Les nouvelles technologies de téléassistance sonneraient-elle le glas des boutons d’alarme traditionnels ? Dans un article publié sur le site américain MobiHealthNews, le journaliste Neil Versel souligne l’inefficacité de ces dispositifs pour les personnes âgées atteintes de démence ou celles souffrant d’un traumatisme cérébral, par exemple. Quelle est donc la meilleure approche en matière de téléassistance pour ces personnes qui ne sont pas en mesure de déclencher elles-mêmes l’alerte ?
« Les boutons d’alarme téléassistance classique ne suffisent plus »
Récemment décédée, la grand-mère de Neil Versel vivait seule à son domicile. C’est un aidant qui l’a trouvée inanimée sur son canapé près de huit heures après qu’elle ait souffert d’un accident cérébral. Comme le souligne le journaliste, le bouton d’alarme installé à son domicile n’avait en réalité aucune utilité dans le cas de la vieille dame, qui en plus de souffrir de démence avait perdu connaissance. Aurait-elle survécu dans d’autres circonstances ? Difficile de le savoir. Une seule chose est sûre pour Neil Versel : un dispositif plus complet, comme un système de détection des chutes et/ou des capteurs de mouvement fixés aux murs aurait permis de détecter l’anomalie en temps réel et de faire intervenir les secours beaucoup plus rapidement, offrant à la personne âgée une chance de recevoir les soins appropriés dans les meilleurs délais.
« Les boutons d’alarme ne suffisent plus », affirme Versel, insistant sur l’importance de généraliser l’usage des systèmes personnels d’intervention d’urgence actifs, c’est-à-dire des solutions dont le fonctionnement n’implique pas d’intervention humaine.
Télésoins et télésurveillance, des solutions à associer pour plus d’efficacité
Peut-être n’existe-t-il pas de solution unique à cette problématique. L’association de plusieurs systèmes intervenant à divers niveaux serait pour Neil Versel la solution la mieux adaptée : un dispositif numérique de télésoins, permettant notamment de surveiller les signes vitaux et la prise de médicaments, et d’un système de télésurveillance active des activités du quotidien (mouvements, ouverture des portes, …). Voir à ce sujet les solutions proposées par SeniorAlerte, Vivago ou encore Link Care Services.
Si de telles solutions avaient été installées au domicile de la grand-mère de Neil Versel, il est certain que ses proches ou les secours auraient été avertis bien plus tôt de son immobilité inhabituelle, du fait qu’elle n’ait pas pris ses médicaments à l’heure, qu’elle n’ait pas utilisé les toilettes depuis plusieurs heures, ou encore qu’elle n’ait pas ouvert le réfrigérateur à l’heure du déjeuner. Tout élément inhabituel dans sa routine aurait déclenché une alerte.
Alors que conclure de tout ceci ? La téléassistance classique n’a plus d’avenir ? Il faut généraliser des solutions intégrant des dispositifs de vigilance automatique ?
La réponse n’est bien entendu pas si simple, ni ne doit être catégorique.
Toute solution a sa place et on pourrait reprocher au journaliste qui soulève ce débat de faire de son cas personnel une généralité, soit dit en passant c’est d’ailleurs souvent le cas dans le domaine de la gérontechnologie et ce type de réflexions mène de nombreux porteurs de projet à l’échec commercial.
En fait il n’y a pas de solution miracle, idéale, répondant à un besoin unique qu’auraient toutes les personnes âgées une fois la perte d’autonomie arrivée. Une bonne solution reste et restera celle qui est acceptée par la personne et/ou son entourage, celle qui correspond à un besoin donné à l’instant T, et au tarif souhaité : la téléassistance classique a sa place et mérite d’être déployée plus qu’elle ne l’est à ce jour en France, ceci n’empêche en rien le développement de solutions « plus intelligentes » et embarquant des dispositifs d’alerte automatique qui sont tout autant légitimes si l’utilisateur souhaite garantir une plus grande sécurité, ou si la personne âgée bénéficiaire a des troubles cognitifs qui lui ne lui permettent pas l’utilisation d’une téléassistance classique.
