Les bienfaits des interventions non médicamenteuses (INM) ne sont plus à démontrer dans l’accompagnement des personnes vivant avec la maladie d’Alzheimer. Pour que ces dernières soient reconnues et déployées plus largement, il est essentiel d’en évaluer les effets et leur mise en œuvre de manière scientifique. La Fondation Médéric Alzheimer, par ce premier appel à projet consacrée aux INM, a souhaité soutenir une ou plusieurs études interventionnelles portées par des professionnels de terrain associés à une équipe de recherche, et ainsi aider au passage d’une intervention prometteuse à une intervention probante. Tout au long de l’étude, la Fondation apportera un accompagnement aux lauréats.
Appel à projets INM : mettre en avant les innovations
Nous avons reçu 38 dossiers pour cette 1ère édition. Cet engouement nous encourage à poursuivre nos actions de promotion, de mise en œuvre et d’évaluation des interventions non médicamenteuses et ainsi favoriser leur ancrage sur le terrain, si précieux en l’absence de médicament.
Hélène JACQUEMONT, Présidente de la Fondation Médéric Alzheimer
L’ensemble des projets a été évalué par un jury pluridisciplinaire qui a porté une attention particulière à la rigueur scientifique des projets, leur originalité et leur faisabilité. La dimension éthique, l’impact sur la qualité de vie des personnes malades et le potentiel de mise en œuvre ont été au cœur de l’instruction des dossiers.
Fort de ce succès, une édition 2023 est en préparation et sera annoncée prochainement.
Le projet Preco-Bellan du service de neuro-psycho-gériatrie de l’hôpital Léopold Bellan, Paris, 14ème : lauréat de la 1ère édition
« Psychoéducation et réadaptation de la cognition sociale combinant une stimulation cognitive et motrice, associée à une intervention auprès des aidants familiaux, dans la Maladie d’Alzheimer et apparentées », mis en œuvre et expérimenté par l’équipe du Docteur Lisette Volpe-Gillot, chef de service de Neuro-Psycho-Gériatrie de l’Hôpital Bellan à Paris en association avec Laboratoire PSITEC (ULR 4072) de l’Université de Lille.
Le jury a souligné l’originalité de ce projet ambitieux qui repose sur une intervention multi domaines (stimulation cognitive, activité physique adaptée, mise en situation pratique, psychoéducation) et qui cible la cognition sociale, un domaine encore peu étudié, peu pris en compte et pourtant essentiel pour l’inclusion sociale et la qualité de vie des personnes malades et des aidants familiaux. Sur les trois ans, ce projet mettra en place trois programmes d’intervention par an. Chaque programme inclura six personnes malades et six aidants et proposera douze séances pour les personnes malades et une séance de psychoéducation aux aidants familiaux.
Ce projet a pour objectif d’évaluer les effets d’un programme de psychoéducation et de réhabilitation de la cognition sociale visant à améliorer les capacités d’interaction sociale de personnes vivant avec une maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée à un stade léger. Ce projet permettra également d’apporter aux personnes malades ainsi qu’à leurs aidants une meilleure compréhension de la cognition sociale, à la base de toute relation à autrui (empathie, reconnaissance et compréhension des émotions, mais aussi la capacité à inférer les pensées, intentions ou croyances d’autrui et à tenir compte du contexte dans une situation sociale donnée). Ce projet sera lancé en janvier 2023 pour une durée de trois ans et inclura 54 patients et autant d’aidants familiaux
Docteur Lisette VOLPE-GILLOT, chef de service de Neuro-Psycho-Gériatrie de l’Hôpital Bellan à Paris en association avec Laboratoire PSITEC (ULR 4072) de l’Université de Lille.
C’est une fierté pour l’Hôpital Léopold Bellan d’avoir été retenu comme lauréat dans le cadre de ce premier appel à projets de la Fondation Médéric Alzheimer. Cela concrétise l’expertise, le dynamisme et l’innovation de notre établissement désormais centenaire.
Nicolas DEBUT, Directeur de l’Hôpital Bellan
25 000€ de gain pour le coup de cœur du jury
« Adaptation de l’ajustement orthophonique protologique et langagier à une population présentant une Maladie d’Alzheimer à un stade avancé », projet porté par le Professeur Laure Joly, coordonnateur local de gériatrie de Lorraine du CHRU de Nancy, l’unité INSERM U1116 de l’Université de Lorraine et Clotilde Caillet-Gipeaux, orthophoniste en libéral à Stenay (55).
Ce projet a été remarqué par le jury car il propose une intervention visant à maintenir et renforcer l’inclusion sociale des personnes vivant avec une maladie d’Alzheimer à un stade avancé de la maladie ; les interventions non médicamenteuses étant parfois trop souvent abandonnées quand les troubles cognitifs deviennent trop sévères
Les objectifs de ce projet sont d’améliorer la communication verbale et non verbale de résidents d’EHPAD vivant avec la maladie d’Alzheimer à un stade avancé et de leur permettre de rentrer à nouveau dans une interaction et dans une communication. A travers cette approche, ils pourront à nouveau se sentir reconnus et considérés. Ce projet sera lancé en janvier 2023 jusqu’en décembre 2025 auprès de neuf résidents d’EHPAD. Ma réaction à l’annonce de ce coup de cœur fut d’être émue , touchée et bien évidemment honorée et ce à plusieurs niveaux : pour moi et toutes les personnes qui m’ont accordé leur confiance dont le Pr Joly et l’EHPAD de Stenay car c’est le fruit d’un travail engagé il y a plusieurs années ; pour la profession d’orthophoniste qui, selon moi, a toute sa place auprès des personnes âgées et dans les EHPAD ; cette recherche donne sens ou redonne l’essence au métier d’orthophoniste en tant que professionnel de la communication ; et enfin, mais surtout pour les patients à qui il me semble essentiel de (re)donner une place de sujet et d’accorder la considération à laquelle ils peuvent légitimement prétendre, ce qui est mon “combat” depuis déjà un certain temps.
Clotilde CAILLET-GIPEAUX, Orthophoniste
Cet article a été publié par la Rédaction le