Agnès Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, présentera en octobre prochain son projet de loi « Grand Age et Autonomie ». L’ADMR a salué la teneur et la qualité des propositions remises à la Ministre en mars dernier par Dominique Libault, auxquelles elle a activement participé. Elle reste néanmoins très vigilante vis-à-vis des propositions qui seront au final formulées par le Gouvernement.
L’ADMR a pris acte des annonces faites hier par le Premier Ministre relatives à la Dépendance : « L’acte 2 est aussi répondre au vieillissement de la population. Nous avons trop tardé à nous y confronter car les budgets en jeu sont gigantesques. Nous sommes mal préparés. Notre regard sur la place des personnes âgées dans la société doit changer, il faut entendre aussi les volontés de vieillir à domicile ». Une position qui va dans le bon sens mais pour laquelle il va falloir transformer les paroles en actes forts à la hauteur des multiples défis à relever en matière de dépendance et d’autonomie, précise l’ADMR.
Il faut désormais agir de manière volontaire et efficace ; les enjeux humains, sociétaux, financiers et économiques sont trop importants pour être minimisés ou passés sous silence tant du côté des personnes âgées en perte d’autonomie que du côté des personnels aidants, souligne Thierry d’Aboville, secrétaire général de l’Union nationale ADMR.
L’ADMR rappelle qu’elle a de son côté formulé 16 propositions qu’elle espère voir reprises, traduites dans le futur projet de loi. Agir en faveur de la dépendance et de l’autonomie est aujourd’hui une priorité nationale. L’ADMR veillera tout particulièrement à ce que les décisions gouvernementales prises dans les prochains mois, notamment dans le cadre du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, soient à la hauteur des enjeux d’aujourd’hui et des défis de demain en matière d’autonomie et de dépendance.
Enfin, l’ADMR accueille favorablement l’annonce de la mission confiée à Myriam El Khomri sur la revalorisation des métiers du grand âge. L’ADMR milite activement depuis des années pour cette revalorisation des métiers afin de rendre plus attractif un secteur qui peine à recruter.
Les 16 propositions de l’ADMR:
PROPOSITION N°1
Mettre en place une vraie politique salariale annuelle pour mettre fin à la paupérisation des salariés et financer la prise en charge de tous les frais et temps de déplacement.
PROPOSITION N°2
Financer et engager une vraie politique de qualification et de formation des personnels qui soit garante de l’adéquation entre l’évolution des besoins des personnes accompagnées en situation de plus en plus complexe et les compétences des professionnels intervenants.
PROPOSITION N°3
Mettre en place une classification professionnelle qui soit adaptée aux enjeux à venir en termes d’évolution des besoins des usagers tout en permettant de renforcer les parcours professionnels des salariés de la Branche de l’aide, des soins et des services à domicile.
PROPOSITION N°4
Améliorer les conditions de travail des salariés et renforcer la prévention contre les risques professionnels avec le soutien des pouvoirs publics.
PROPOSITION N°5
Réformer totalement le mode de financement des services à la personne afin de maintenir, au sein de notre modèle de protection sociale, une vraie politique publique d’aide à domicile qui s’appuie en priorité sur la solidarité nationale.
PROPOSITION N°6
Refondre totalement le modèle économique des Services d’accompagnement et d’aide à domicile (SAAD) non plus dans une logique de pure tarification horaire mais dans l’optique d’une valorisation globale de toutes les missions réellement effectuées, y compris les missions de coordination.
PROPOSITION N°7
Adopter une stratégie volontariste de relance de la création de Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD) pour les seniors ou d’extension du nombre de places dans les services existants.
PROPOSITION N°8
Intégrer l’ensemble des acteurs du domicile dans les nouvelles organisations territoriales (Plateformes Territoriales d’Appui et Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) qui sont en train de se mettre en place afin d’optimiser et améliorer le parcours santé des personnes âgées.
PROPOSITION N°9
Mettre en oeuvre de nouveaux modes de financement permettant de mobiliser aussi bien les budgets de l’Assurance maladie prévus pour la partie « Soin » que ceux des départements fléchés pour la partie « Aide » pour financer notamment la coordination nécessaire à l’intégration de l’aide et du soin à domicile.
PROPOSITION N°10
Mettre en place une démarche d’interopérabilité de l’ensemble des systèmes d’informations pour améliorer le travail en coordination entre le secteur sanitaire, les professionnels de santé libéraux et l’ensemble des acteurs sociaux et médico-sociaux, démarche qui doit être pilotée par la Caisse nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA).
PROPOSITION N°11
S’assurer définitivement du financement et de la transparence des règles de financement de l’ensemble des actions de prévention individuelles et collectives déployées sur le territoire et permettant de prévenir la perte d’autonomie et l’accompagnement des aidants.
PROPOSITION N°12
Accélérer au plan national le déploiement sur le terrain par les départements des modules de « droit au répit » en faveur des aidants.
PROPOSITION N°13
Simplifier de manière urgente les démarches administratives et financières permettant de faciliter l’accès au bénévolat de tous les publics, notamment les jeunes, les salariés et les chômeurs, mais aussi obtenir des financements pour former les bénévoles. Tout ceci dans l’objectif de renforcer les structures associatives.
PROPOSITION N°14
Favoriser, encadrer juridiquement et administrativement d’une manière souple et financer d’une manière pérenne le déploiement des concepts alternatifs d’habitats inclusifs avec services, véritables solutions intermédiaires entre le domicile et l’EHPAD pour les personnes âgées en perte d’autonomie et/ou en situation de handicap.
PROPOSITION N°15
Déployer sur l’ensemble du territoire une solution « d’accompagnement renforcé au domicile », issue d’une coopération entre les acteurs du domicile et les EHPAD d’un même territoire, permettant d’offrir aux personnes accompagnées un panel complet de services et d’accompagnement avec un financement global.
PROPOSITION N°16
En lien avec la Stratégie nationale de santé et le plan Ma Santé 2022, donner aux organismes gestionnaires les moyens humains, financiers via un modèle économique viable, de déployer sur l’ensemble du territoire des centres de santé infirmiers et polyvalents permettant de palier la désertification médicale.
Cet article a été publié par la Rédaction le