Le nouvel appel d’offre relatif au dispositif d’expérimentation de centres relais téléphoniques à destination des personnes sourdes et malentendantes n’intègre plus le recours aux téléphones mobiles. Face à cette annonce, l’association Bucodes-SurdiFrance dénonce une mesure qui va « à l’encontre des pratiques observées chez les usagers ».
Rappelant la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées spécifie, qui stipule dans son article 78 que « Dans leurs relations avec les services publics, […] les personnes déficientes auditives bénéficient, à leur demande, d’une traduction écrite simultanée ou visuelle de toute information orale ou sonore les concernant selon des modalités et un délai fixés par voie réglementaire. Le dispositif de communication adapté peut notamment prévoir la transcription écrite ou l’intervention d’un interprète en langue des signes française ou d’un codeur en langage parlé complété », le Bucodes-SurdiFrance précise que « rien ne s’est passé, en France, jusqu’à ce que le plan 2010-2012 en faveur des personnes sourdes ou malentendantes ne souligne le besoin de développer le relais téléphonique pour les personnes sourdes et malentendantes ».
Il est spécifié dans ce cadre qu’il a été décidé de « lancer l’expérimentation du projet pilote de centres relais téléphoniques pour les personnes sourdes et malentendantes » afin d’« améliorer l’accès aux nouvelles technologies ». Le principe de ces centres relais, explique l’association, consiste à convertir, par le biais d’opérateurs et en fonction des besoins des interlocuteurs, les contenus de conversations téléphoniques de la langue parlée vers l’écrit, le codage LPC ou la langue des signes et vice et versa.
L’expérimentation vise à tirer les enseignements nécessaires en vue d’une éventuelle généralisation. Suite à un premier appel d’offre qui s’est révélé « infructueux », un courrier daté de fin janvier de Madame Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées, informait le Bicoded-SurdiFrance que « l’expérimentation était remise à plus tard » et « qu’un nouvel appel d’offres était en préparation ». Le Bucodes-SurdiFrance dit avoir éprouvé « des doutes et des inquiétudes » sur le contenu de ce nouvel appel d’offre qui risquait selon lui d’exclure la téléphonie mobile de l’expérimentation. « Et effectivement, le nouvel appel d’offres ne mentionne plus le téléphone mobile parmi les modes de communication requis, mais uniquement l’ordinateur et le téléphone fixe », souligne l’association.
L’exclusion de la téléphonie mobile est « révélatrice d’une méconnaissance des habitudes et des besoins des personnes malentendantes », ajoute-t-elle, rappelant qu’elle a « pourtant ouvert, en France, l’usage du téléphone à beaucoup de personnes malentendantes grâce aux SMS ». Et, depuis l’apparition des smartphones, leur usage va croissant, en raison notamment des fonctionnalités qu’offrent certaines applications (messagerie instantanée, transcription par reconnaissance vocale….).
Insistant sur la nécessité de « ne pas exclure la téléphonie mobile de l’appel d’offre », le Bucodes-SurdiFrance dénonce la manière dont l’appel d’offres a été rédigé : « sans concertation avec les associations représentant les usagers ». L’association demande donc que des experts soient mandatés pour donner « un avis pertinent sur les difficultés que poserait la téléphonie mobile et sur la manière de les surmonter ».
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