Mobilisation FNADEPA : 19 700 participants réclament une réforme structurelle

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Près de 20 000 professionnels du grand âge, personnes âgées, familles, élus et bénévoles se sont rassemblés le mercredi 4 octobre à l’appel de la FNADEPA pour réclamer des mesures d’urgence et une loi Grand âge structurelle. Une mobilisation rare, tirant la sonnette d’alarme face à l’aggravation des difficultés auxquels sont confrontés les établissements et services pour personnes âgées.

Les vieux méritent mieux !

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« Les vieux méritent mieux ! » : ce cri a été entendu aujourd’hui, dans plusieurs centaines d’Ehpad, de résidence autonomie et de services à domicile, publics comme privés. Une mobilisation organisée en format hybride pour la deuxième année consécutive par la FNADEPA qui en remercie chaleureusement les participants venus encore plus nombreux que l’année dernière.

Signe, paradoxalement, que la situation du secteur du grand âge s’aggrave et que l’inquiétude se renforce encore auprès tant des professionnels du grand âge que des familles.

Les établissements et services pour personnes âgées sont en effet au bord du précipice. Manque criant de ressources humaines, difficultés financières majeures liées à l’inflation, insuffisances des financements destinés aux mesures salariales… Les causes sont connues et les effets désastreux.

L’enquête menée par la FNADEPA auprès de ses 1500 adhérents en montre l’ampleur

  • 78 % des établissements et services manquent de personnel – en légère amélioration, puisqu’ils étaient 89 % en octobre 2022.

Mais :

  • 18,6 % des Ehpad et résidences autonomie ont encore été contraints de fermer des lits,
  • 68,7 % des services à domicile ne peuvent pas honorer intégralement les plans d’aide APA.

En parallèle, la situation financière s’aggrave :

  • 92,3 % des établissements et services estiment être déficitaires en 2023 – une augmentation de 27,5 points par rapport à 2022 !
  • Et si les aides ont limité l’impact de la hausse des couts énergétiques, leurs versements se font attendre pour environ 72 % des établissements les ayant demandé (72,4 % pour l’électricité et 71,7 % pour le gaz).

De quoi mettre à mal les directeurs dont 50 % envisagent de quitter leur poste à court ou moyen terme. Ils étaient 43 % il y a un an.

Retour sur la Mobilisation FNADEPA en images

Pour enrayer cette dégradation du secteur du grand âge, la FNADEPA enjoint les pouvoirs publics à prendre des mesures d’urgence et engager une réforme structurelle d’ampleur

Elle appelle à lancer sans attendre huit actions de court et long termes, dans le cadre notamment d’une loi de programmation pluriannuelle dédiée au grand âge dotée d’un financement de 10 milliards d’euros.

Elle dénonce à ce propos l’inadéquation aux difficultés des ESMS du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2024, présenté en Conseil des ministres le 27 septembre.

Elle appelle le Gouvernement à revoir sa copie pour indexer le PLFSS sur l’inflation, couvrir intégralement les revalorisations salariales et engager un plan de recrutement massif de personnels, conforme aux besoins (20 000 postes par an).

Recherche, emploi et innovation

Les huit actions de court et long termes réclamées par la FNADEPA

A COURT TERME : ASSURER LA SURVIE DES ÉTABLISSEMENTS ET SERVICES POUR PERSONNES ÂGÉES

1- Lancer un Plan Marshall de recrutement : 100 000 créations de postes sur 5 ans

Afin d’améliorer l’accompagnement des personnes âgées, à domicile comme en établissement et pour faire face aux besoins croissants d’une population âgée de plus en plus nombreuse, 20 000 postes par an doivent être créés pendant 5 ans. Cela représentera à terme 5 professionnels de plus par établissement et service à domicile.
Pour les Ehpad, cela peut permettre par exemple de recruter davantage de soignants, mais aussi des professionnels en activité physique adaptée, psychologues, animateurs et assistants sociaux financés sur le forfait soins.

2- Accélérer le versement des aides financières sur l’énergie (bouclier tarifaire / amortisseur) pour limiter l’impact sur les trésoreries, et garantir leur poursuite en 2024

Puisque les établissements médico-sociaux sont de gros consommateurs d’énergie, le bouclier tarifaire et l’amortisseur sont des dispositifs de soutien économique indispensables pour assurer leur survie. Néanmoins leur versement tardif met en tension la trésorerie des établissements et nécessiterait d’être accéléré.

