des seniors est un phénomène significatif sur l’ensemble du territoire, qui s’amplifie dans les zones rurales.
La voiture, mode de transport privilégié des seniors
Sans grande surprise, ce sont les seniors non motorisés qui sont les plus contraints. La voiture individuelle reste le mode de déplacement prépondérant pour 66 % des personnes âgées. Une utilisation qui varie avec l’âge : si la voiture est plébiscité chez 67% des actifs âgés de 55 à 64 ans, 69% des 65-74 ans et 61% des plus de 75 ans continuent à l’utiliser de façon préférentielle pour leurs sorties. La marche à pied est le principal moyen de transport pour 48% des seniors devant les transports en commun (25%) et la voiture comme passager (21%).
« Améliorer la densité du réseau de transports en commun est primordial, notamment dans les zones les moins desservies. Mais à court terme, il faut innover : favoriser les modes de déplacements actifs, le co-voiturage, la mutualisation des solutions. Un bus scolaire doit pouvoir transporter des seniors par exemple. En mutualisant, on baisse les coûts pour la collectivité et le prix pour les usagers » analyse Florence Gilbert.
Cette étude a été présentée en introduction d’une matinée d’échanges permettant à de nombreux acteurs institutionnels (Véronique VOLTO, conseillère départementale de Haute-Garonne, vice-présidente de la commission permanente, chargée de l’action sociale seniors ; Luc BROUSSY, président de France Silver Eco et du comité stratégique de la filière Silver Eco ; Matthieu ORPHELIN, député de la 1ère circonscription du Maine et Loire, Pierre TAILLANT, Ingénieur économiste, ADEME…), des opérateurs (Eric CHAREYRON, directeur vision et prospective des modes de vie de la mobilité de Keolis,…) mais aussi des initiatives locales (Atchoum, FUB, Rezopouce,…) de présenter des solutions innovante et durables pour les seniors.
Cet article a été publié par la Rédaction le