Jorge Felix, économiste et spécialiste de la Silver économie au Brésil revient sur l’économie de la longévité au Brésil.
Une tribune à retrouver dans l’Annuaire national de la Silver économie 2019 éditée sous le patronage du Ministère des Solidarités et de la Santé et du Ministère de l’Économie et des finances.
Coopération, partenariat et éthique : une Silver économie pour tout le monde
Après plus d’une décennie de recherches sur la Silver économie, je suis heureux de constater son évolution. L’enjeu du vieillissement de la population ne doit pas être prisonnier du débat budgétaire et fiscal. C’est pourquoi j’ai commencé à travailler sur l’Économie de la Longévité au Brésil. C’est fin 2013, avec l’implication conjointe des acteurs français et la publication du rapport officiel, que les choses sont devenues plus claires.
En 2015, j’ai organisé le 1er séminaire brésilien dédié à la Silver économie qui s’est déroulé à São Paulo afin de faire connaître la politique française et pour que les Brésiliens découvrent un autre aspect économique du vieillissement. Les thèmes de la technologie, des maisons intelligentes, de la robotique et même de la téléassistance étaient jusqu’alors absents du débat public.
L’Économie de la Longévité met le monde face à un nouveau défi industriel. Cette nouvelle configuration industrielle augmente le risque pour des pays émergents, tels que le Brésil, d’être laissés pour compte. Pourtant, tout est aujourd’hui à construire. Il est donc nécessaire d’échanger des travaux de recherche, d’échanger nos méthodes, nos expériences et, surtout, nos technologies. Sans oublier la formation de professionnels qualifiés dans le domaine du vieillissement.
Le Brésil une source d’opportunités
La Silver économie est encore en développement en Europe et aux États-Unis. Si ce développement y est lent, il l’est bien davantage dans les pays pauvres. Malgré la crise économique actuelle, le Brésil offre de nombreuses opportunités, qui devraient être explorées en partenariat avec les pays riches dans le domaine industriel. Le Brésil devra aussi développer des partenariats entre le secteur public, des ONG ou des acteurs privés.
Le Brésil n’a pas de tradition culturelle d’institutionnalisation des personnes âgées. De plus, l’offre de soins et d’aide à la personne y est encore rare. Le Brésil ne recense que 3 548 résidences destinées aux seniors dont 15 % seulement de plus de 50 résidents. Cela ne suffit plus à répondre à une demande grandissante.
Le Brésil ne pourra pas échapper à un travail sur lui-même. Il faudra convaincre les gestionnaires publics et les entrepreneurs et s’inspirer des expériences internationales, comme celle de la France. Je suis certain que cet écosystème finira un jour par s’imposer. Tout le monde y gagnera, y compris l’économie dans son ensemble, de façon fraternelle et égalitaire.
Cet article a été publié par la Rédaction le