Ces derniers jours, l’épidémie semble marquer le pas en atteignant un plateau haut. Nombre de nouvelles hospitalisations moins important, diminution du nombre de patients en réanimation… Certains chiffres de l’épidémie sont encourageants. Malgré ces indicateurs positifs, l’association SPS constate un besoin toujours plus grand d’écoute face à l’épuisement, l’anxiété et le stress encore plus important du personnel soignant du sanitaire et du médico-social.
Après 4 semaines de mobilisation et pour répondre à ce besoin croissant, l’association SPS (Soins aux Professionnels en Santé), reconnue d’intérêt général, poursuit son action d’aide et d’accompagnement psychologique (avec un dispositif anonyme d’écoute 24h/24-7j/7), complémentaire à toutes les initiatives nationales et locales.
Bilan de la quatrième semaine de campagne du dispositif SPS
Concernant les appels
- 2 009 appels traités du 23 mars au 17 avril soit plus de 77,3 appels par jour en moyenne.
- La provenance des appels est : Île-de-France (31%), Auvergne-Rhône-Alpes (12%), Grand-Est (11%), Occitanie (9%), Provence-Alpes-Côte-d’Azur (7%), Nouvelle-Aquitaine (6%), Hauts-de-France (5%). À noter que la population Île-de-France qui accueille 18% de la population française, est très touchée avec près de 1/3 des appels venant de cette région.
- Plus de 26% sont passés la nuit ou le dimanche.
- La durée moyenne d’écoute est de 21 min.
Concernant les appelants
- Profil : 72% de femmes, âge moyen de 44 ans et plus de 59% de salariés.
- Près de 40% sont des aides-soignant·e·s, infirmier·e·s et médecins.
- Près de 10% sont du personnel médico-social.
Concernant les motifs des appels (analyse sur 1 979 appels)
100% concernent les répercussions de la crise sur les soignants et les managers, et notamment :
- Plus de 40% font part de leur anxiété ou angoisse.
- Près de 9% sont épuisés.
- Près de 8% ont des problèmes d’organisation de travail.
Depuis un mois, le nombre croissant d’appels de nuit (passé de 10% la première semaine à 14,9% pour les 4 semaines) et l’augmentation du motif d’appel pour « épuisement professionnel » (avec un bond de 90% entre mars et avril), sont autant d’indicateurs mettant en exergue le mal-être grandissant des soignants dans la lutte contre le COVID-19.
Le besoin d’un espace d’écoute et d’une aide psychologique est encore plus perceptible pour les appels de nuit avec une durée d’appel plus importante que la moyenne (36 minutes au lieu de 21 minutes). Avec plus de 7 000 commentaires sur les réseaux sociaux, soit plus de 1 000 commentaires depuis la semaine dernière, la campagne de communication et de mobilisation se poursuit pour accompagner les personnels soignants et leur offrir un espace d’écoute et d’aide psychologique pour exprimer leurs souffrances auprès de psychologues.
Témoignage de Sophie Péron, Directrice générale de l’association Le Moulin Vert
La crise sanitaire du COVID-19 a bouleversé les habitudes de travail dans toutes les structures sanitaires, médico-sociales et sociales avec un fort impact organisationnel et émotionnel. En tant que directeurs d’établissements médico-sociaux, nous avons dû nous organiser avec la mise en place de nouvelles méthodes de travail pour prendre soin de nos personnels, comme eux le font au quotidien avec les personnes que nous accompagnons dans les champs du handicap, de la dépendance et de la protection de l’enfance.
Au quotidien, l’actualité met en lumière les paradoxes auxquels nous sommes confrontés. Les pouvoirs publics imposent un confinement à la population avec le message « Restez chez vous », mais demandent dans le même temps aux soignants de poursuivre leurs activités. À cela, vient s’ajouter l’angoisse d’être
exposé au risque de contamination, et ainsi d’être contaminé ou encore de contaminer ses proches, faute de matériel adéquat pour se protéger. Malgré cela, une majorité des personnels continue de venir travailler.Il nous est alors apparu essentiel de leur proposer une aide psychologique spécifique pour répondre à leurs craintes, soulager leur souffrance personnelle et leur apporter un soutien psychologique.
L’association Moulin Vert, dont je suis la Directrice générale, a mis en place un numéro d’appel interne pour que les salariés qui en ressentaient le besoin puissent échanger avec une psychologue et une consultante coach en ressources humaines. En plus d’offrir une écoute à nos personnels, cette solution interne, bien qu’anonyme, devait nous permettre d’avoir une vision globale de la situation dans chaque établissement afin d’identifier des situations à risque.
Nous n’avons reçu que 3 appels en 3 semaines alors que l’inquiétude quotidienne des équipes était bien là. Nous nous sommes aperçus que le dispositif proposé ne répondait pas aux besoins de notre personnel qui craignait notamment le manque d’anonymat de la part de la cellule.
Face à ce constat, nous avons décidé de proposer à nos salariés la possibilité d’avoir recours, en plus de l’offre interne, à un dispositif d’accompagnement psychologique non géré par l’association Le Moulin Vert. Cette plateforme, mise en place par l’association SPS, permet d’être écouté par des psychologues 24h/24, 7j/7, avec la possibilité d’une télé-consultation, en cas de besoin, par des psychologues de proximité, médecins généralistes et psychiatres.
Je conclurais sur le fait, qu’en cette période, nous avons encore plus le besoin d’être soutenu par des professionnels externes, avec une expertise forte de l’écoute et de la souffrance : cela permettra à nos salariés de se confier en toute confiance parce que tout simplement cela leur fait du bien d’être écouté, rassuré et accompagné dans ce contexte si particulier.
Les professionnel.le.s du sanitaire et du médico-social ont plus que jamais besoin de soutien
Les chiffres positifs dans la lutte contre le COVID-19 ne doivent pas nous faire oublier la mobilisation exceptionnelle des personnels soignants, en première ligne depuis plus d’un mois. Éprouvés par des jours et des nuits à soigner les patients, c’est maintenant qu’ils ont encore plus besoin de nous. Notre mission est d’être présent à leurs côtés, pour les accompagner et les aider dans la lutte contre le COVID-19.
Cet article a été publié par la Rédaction le