« Google Home préfigure-t-il le marché du mieux vivre chez soi en 2030 ? » Tribune libre à Malek Rezgui et Samy Hugon-Benhellal de Dommee.
Enfin, Google a enfin présenté Home, son assistant personnel visant à concurrencer Echo d’Amazon, carton aux Etats-Unis depuis son lancement. Ces solutions répondent sans conteste aux besoins actuels pour faciliter le maintien à domicile. Alors, projetons-nous quelques années plus loin et voyons si ces Intelligences Artificielles correspondront à nos besoins en 2030.
Le marché de la Silver Economy est en forte croissance depuis quelques temps, puisqu’il pèserait en France plus de 130 milliards d’Euros. Pas étonnant quand on sait qu’environ 13 millions de personnes ont besoin d’être accompagnées pour rester à leur domicile.
Entre santé connectée et domotique, pas une semaine ne passe sans une nouvelle application ou un énième gadget connecté pour le bien vivre chez soi des résidents. De la start-up aux grands groupes comme Google ou Amazon, tous veulent une part du gâteau.
Le marché des objets connectés et applications pour le maintien à domicile va-t-il poursuivre son expansion ? Aux dépens ou non du rôle de la famille ?
En 2030, les nouvelles technologies nous ramèneront vers l’essentiel
Comme nous continuerons de vivre de plus en plus longtemps, plusieurs générations vont coexister, de 15 à 90 ans et plus. Elles auront plusieurs problématiques communes :
Comment maintenir le lien avec les 15 ans et plus ?
Sans surprise, ils seront encore plus connectés, toujours plus adeptes des tablettes et des smartphones que de nos traditionnels écrans TV. Leurs aînés vont s’adapter car ils refusent l’idée d’être considérés comme des vieux. C’est aussi une des raisons pour lesquelles les magasins clairement spécialisés seniors n’auront pas tous le vent en poupe, même si certaines enseignes nationales se sont lancées sur ce segment.
En effet, les seniors n’ont pas envie de côtoyer uniquement des gens de leur génération, ils veulent être traités comme tout le monde. Ils feront leurs courses aux mêmes endroits que les autres, dîneront dans les mêmes restaurants et fréquenteront les mêmes cinémas. Et ils vont également s’adapter aux nouvelles technologies, car elles présentent beaucoup d’avantages. Notamment celui de pouvoir partager leur quotidien sur les réseaux sociaux, voir la famille qui habite loin grâce à la vidéo, mais aussi rompre leur éventuel isolement grâce aux communautés qui vont être amenées à se créer.
Comment profiter de son domicile le plus longtemps possible ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la maison de demain ne sera certainement pas suréquipée de capteurs et autres objets connectés pour surveiller les moindres faits et gestes des résidents. Ils ne veulent pas se sentir prisonniers ou sous surveillance vidéo. Ils privilégieront les équipements discrets répondant aux besoins essentiels (détecteur de chute, mesure du volume d’eau utilisé, fermeture des portes et des volets, ou encore éclairage de certaines pièces, commande de repas…).
Les informations stockées ne seront pas partagées directement avec une société de gardiennage lambda, afin de ne pas risquer que les données personnelles soient utilisées à des fins commerciales, mais en priorité aux proches. Ensuite, libre à eux de décider du traitement de ces données.
Le rôle des proches et de la famille sera encore plus important
La famille verra son rôle de prescripteur renforcé. Souvent, ils suggéreront au résident des services et des nouveautés susceptibles d’améliorer son confort et son bien-être. Les nouvelles technologies continueront d’améliorer la communication entre le résident et sa famille éloignée, mais aussi avec le personnel médical. Les systèmes de visioconférence seront dopés par la réalité augmentée, afin de donner l’impression d’être à côté de celui avec qui on converse.
Vers un tassement du marché de la domotique et de la santé connectée
Comme expliqué plus haut, on s’oriente vers un retour à l’essentiel et un rejet de plus en plus massif de tout ce qui pourrait se révéler trop intrusif. Cela va donc entraîner un tassement du marché de la santé connectée et de la domotique. Quant aux robots, s’il est vrai qu’ils peuvent rendre de nombreux services, ils peuvent aussi nuire au besoin d’intimité. Tout va dépendre de leur capacité à devenir plus humains.
Verdict
D’une certaine manière, 2030 ressemblera beaucoup à ce que l’on observe déjà aujourd’hui. Les besoins et les attentes des uns et des autres seront les mêmes, mais amplifiées par leur volonté de profiter plus longtemps de leur domicile et de coller à l’air du temps.
Les acteurs de la domotique, de la santé connectée et de l’habitat n’auront d’autre choix que de conserver une certaine simplicité et de la discrétion pour les satisfaire.
Cet article a été publié par la Rédaction le