Journée mondiale de l’ostéoporose : l’urgence d’agir pour bien vieillir

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Le 20 octobre est la journée mondiale de l’ostéoporose. En France, cette maladie chronique du squelette entraîne près de 400 000 fractures par an et représente un coût de 4,8 milliards d’euros pour l’Assurance Maladie avec une prévision de 6 milliards d’euros d’ici 5 ans. 85 % des patients sont mal pris en charge pour leur fragilité osseuse à la suite d’une fracture et 24% de patients décèdent l’année qui suit une fracture de hanche. Des chiffres alarmants compte tenu de l’allongement de l’espérance de vie.

Malgré la place de l’ostéoporose au cœur des enjeux du système de santé français (Ma santé 2022, Ségur de la Santé, loi Autonomie Grand âge…), la considération dont elle fait l’objet doit s’accentuer.

Cessons de banaliser les fractures ! Messages de prévention, systématisation de la densitométrie osseuse, implication déterminante et pluridisciplinaire des professionnels de santé, parcours de soins coordonnés territoriaux… nous disposons des clés pour améliorer la prise en charge de l’ostéoporose.

Pr Bernard Cortet, rhumatologue au CHU de Lille, président du GRIO (Groupe de Recherche et d’Information sur les Ostéoporoses) et membre de l’ANCO (Alliance Nationale Contre l’Ostéoporose).

Cette journée mondiale est donc l’occasion d’alerter face à cette maladie et de faire prendre conscience aux seniors ainsi qu’au personnel soignant de l’importance de la prévenir et d’une prise en charge efficace.

Ostéoporose, grand âge et autonomie : les enjeux du « bien vieillir »

La France vieillit mais le défi de l’avancée en âge est devant nous. En 2040, 14,6 % des Français auront 75 ans ou plus et en 2050, 2 235 000 personnes âgées seront en perte d’autonomie. Mis en perspective avec ceux de l’ostéoporose, ces chiffres du vieillissement de la population témoignent de l’importance de lutter de manière plus efficiente contre la dégradation de sa « santé osseuse » et de son corollaire, l’institutionnalisation.

Journée de l'ostéoporose - traitement et diagnostic

C’est le paradoxe de l’ostéoporose. Depuis des années que des plans et actions gouvernementales se succèdent, visant à renforcer prévention et prise en charge, il n’a jamais été si urgent d’alerter !

Françoise Alliot-Launois, vice-présidente de l’AFLAR

Caractérisée par une diminution de la résistance de l’os (action combinée de la perte de la quantité d’os et de la détérioration de la structure de l’os) le squelette qui devient fragile, « l’ostéoporose est véritablement une pathologie à part, avec pour principale conséquence la survenue de fractures dont certaines très graves mènent à un handicap lourd et une importante dégradation de la qualité de vie avec des répercussions tant physiques que psychologiques », rappelle Bernard Cortet.

Des solutions de prévention, prise en charge et coordination sont à la portée de tous : patients, citoyens, pouvoirs publics, professionnels de santé afin d’alléger le fardeau médical, économique et social de l’ostéoporose.

Au chapitre des solutions…

Une ostéodensitométrie systématisée

La densitométrie osseuse (DMO), examen simple et indolore qui permet de mesurer la densité osseuse et d’établir le diagnostic d’ostéoporose est actuellement remboursée sous conditions. « Au même titre que la mammographie, elle devrait être systématisée pour toutes les femmes après un certain âge, probablement une soixantaine d’années », insiste le Pr Bernard Cortet. « Elle permet d’obtenir une valeur de référence de la teneur en calcium des os corrélée au risque de présenter une fracture de fragilité, d’instaurer un suivi et de mettre en œuvre des mesures efficaces d’hygiène de vie et les traitements adaptés afin d’éviter une dégradation de la situation ».

La santé osseuse intégrée aux futures consultations du « bien vieillir »

La crise sanitaire actuelle a mis en lumière la question essentielle de l’autonomie des personnes âgées vulnérables. « Les fractures ostéoporotiques font partie de cette perte d’autonomie », rappelle le Pr Thierry Thomas qui croît « au poids des impulsions et décisions politiques en matière de prévention ». Dans le cadre d’une future loi sur le grand âge, une consultation du « bien vieillir » pourrait ainsi concerner tous les aspects de la santé : prévention de la maladie d’Alzheimer, des maladies cardio-vasculaires, des affections néoplasiques mais aussi celle de l’ostéoporose, « comprenant la réalisation d’une ostéodensitométrie et la recherche de facteurs de risque d’ostéoporose afin d’éviter fractures et re fractures chez les femmes », poursuit Pr Bernard Cortet.

Des médecins traitants en première ligne

La place de l’ostéoporose au sein des consultations de médecine générale est insuffisante, entraînant retards de diagnostic et fractures évitables. « L’ostéoporose, c’est l’exemple typique de la maladie qui nécessite une action rapide et coordonnée avec un parcours de soins standardisé, au sein duquel le médecin traitant joue un rôle clé », explique Pr Thierry Thomas. Dans ce contexte, la coopération hôpital/ville, est essentielle, facilitant la prise en charge et le suivi des patients fracturés.

Il est nécessaire de co-construire et de faire collaborer hôpital, ville et territoire, avec le soutien actif des ARS (Agences régionales de santé) et de l’Assurance maladie, pour organiser le repérage des patients fracturés, le diagnostic de l’ostéoporose et la décision de traitement, afin de mieux accompagner les patients et éviter toute nouvelle fracture après la première.

Pr Thierry Thomas
Consultation - Médecin - Santé

Multidisciplinarité et coordination territoriale : les clés de perspectives optimistes

La France doit s’organiser afin de répondre au mieux au problématiques qui gravitent autour de l’ostéoporose et met en place des FLS (filières fractures) et des CPTS ( Communauté Professionnelle Territoriale de Santé).

Prenons l’exemple d’une femme qui s’est fracturée. Elle est prise en charge par les urgentistes, puis les orthopédistes, les radiologues, les rhumatologues. Les rééducateurs des soins de suite interviennent ensuite pour qu’au final la malade retrouve son médecin traitant et selon les cas, kinésithérapeute et infirmière. Si ce parcours aux multiples intervenants est mal coordonné, avec de surcroît une absence d’attention particulière et rapide à l’égard de l’ostéoporose sous-jacente à la fracture, alors la patiente ou le patient est exposé(e) à un risque important de nouvelle fracture dans les 2 ans qui suivent cet événement. insiste.

Pr Thierry Thomas

Les FLS (une trentaine en France) font partie des solutions organisationnelles, mais leurs résultats ne concernent encore qu’une faible proportion de patients fracturés. Quant aux CPTS développées dans le cadre du plan « Ma santé 2022 » et favorisant le regroupement des professionnels de santé, leur vision et participation se révèlent indispensables pour le futur de la prise en charge de l’ostéoporose. De nombreux projets témoignent d’une avancée positive, parmi lesquels ceux proposés en régions Auvergne-Rhône Alpes ou Hauts de France.

La remarquable coordination et la co-construction dans le cadre de projets innovants témoigne d’un élan dynamique porteur. La prochaine étape consistera à mutualiser les efforts régionaux dans une perspective favorable d’essaimage. Ce à quoi tenteront de répondre les professionnels de santé, représentants d’institutions et pouvoirs publics à l’occasion des 2 prochaines rencontres de travail organisées par l’AFLAR et l’ANCO en novembre prochain à Lille et Clermont-Ferrand.

Prs Bernard Cortet et Thierry Thomas

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Cet article a été publié par la Rédaction le

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