Cet article a été publié par la Rédaction le
Quand on constate le prix des abonnements de teleassistance autour de 7 euros, on se demande si il est seulement possible de financer ce simple bouton.
Alors ces systèmes de science -fiction qui vont générer des dizaines de fausses alarmes, qui va les financer ? Encore un journaleux qui n’a probablement jamais vu un bilan de sa vie !
En effet, c’est le sens de ma remarque en fin d’article
Bonjour et bonne année,
Effectivement, dans notre approche de solution domotique (je suis le fondateur de la société Oyoma) nous avons cherché des solutions de détection de chute associé au fameux bouton d’appel d’urgence. Les solutions existantes nous ont paru génératrices de fausses alarmes (certainement rentables pour les services qui en vivent) et nous avons préféré revenir à une solution plus simple qui associe le bouton d’urgence à une détection de présence par zone et par horaire qui permet de déceler une anomalie si la personne ne visite pas sa cuisine ou ses toilettes (on peut gérer jusqu’à 4 zones) dans les tranches horaires programmées.
Nous ne sommes qu’au début de cette aventure et sommes attentifs aux nouveautés. Ce blog est pour nous qui venons du monde de la domotique l’occasion de mieux connaitre la gérontologie.
Cordialement,
Rémi Jonquières
Bonjour Rémi,
Une bonne année 2013 à vous aussi, pleine de succès pour votre projet.
La solution que vous présentez est intéressante mais je pense que vous faites erreur en pensant que « les solutions existantes (…) génératrices de fausses alarmes sont certainement rentables pour les services qui en vivent » car c’est aujourd’hui plutôt le contraire : la plupart des services de téléassistance facturent en effet un abonnement dans lequel il n’y a en principe pas de limite d’appel d’urgence. C’est donc le contraire : plus il y a d’appels, du fait notamment de fausses alarmes, moins les sociétés de services gagnent de l’argent…
Ceci explique en partie pourquoi de tels systèmes peinent à se développer surtout quand les prix des abonnements sont tirés vers le bas comme le souligne Jacob – que les professionnels du secteur auront reconnu 😉 – dans son commentaire.
On pourrait penser que les appels sont envoyés sur un numéro payant mais ce n’est normalement pas le cas, tout du moins en ce qui concerne les appels d’urgence, les appels dits « techniques » (test de batteries du système, tests cycliques…) sont routés sur des numéros payants par certains opérateurs de téléassistance, une pratique sur laquelle tous les acteurs de la téléalarme ne s’entendent d’ailleurs pas.
A bientôt.
Jerome
Bonsoir,
Merci d’avoir corrigé mon erreur. Nous allons devoir sérieusement approfondir nos connaissances de ce domaine. Nous travaillons également à la conception d’un bracelet qui fonctionnera sans besoin de chargement (ou plutôt il sera automatique) pour une utilisation indoor et outdoor avec GPS pour l’extérieur. C’est un travail sur le long terme, nous avons prévu encore 18 mois de développements avant la mise sur le marché.
Bonne soirée,
Rémi jonquières
NON la téléassistance classique (« téléassistance domiciliaire » disent certains) n’est pas obsolète, elle a d’ailleurs encore de beaux jours devant elle a en croire les récentes études européennes à ce sujet.
OUI la téléassistance avec des dispositifs automatiques d’alerte doit aussi être prise en compte car dans certains cas (le cas des malades Alzheimer par exemple) le fait d’appuyer sur un bouton pour demander de l’aide ne sera pas possible.
Les divers systèmes peuvent tout à fait cohabiter, tout dépend du besoin du client à qui il convient dans ce cas précis de ne pas faire de fausses promesses et de trouver le juste milieu entre une réponse adaptée aux différents besoins et les capacités de financement.
Dans les 2 cas la téléassistance mérite en France d’être bien plus développée qu’elle ne l’est aujourd’hui.