Le mardi 4 octobre dernier, la mobilisation organisée par la FNADEPA a rassemblé 18 300 professionnels, personnes âgées, familles et bénévoles des établissements et services pour personnes âgées. D’une seule voix, tous ont clamé leur colère devant les difficultés extrêmes auxquelles est confronté le secteur et ont exigé une loi Grand âge. Cette mobilisation en masse, organisée en format hydride, de la part d’un secteur peu habitué aux rassemblements, témoigne de la situation critique à laquelle sont confrontés les établissements et services pour personnes âgées.
Les directeurs, les équipes, n’en peuvent plus. La situation RH et financière est dramatique. 1 établissement sur 4 gèle les entrées en raison d’un manque de personnel, pour maintenir une qualité d’accompagnement décente. L’inflation – de 14% dans notre secteur – a un impact considérable et pourrait conduire certaines structures à la cessation de paiement.
Jean-Pierre Riso, président FNADEPA
Une enquête de la FNADEPA menée auprès de ses 1 400 adhérents révèle en effet que :
- 89% des directeurs font face à un manque de personnel,
- 33% des services à domicile ne peuvent pas honorer intégralement les plans d’aide APA,
- 43% des directeurs envisagent de quitter leur poste à court ou moyen terme,
- 78% constatent une insuffisance de financement des mesures salariales décidées par l’Etat, représentant en moyenne 112 000 € par Ehpad (Ségur 1, Ségur 2 et prime grand âge cumulés), – Les structures subissent une flambée des coûts de l’énergie (+ 52 % gaz et + 54 % électricité),
- 85% des directeurs prévoient un déficit budgétaire à la fin de l’année 2022.
Face à cette situation, la FNADEPA est exaspérée devant l’absence de volonté politique d’engager une réforme du Grand âge pérenne et ambitieuse via une loi dédiée. Elle ne peut comprendre, non plus, le calendrier du ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées annonçant d’énièmes nouvelles concertations et une feuille de route seulement en mai 2023.
La FNADEPA et les 18 300 participants de ce jour, exhortent le Gouvernement et les parlementaires à agir urgemment. À cet effet, la Fédération propose 10 mesures prioritaires dont : 100 000 recrutements sur 5 ans, l’encadrement du recours à l’intérim dans le secteur médico-social, l’élargissement du bouclier tarifaire énergie à tous les établissements et services pour personnes âgées…
Leur intégration dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2023, qui sera examiné dans les prochains jours par les députés, serait un signal favorable envoyé à un secteur qui n’entend plus rester silencieux face à la dégradation de l’accompagnement de nos aînés.
Les détails de cette enquête
89% des directeurs d’établissements et services pour personnes âgées font face à un manque de personnel et pour 88 % d’entre eux, les difficultés de recrutement affectent directement la qualité d’accompagnement des usagers. De plus, 1 salarié sur 4 est en contrat à durée déterminée (CDD) ou en intérim traduisant une instabilité des effectifs impactant la qualité d’accompagnement.
En ce qui concerne la qualité d’accompagnement des usagers, 25 % des Ehpad et résidences autonomie gèlent les entrées, faute de personnel. Et, 33 % des services n’honorent pas intégralement les plans d’aide des bénéficiaires de l’APA, réduisant le nombre d’heures d’aide à domicile.
Cet article a été publié par la Rédaction le