À l’occasion de la Semaine Bleue, la Fondation MUTAC dévoile les résultats d’un baromètre, en collaboration avec l’institut d’études BVA, qui met en lumière les perceptions des Français sur les personnes âgées. L’objectif est de changer notre regard sur les aînés, de briser les idées reçues et de lutter contre l’isolement des personnes âgées.
Une représentation négative du vieillissement
En spontané, le vieillissement est connoté négativement (66% d’observations négatives). Il est avant tout perçu comme altérant les capacités (51%) et comme modifiant l’apparence physique (18%). Ces évocations spontanées sont relativement homogènes, quelle que soit la tranche d’âge, et témoignent d’une construction sociale partagée autour de ce thème. Toutefois, les 70 ans et + citent davantage la solitude (10% vs 4% pour l’ensemble des Français), la diminution des activités (10% vs 4% pour l’ensemble des Français) et évoquent moins l’apparence physique (10% vs 18%).
A noter que les moins de 30 ans se montrent légèrement plus positifs à l’égard du vieillissement et sont plus nombreux à mentionner l’expérience et la maturité (11% vs 5%).
Les Français pensent par ailleurs que 41% des personnes âgées sont dépendantes ou en perte d’autonomie en France, un chiffre qui est bien plus élevé que la réalité (environ 15 % selon l’INSEE).
Reflet de l’image négative associée au vieillissement, seuls 30% des Français pensent que les personnes âgées sont suffisamment respectées tandis que 34% pensent qu’elles sont même méprisées, le reste des Français se situant dans une position intermédiaire. Seuls 22% estiment que la société est suffisamment prévenante à leur égard et 26% particulièrement bienveillante, les autres se situant entre les deux. A contrario, 36% trouvent qu’on porte un regard dur sur les personnes âgées.
Si les personnes âgées sont certes perçues comme utiles à notre société pour 89% des Français, vieillir inspire de la peur (à 68% des Français), et est perçu comme un frein à la vie sociale (pour 43% des Français).
On peut également noter une tendance émergente à la médicalisation grandissante de l’image du vieillissement, 13% des Français considérant que vieillir est une maladie. Ils sont même 26% à penser que la médecine du futur apportera des remèdes au vieillissement.
Enfin, un tiers de la population (31%) déclare avoir déjà souffert de discrimination du fait de son âge. 20% déclarent qu’on les a fait se sentir trop vieux et 14% trop jeunes. Dans les deux cas, cela a été majoritairement ressenti dans un contexte professionnel. Contrairement à une idée reçue, ce ne sont pas les personnes âgées qui en souffrent le plus car si les discriminations liées à l’âge touchent toutes les générations, les 18-29 ans y sont davantage confrontés (40%, vs 31 % pour les 50-69 ans).
C’est en moyenne à 49 ans qu’on a fait sentir à certaines personnes qu’elles étaient trop vieilles, essentiellement dans le milieu professionnel (54%), mais également dans leur famille (22%) ou leur environnement amical (22%).
Pour bien vieillir, le maintien du lien social et la santé sont important
En spontané (34%), comme en assisté (72%), le lien social est le premier besoin évoqué par les Français avant la santé (31% en spontané et 35% en assisté). Cela comprend le fait d’être entouré, aimer et être aimé et la notion de passer du temps avec ses proches. Le facteur social est plus présent pour les 18-29 ans (45% en spontané et 81% en assisté vs 21% en spontané et 62% en assisté pour les 70 ans et plus).
La santé est également essentielle pour bien vieillir. En spontané, la santé ressort en 2ème position (cité par 31% des Français). En assisté, la santé arrive en troisième position (35%), derrière l’autonomie (56%). En tendance, les 70 ans et plus accordent une plus grande importance à la santé : en spontané, c’est le premier thème cité (36%). Autonomie et moyens financiers sont des critères également jugés essentiels pour mieux vieillir. Les moyens financiers sont évoqués spontanément par 28% de la population, quel que soit l’âge en évoquant principalement le fait d’avoir suffisamment de revenus et une bonne retraite. L’autonomie, bien que peu évoquée spontanément (8%), est le deuxième élément le plus important pour bien vieillir (56%), c’est même le premier critère cité par les 60 ans et plus en assisté (71%).
Le domicile, lieu de vie idéal d’une personne âgée
Pour l’ensemble des Français, le domicile est le lieu de vie idéal pour une personne âgée (62%). C’est notamment le point de vue des 60 ans et plus qui plébiscitent leur domicile comme lieu de vie idéal (80% des 60-69 ans et 81% des 70 ans et plus).
Il convient de préciser que l’âge du répondant influence la place des autres lieux : le domicile des proches est davantage évoqué par les moins de 30 ans tandis que les 30-39 ans sont plus nombreux à mentionner une maison partagée avec d’autres personnes âgées ainsi qu’un foyer pour personnes âgées.
Alors qu’un Français sur 3 aura plus de 60 ans en 2050, il est urgent de briser les idées reçues sur les personnes âgées […] Leur place dans notre société est au cœur du débat public, comme on l’a vu au moment de la crise sanitaire qui a révélé leur vulnérabilité ou lors de la crise des Ehpad. Avec ce baromètre, nous souhaitons contribuer utilement à ce débat, en dressant un état des lieux des perceptions et croyances à l’égard du vieillissement et de nos aînés.
Nicole BIGAS, Présidente de la Fondation MUTAC
Cet article a été publié par la Rédaction le