Après avoir attiré l’attention du grand public sur les conditions de vie des seniors confinés à domicile pendant deux mois, puis en avoir mesuré les impacts potentiels sur le système sanitaire français, ERGOCALL dédie sa troisième édition de son observatoire aux enjeux réels du maintien à domicile des seniors.
Réalisé auprès de 3000 personnes âgées de plus de 65 ans, l’observatoire met notamment en lumière une inadaptation des aides perçues (pour 66% d’entre eux), bien souvent par manque d’information (62%), qui fait émerger une véritable nécessité d’opter pour la mise en place de démarches de prévention proactives, surtout en période de crise sanitaire ou de canicule.
L’analyse de François-Marie GESLIN, membre du Comité de direction Groupe en charge de l’engagement sociétal chez AG2R LA MONDIALE, éclaire les conclusions de cet observatoire :
Le constat réalisé met en lumière l’importance de la mise en place de politiques de prévention, qui remettent le senior au centre des préoccupations.
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Les seniors à domicile : des situations de danger et des aides inadaptées
Des aides oui, mais inadaptées… qui parfois conduisent irrémédiablement à des situations de mise en danger. En effet, pour 66% des personnes interrogées par le biais du dispositif ERGOCALL, les aides mises en place au sein de leur domicile n’étaient pas adaptées à leur situation.
Durant le confinement, il a ainsi été nécessaire de mobiliser massivement les services de proximité pour répondre aux besoins des seniors. Pour 55% d’entre eux, il a fallu réagir immédiatement pour assurer leur sécurité.
La majorité des personnes âgées ignorent leurs droits
Le constat que nous faisons aujourd’hui est que les personnes manquent cruellement d’informations et ont un vrai besoin d’accompagnement, alerte François-Marie GESLIN.
Malgré un large spectre de solutions dédiées à l’accompagnement des personnes dans le parcours de vie et l’avancée en âge, 62% des seniors contactés ignorent les aides dont ils peuvent bénéficier, que ce soit en termes d’aides techniques, humaines et financières, d’aménagement architecturaux ou de technologies. Et pourtant, les seniors expriment le besoin d’être accompagnés : 83% ont souhaité bénéficier d’informations et d’éclaircissement sur leurs droits.
Nous constatons régulièrement une méconnaissance générale concernant les aides auxquelles nos patients peuvent prétendre. On peut considérer que ce manque d’information chez les personnes âgées, isolées, et déjà fragilisées par le contexte épidémique actuel, représente une situation à risque de plus, souligne le Dr Jean-Marie AMODEO, praticien hospitalier, algologue et urgentiste.
Ce troisième sondage reflète l’inadéquation de nos organisations aux besoins terrain. Faute de canal d’information adapté, nous restons sur une approche curative alors qu’il faudrait agir en amont de façon massive et pouvoir accompagner les populations ciblées par des actions préventives, explique le Pr Stéphane Lafitte, cardiologue au CHU de Bordeaux et fondateur d’une association à destination des seniors.
Favoriser le maintien à domicile passera par des démarches de prévention proactives
Après avoir vécu une crise sanitaire inédite et à l’aube de la saison estivale, les sujets complexes se multiplient pour les seniors, particulièrement sensibles à ce type de variation. Dans les deux cas, seule une démarche de prévention proactive constitue une véritable réponse à l’enjeu du maintien à domicile des seniors. Cette démarche passe nécessairement par une bonne connaissance des aides financières et humaines (40% des seniors ont ainsi été informés de l’existence de ces aides pour améliorer leur quotidien) et la mise en place d’aménagements adaptés à leur logement (pour 67% d’entre eux).
Je pense que sur le plan psychologique, il faut évoquer le décalage qui persiste entre « un retour à la normale » pour beaucoup d’entre nous et une persistance pandémique toujours médiatisée (aux USA, en Amérique du Sud mais aussi en France). Les personnes âgées se savent à risque et sont oubliées des préoccupations médiatiques. Le fossé se creuse un peu plus entre l’insouciance collective marquée d’un sentiment de libération post-confinement et les seniors qui se savent vulnérables. Au quotidien, on perçoit une forme de méfiance des personnes âgées qui a tendance à creuser sur le plan affectif et social l’écart entre eux et nous. Le maintien d’un lien régulier est nécessaire et primordial surtout dans cette période estivale où déjà des reconfinements s’avèrent nécessaire en Europe et dans le monde, analyse le Dr Joffrey CARPENTIER, psychiatre spécialisé dans l’expertise psychiatrique des troubles post-traumatiques.
C’est en s’appuyant sur l’ensemble des acteurs du territoire et sur les services de proximité que ces politiques de prévention correspondront le mieux aux besoins réels des seniors.
Durant cette période de confinement, les équipes d’AG2R LA MONDIALE ont réagi très vite et ce que nous avons pu mettre en oeuvre au travers des partenariats et des coalitions a permis de pallier les difficultés rencontrées par les seniors grâces aux solidarités de proximité, confirme François-Marie GESLIN.
Cet article a été publié par la Rédaction le