Alors que depuis de nombreuses années, les acteurs du secteur médico-social alertent sur les difficultés financières de plus en plus prégnantes pour les structures d’aide à domicile, la ministre, Fadila Khattabi, a annoncé, ce 23 avril, une aide de 650 millions d’euros dont 100 millions d’euros de fonds d’urgence, centrée uniquement sur les EHPAD en difficulté et excluant les services autonomie à domicile alors que ces derniers y étaient éligibles en 2023.
Une prise en considération partielle des difficultés pour assurer le maintien à domicile
Pour les fédérations ADEDOM, ADMR, FNAAFP/CSF et UNA, cette décision révèle une « prise en considération partielle des difficultés d’un secteur essentiel pour assurer le maintien à domicile de l’immense majorité des Français qui souhaitent vieillir chez eux. D’autant plus que cette annonce intervient en réaction à l’appel lancé en début de semaine par 13 organisations et fédérations représentant les EHPAD comme les services et demandant une action urgente ».
13 acteurs du secteur grand âge alertent sur la situation budgétaire critique des établissements et services autonomie à domicile
Adédom, ADMR, ADPA, CNDEPAH, FEHAP, FHF, FNAAFP/CSF, FNADEPA, FNAQPA, Mutualité Française, Nexem, UNA, UNIOPSS : Les organisations du secteur du Grand Âge lancent un appel solennel aux pouvoirs publics et à l’opinion concernant un risque imminent de détérioration de la qualité de l’accompagnement des personnes âgées, mettant en péril la survie d’un grand nombre d’établissements et services. L’urgence de l’allocation de ressources supplémentaires est cruciale. Elles exhortent également tous les conseils d’administration des établissements et services à exprimer leur préoccupation lors de leurs prochaines réunions.
La détérioration rapide et profonde de la situation budgétaire des établissements et services publics et privés à but non lucratif est alarmante. Avec plus de 75 % des établissements et services à domicile prévoyant un résultat déficitaire pour l’exercice 2023, l’absence de ressources supplémentaires aggrave le risque de dégradation de la qualité de l’accompagnement et compromet la survie de nombreux établissements et services.
Ces organisations professionnelles et fédérations nationales du secteur appellent à une action immédiate et volontariste des pouvoirs publics et demandent :
- Au niveau national :
- Un nouveau fonds d’urgence pour les établissements et services à la hauteur des déficits constatés pour éviter les cessations de paiement et trésoreries négatives. L’estimation des besoins pour les établissements et services est proche de 1,4 milliard €
- Une augmentation des budgets en cohérence avec l’augmentation des salaires et des prix en 2023 et 2024
- La confirmation de l’élaboration d’une loi autonomie demandée par les parlementaires et acteurs de terrain prévoyant les moyens budgétaires et humains nécessaires pour faire face aux évolutions démographiques.
- Au niveau des départements :
- L’augmentation des tarifs en lien avec les taux d’évolution des salaires et des prix en 2023 et 2024 et les coûts de revient des services.
Et ces acteurs de poursuivre : « Par sa décision, la ministre occulte les services à domicile et acte une politique de l’autonomie à deux vitesses. Le Gouvernement a ainsi souhaité différencier les établissements et les services alors que la priorité devrait être la simplification du parcours de vie de nos concitoyens les plus fragiles et l’égale sécurisation des différentes solutions, établissements comme services.«
Un fonds d’urgence à hauteur de 100 millions € pour les services non-lucratifs
Les acteurs du domicile et des services autonomie réclament un fonds d’urgence à hauteur de 100 millions € pour les services non-lucratifs en difficulté afin d’éviter d’étendre davantage « les déserts médico-sociaux qui se créent sous nos yeux, faute d’une réelle volonté politique« .
Une réforme structurelle et pérenne du financement du secteur est également une priorité absolue. Les aides ponctuelles, si elles sont nécessaires, sont obtenues à la faveur de longues batailles pour les acteurs et n’assurent en aucun cas la pérennité des structures.
La loi Bien Vieillir a permis quelques avancées bienvenues, mais pour les fédérations ADEDOM, ADMR, FNAAFP/CSF et UNA, « elle ne répond en aucun cas à l’urgence d’une réforme en profondeur du secteur médico-social et du domicile en particulier« . Les acteurs non lucratifs des Services autonomie considèrent que « cette réforme d’ampleur reste plus que jamais nécessaire pour porter une vision globale des politiques de l’autonomie, cohérente et efficiente ».
Cet article a été publié par la Rédaction le