3- Indexer les tarifs et budgets des établissements et services sur l’inflation

Face à une inflation importante (5,2 % en 2022 et près de 4,8 % estimés en 2023), les budgets des établissements et services médico-sociaux (ESMS) sont en grande difficulté. Ils sont en effet insuffisamment revalorisés et dépendent en grande partie de décisions départementales hétérogènes.
Pour garantir la survie des structures et faciliter la lisibilité des usagers, les tarifs et dotations des établissements et services doivent être a minima indexés sur l’inflation dès 2023, au travers d’un taux fixé nationalement.

4- Étendre la revalorisation des heures de nuit, week-end et jours fériés des infirmiers et aides-soignants de la fonction publique hospitalière, à tous les Ehpad en garantissant leur financement

La revalorisation de ces heures est une mesure d’attractivité importante pour les professionnels concernés.
Toutefois, elle ne concerne que la fonction publique hospitalière, alors que l’ensemble du secteur du Grand âge souffre d’une pénurie de ressources humaines. Il est souhaitable d’étendre cette revalorisation à l’ensemble des Ehpad (publics territoriaux et privés).
Cela permettrait par ailleurs de ne pas reproduire les difficultés d’application du Ségur de la Santé et de la Prime Grand âge et d’éviter une concurrence malsaine entre les établissements.

5- Financer les revalorisations salariales à hauteur des engagements pris : Ségur 1 et 2, Prime Grand âge, avenants 43…

Les mesures de revalorisations salariales mises en œuvre après la crise sanitaire étaient indispensables.
Néanmoins, les financements alloués par l’État et les départements restent inférieurs aux dépenses des structures. Par exemple, 40 % des services à domicile n’ont pas perçu l’intégralité des financements au titre de l’avenant 43 de la convention collective de branche de l’aide à domicile (chiffres : enquête FNADEPA septembre 2023). Du côté des Ehpad, 61,3 % n’ont pas perçu tous les financements du Ségur de la santé.
57 % n’ont pas perçu tous ceux de la Prime Grand âge et 74,7 % tous ceux pour la revalorisation de la valeur du point de la fonction publique. Cela représente en moyenne 108 296 € non financés soit l’équivalent d’environ 3 ETP d’aide-soignant pour les Ehpad éligibles à ces 3 financements (chiffres : enquête FNADEPA mai 2023).
L’équilibre budgétaire des ESMS et le recrutement de personnel sont directement menacés par l’insuffisance de financement de ces mesures par l’Etat. Il convient de revoir les modalités de versement pour les financer à l’euro près et solvabiliser les structures.

MOYEN / LONG TERME : METTRE EN ŒUVRE UNE RÉFORME STRUCTURELLE

6- Mettre en œuvre une réforme structurelle de l’accompagnement du Grand âge et transformer le modèle économique des ESMS pour assurer la pérennité des structures

Avec l’inflation, les difficultés conjoncturelles s’ajoutent aux difficultés structurelles que rencontrent nombre d’établissements et services pour personnes âgées, en raison d’un modèle économique à bout de souffle.
C’est tout le système d’accompagnement des personnes âgées qui doit être repensé. La tarification des Ehpad, résidences autonomie et du secteur du domicile doit également être repensée pour sortir de la logique de perfusion actuelle et permettre aux ESMS de fonctionner durablement.

7- Poursuivre la rénovation et l’équipement des établissements pour personnes âgées pour moderniser les lieux de vie, améliorer les conditions de travail et faire face au changement climatique, via un plan d’aide à l’investissement (PAI) renouvelé

Suite au Ségur de la santé, des crédits de financement d’une ampleur inédite sont consacrés au PAI sur la période 2021-2025 : 2,1 milliards d’euros dont 1,5 milliard d’euros pour les opérations immobilières et mobilières et 600 millions d’euros pour les projets numériques.
Au regard de la vétusté de nombreux Ehpad et résidences autonomie, des enjeux de performance thermique et numériques, le PAI devra être poursuivi à hauteur de 500 millions d’euros par an pour rénover les établissements existants et construire de nouvelles structures adaptées à une logique domiciliaire.

8- Adopter la proposition de loi « Bien-vieillir » d’ici la fin de l’année et engager une loi de programmation pluriannuelle pour le Grand âge au plus vite, dotée de 10 milliards d’euros sur 5 ans

Après des années de concertation et des dizaines de rapports d’experts et parlementaires cumulant plus de 800 propositions, il est impératif de mener à leurs termes les chantiers législatifs attendus de longue date, pour permettre à notre pays de faire face à la transition démographique.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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