Dans le cadre de la Loi grand âge et autonomie à venir, la ministre des Solidarités et de la Santé a présenté le rapport « Vieillir en bonne santé 2020-2022 », une stratégie globale pour prévenir la perte d’autonomie composée de 18 mesures. Découvrez l’édito d’Agnès Buzyn.
La transition démographique nous conduit d’ici 2030 vers une société où les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans. Ce qui est devant nous, c’est une société au visage nouveau : une société de la longévité.
Cette révolution impose de passer un cap en matière de prévention et de recherche, pour que la société de la longévité soit une société de la longévité en bonne santé, une société dans laquelle les aînés seront de moins en moins nombreux à perdre leur autonomie. Car cela est possible. La perte d’autonomie n’est pas une fatalité. Elle n’est pas liée à l’âge mais à la maladie. Aujourd’hui, sur 10 personnes qui décèdent en France, 4 ont connu la perte d’autonomie dont 2 de façon sévère. Demain, grâce à la prévention, la perte d’autonomie doit devenir l’exception.
C’est à cette seule condition que la transition démographique sera une chance et non un fardeau. J’ajouterai un deuxième impératif : il nous faut garantir que cette longévité en bonne santé ne soit pas réservée aux plus aisés de nos concitoyens. En d’autres termes, il nous faut construire une société de la longévité en bonne santé pour tous.
Notre stratégie, c’est donc que chacun acquière au plus tôt des réflexes de prévention, avec une attention renforcée au moment du passage à la retraite. La stratégie, c’est de promouvoir la prévention dans tous les lieux de vie : à domicile évidemment, pour pouvoir y rester le plus longtemps possible, mais aussi en établissement, lorsqu’il devient un nouveau « chez-soi » pour les personnes, car il y a toujours de l’autonomie à préserver.
Notre stratégie, c’est aussi la volonté d’intensifier la lutte contre le fléau de l’isolement social des aînés. Il faut le marteler : l’isolement des aînés est mortel. Nous devons repérer ceux qui sont seuls, organiser des réponses en mobilisant les acteurs de terrain, en particulier les communes.
Nous ne réussirons qu’en mobilisant toute la société : institutions, associations, entreprises… Car garantir l’autonomie, c’est adapter l’ensemble de notre cadre de vie. Une personne considérée aujourd’hui comme « dépendante » pourrait parfaitement être autonome dans une société adaptée à ses besoins : avec des transports, des espaces urbains, des habitats, des équipements transformés. L’innovation technologique ouvre des perspectives extraordinaires pour repousser les limites de l’autonomie. Cela signifie que nos modes de production, de consommation, nos métiers vont devoir s’adapter. Et donc que les collectivités, les entreprises ont un rôle majeur à jouer dans la construction de la société de la longévité.
Avec l’ensemble du Gouvernement, c’est un cap que nous souhaitons fixer aujourd’hui, le cap d’une société préparée à cet immense défi. C’est dès aujourd’hui qu’il faut le relever.
Cet article a été publié par la Rédaction le