Pour la 3e année consécutive, les Rencontres digitales pour le système de santé ont permis de réunir de nombreux institutionnels et professionnels du secteur, pour échanger autour d’une table ronde digitale sur les enjeux du prochain PLFSS, présidée par Agnès Firmin Le Bodo, députée de la Seine Maritime. A cette occasion, la Fédération des PSAD a présenté la santé à domicile comme un enjeu majeur pour les prochaines réformes.
La Santé à Domicile, enjeu crucial des prochaines réformes de régulation économique !
Arnaud Fayolle, administrateur de la Fédération des Prestataires de Santé à Domicile (FEDEPSAD) est notamment revenu sur la nécessité de repenser et de refonder le système de régulation des dépenses de santé, en tenant compte de l’implication d’acteurs essentiels pendant la crise, tels que les Prestataires de Santé à Domicile (PSAD).
Acteurs incontournables de la coordination des soins entre la ville et l’hôpital, les PSAD ont eu un rôle prépondérant dans la gestion de la crise, en assurant la continuité des soins de près de 2 millions de patients partout en France. Ils ont également aidé l’hôpital à gérer le pic des urgences en absorbant un afflux de sorties précoces de patients hospitalisés, en assurant le retour à domicile de patients atteints du COVID-19 et en mettant à sa disposition des matériels, immédiatement disponibles.
Si les réponses à la crise sanitaire apportées par le gouvernement demeurent très hospitalo-centrées, aucune solution satisfaisante ne pourra être envisagée sans tenir compte de l’ensemble des acteurs de santé de ville sur lesquels les patients, aussi bien que les organismes de santé, ont pu compter pendant la crise. Afin de reconstruire un système de santé efficient et pertinent, les PSAD souhaiteraient être davantage pris en compte et entendus dans le cadre des prochaines réformes économiques menées au titre du PLFSS 2021.
Refonder la régulation des dépenses de santé en associant les acteurs de santé de ville
La crise a permis de révéler les limites du système de santé actuel et de démontrer l’importance de développer les prises en charge à domicile, en relais de l’hospitalisation. Un enjeu crucial qui ne peut être écarté des prochaines réformes relatives à la régulation économique de notre système de santé.
Si depuis plusieurs années le secteur de la santé à domicile fait face à des restrictions budgétaires incompréhensibles, la crise sanitaire a pourtant mis en avant que, sans les PSAD, sa gestion aurait été des plus complexe… La régulation ne doit plus reposer sur une opposition entre ville et hôpital, ni sur la subvention de l’un au détriment de l’autre. L’épidémie de coronavirus nous a montré que nous ne pouvons plus penser la régulation des dépenses de santé sous une approche uniquement comptable et de court terme, mais que celle-ci doit se programmer sur plusieurs années, avec l’ensemble des acteurs et de manière transparente, précise Arnaud Fayolle, Administrateur de la Fédération des Prestataires de Santé à Domicile (FEDEPSAD).
Refonder la régulation des dépenses de santé est un projet ambitieux mais nécessaire. Cela ne peut se faire qu’en accordant aux PSAD une reconnaissance et des moyens en cohérence avec les besoins des Français en matière de santé à domicile. Celle-ci doit tenir compte de l’évolution des besoins des patients, du développement de technologies favorisant des gains d’efficience et de la croissance structurelle du nombre de patients à prendre en charge, chaque année.
Dans ce cadre, la Fédération des PSAD recommande de :
- Mettre en place des évaluations médico-économiques prioritairement sur le transfert des prises en charge au domicile des thérapies par pression négative, chimiothérapies, dialyse et fin de vie.
- Mettre en place une régulation triennale, basée sur la qualité de prise en charge, la performance ou la pertinence et le coût par patient.
- Coconstruire le PLFSS et dégager avec les acteurs les axes d’économies atteignables. A ce titre, il conviendrait de mettre en place une instance de dialogue associant la Direction de la Sécurité Sociale (DSS), la CNAM, le Comité économique des Produits de Santé (CEPS), associations de patients et acteurs de santé en planifiant un « calendrier de rencontres » préalable à la construction des PLFSS.
Le Ségur de la Santé : une opportunité inédite pour engager une mutation profonde de notre système de santé
Réponse gouvernementale aux défis sanitaires mis en exergue par la crise du COVID-19, le Ségur de la Santé doit consolider les liens ville-hôpital. À la clé : une fluidification des parcours de soins et une meilleure prise en charge à domicile, plébiscitée par les patients.
Lancé le 25 mai dernier, le Ségur de la Santé donne l’occasion aux acteurs de santé de faire entendre leur voix. Parties-prenantes de la gestion de la crise, les PSAD ont apporté leur contribution à la réflexion en cours, sous forme de 4 grandes propositions. Déclinées en solutions concrètes, elles permettraient d’améliorer l’efficience de notre système de santé tout en renforçant la satisfaction des patients :
- Fluidifier les parcours ville-hôpital et développer la prise en charge à domicile, de façon à améliorer la prise en charge globale tout en coconstruisant une meilleure intégration des prestataires de santé à domicile dans l’écosystème
- Pérenniser la levée des contraintes administratives et réglementaires comme au plus fort de la crise, pour un accès facilité aux équipements médicaux et aux procédures d’accompagnement à domicile.
- Refonder la régulation des dépenses de santé et privilégier une réflexion collaborative au long cours plutôt qu’une approche comptable et de court terme.
- Garantir l’accès de tous les acteurs à l’espace numérique en santé, afin de renforcer la prise en charge des patients, en présentiel ou à distance.
L’ambition du Ségur de la santé constitue un enjeu de taille. Il doit acter une mutation en profondeur du système, centrée sur l’amélioration du lien Ville-Hôpital. Les prestataires de santé à domicile ont vocation à représenter une force active de cette évolution plus pertinente, efficace et adaptée aux enjeux actuels, conclut Arnaud Fayolle.
Cet article a été publié par la Rédaction le