La recherche clinique chez les sujets âgés en oncologie est un réel problème de santé publique en raison de l’augmentation de l’espérance de vie couplée à celle de l’incidence du cancer dans la population générale.
Pour une prise en compte de l’hétérogénéité de la population des patients âgés
La plupart des stratégies thérapeutiques ont été élaborées à partir d’études portant sur des patients de moins de 65 ans. Les patients âgés ont longtemps été exclus des essais thérapeutiques, notamment en raison des spécificités de cette population (comorbidités, polymédication, l’état nutritionnel, le cadre de vie…). L’hétérogénéité de la population des sujets âgés complexifie donc la mise en place d’essais cliniques.
Dans le cadre d’un projet financé par la Ligue Nationale Contre le Cancer, une équipe de l’IUCT-Oncopole composée de biostatisticiens et d’oncologues a comparé, en collaboration avec des chercheurs de l’Institut Curie (Paris) et de l’Institut Paoli-Calmettes (Marseille), l’efficacité de différents schémas d’essais permettant de prendre en compte l’hétérogénéité de la population.
Selon leurs résultats, l’utilisation de méthodologies adaptatives permettrait d’identifier des sous-groupes de patients qui auraient un bénéfice ou non à recevoir la thérapeutique sans réduire la faisabilité (i.e. augmentation drastique du nombre de patients). Afin de permettre une meilleure diffusion de ces approches méthodologiques auprès de la communauté scientifique, l’équipe a conçu un outil informatique (package R) qu’elle a mis à disposition gratuitement sur le site du réseau CRAN.
« La médecine personnalisée ne doit pas se limiter à la mise en place d’une stratégie thérapeutique à partir des données biologiques et génomiques », témoigne Thomas Filleron, responsable Méthodologie-Biostatistiques à l’IUCT-Oncopole. « Nous avons mis en évidence qu’il était possible de proposer des essais thérapeutiques, fondés sur des schémas adaptatifs, qui permettent de prendre en compte l’hétérogénéité de la population oncogériatrique sans réduire la faisabilité. Il est primordial de pouvoir individualiser les stratégies thérapeutiques des sujets âgés. »
Pour le Dr Loïc Mourey, Oncogériatre à l’IUCT-Oncopole, « ce type d’approche méthodologique innovante peut représenter une avancée majeure pour accélérer les progrès que nous devons faire. L’hétérogénéité
de la population des sujets âgés est une difficulté majeure à surmonter en recherche clinique cancérologique. Cet outil peut s’avérer d’ailleurs très utile dans d’autres situations, comme par exemple autour des bio-marqueurs, dans d’autres populations comme les adolescents et jeunes adultes… Ce travail rejoint une action nationale de l’Intergroupe DIALOG qui vise à uniformiser les données gériatriques recueillies dans les essais cliniques (outil G-CODE) afin de mieux utiliser les résultats des études dans la pratique quotidienne. »
A propos de l’Institut universitaire du cancer Toulouse Oncopole
L’IUCT Oncopole est composé de l’Institut Claudius Regaud (centre de lutte contre le cancer, Toulouse) et de plusieurs équipes d’oncologie du CHU de Toulouse. 1500 salariés mobilisent leur savoir-faire pour une prise en charge optimale. En se regroupant, les deux structures proposent
une offre de soins publique complète et innovante répartie sur trois sites (Oncopole, Purpan et Rangueil-Larrey).
L’Institut est situé au cœur d’un campus regroupant des acteurs privés et publics investis dans la lutte contre le cancer. Trois missions lui sont confiées : le soin, la recherche et l’enseignement. L’IUCT Oncopole accueille 10 000 nouveaux patients par an pour les spécialités suivantes : hématologie, cancers de la femme, cancers ORL, cancers de la peau, certains sarcomes, urologie (médicale et chirurgie innovante).
L’essentiel des technologies de pointe nécessaires au diagnostic, au traitement et à la recherche en cancérologie sont proposées sur le site. L’établissement est doté de plateformes indispensables au développement des traitements personnalisés : biologie moléculaire, oncogénétique, recherche clinique pour les phases I, II et III. Pour favoriser le continuum recherche, le bâtiment du CRCT est adossé à l’Institut.
Cet article a été publié par la Rédaction le