Le Groupe AGRICA a présenté la dernière vague de résultats de l’étude AMI, un programme de recherche multidisciplinaire sur le vieillissement et la dépendance en milieu rural et agricole
Lancée en 2007 auprès de 1.000 retraités agricoles, l’étude épidémiologique AMI (Initiée par AGRICA en association avec la MSA et l’IFR de Santé Publique), est un programme de recherche multidisciplinaire mené sur le vieillissement et la dépendance en milieu rural et agricole. Elle est conduite par le Professeur Dartigues, neurologue et spécialiste en santé publique à l’Université Bordeaux Segalen, Centre de Recherche Inserm U897.
Baisse de 38% de la prévalence de la maladie d’Alzheimer en 20 ans dans la population agricole
L’étude met l’accent sur le vieillissement cérébral (maladie d’Alzheimer), fonctionnel (fragilité et dépendance) et l’identification des spécificités et inégalités de santé entre le milieu rural et le milieu urbain. Les derniers travaux et résultats obtenus portent sur les thèmes suivants :
- Evolution de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées en 20 ans en milieu agricole
- Utilisation d’une méthode innovante pour étudier les facteurs de survenance de la maladie d’Alzheimer
- Déficiences visuelles et dépendance dans la vie quotidienne
- La malnutrition comparée entre ville et campagne
Baisse « spectaculaire » de la prévalence des maladies d’Alzheimer et apparentées en 20 ans dans la population agricole
Avec l’allongement de l’espérance de vie et le vieillissement des générations du baby-boom, on pouvait s’attendre à une explosion de maladies liées à l’âge telles que la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées. Pourtant plusieurs récents travaux dans le monde suggèrent une baisse de la prévalence et de l’incidence des démences.
Certains travaux semblent confirmer cette tendance pour la France.
Les chercheurs de l’ISPED/INSERM se sont intéressés à l’étude de l’évolution en 20 ans de la prévalence des démences en comparant deux échantillons d’agriculteurs suivis dans le cadre de deux cohortes épidémiologiques populationnelles : Paquid, étude démarrée en 1988 et AMI en 2007.
Leurs travaux confirment une baisse très significative de la prévalence des déficits cognitifs avec incapacité (critères objectifs de diagnostic de démence), de 38 % en 20 ans. On observe cependant une augmentation de la prévalence de la démence cliniquement diagnostiquée (+12 % pour l’étude AMI, +5,7 % pour l’étude Paquid), suggérant une meilleure sensibilité des médecins aux symptômes de la maladie.
Comment expliquer la baisse de la prévalence des déficits cognitifs chez les malades Alzheimer
Parmi les facteurs potentiels pouvant expliquer cette baisse, on peut rapporter :
- augmentation significative du niveau d’études,
- une meilleure prise en charge des facteurs de risque vasculaire,
- une amélioration de l’état de santé globale,
- et une amélioration significative des conditions de vie.
Evaluer les facteurs clés de la survenance de la maladie d’Alzheimer grâce à des smartphones : une méthode innovante développée grâce à l’étude AMI
Les chercheurs de l’étude AMI ont proposé une méthode d’évaluation originale en condition écologique de la vie quotidienne (méthode ESM). Sur une semaine, des Smartphones ont été utilisés permettant des évaluations répétées des fonctions cognitives, du fonctionnement dans la vie quotidienne et du comportement ; informations inaccessibles à la clinique ou à des instruments en milieu hospitalier. Cette stratégie d’évaluation permet également de faire le lien en temps réel entre les comportements spécifiques de la vie quotidienne, les activités réalisées au cours de la journée et les performances cognitives.
Cette étude a été réalisée auprès de 60 participants de la cohorte AMI ayant également accepté un examen IRM et l’évaluation de suivi.
Ces travaux ont notamment montré que certaines activités de la vie quotidienne telles que la lecture ou les mots croisés étaient associées à une augmentation des performances de mémoire dans les heures qui suivaient la pratique de l’activité. De plus, ces recherches ont démontré que l’évaluation neuropsychologique réalisée à l’aide de ces Smartphones était beaucoup plus fine que celle réalisée lors des visites de suivi pour étudier les déficits très subtils observés en tout début de maladie, notamment en lien avec l’imagerie cérébrale.
La révolution dans les technologies mobiles offre des possibilités sans précédent pour surmonter les barrières temporelles et contextuelles qui limitent les consultations spécialisées et les évaluations cliniques. La combinaison de différentes méthodes, traditionnelles et nouvelles, devrait permettre d’améliorer l’identification des processus biologiques et physiopathologiques et des facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer et des autres formes de démence.
Une nette baisse des déficiences visuelles dans la population AMI
Les résultats de l’étude montrent une baisse des déficiences visuelles entre les différents suivis effectués depuis 2007. Ils mettent notamment en avant l’impact significatif de simples loupes en vision de près pour certains des sujets particulièrement mal, voire non corrigés. En effet, malgré l’avancée en âge, la prévalence des déficiences visuelles passe de 31.8% à 24.0%.
Parmi les 101 sujets présentant initialement des déficits légers, 60% ont récupéré des capacités normales. Plus marquant encore, parmi les 79 sujets avec initialement des déficits modérés à sévères, plus de la moitié se sont améliorés et même un tiers a retrouvé des capacités visuelles normales en vision de près.
Ces résultats sont à mettre en perspective avec les conséquences de telles déficiences dans la vie quotidienne des personnes âgées.
En effet, les sujets présentant initialement des déficits visuels modérés à sévères ont 2 fois plus de risque de devenir dépendants aux activités instrumentales de la vie quotidienne (comme faire ses courses ou préparer ses repas) que ceux ne présentant pas de troubles (et ce, toutes choses étant égales par ailleurs).
Une meilleure nutrition des personnes âgées en milieu rural
Les chercheurs se sont intéressés au milieu de vie rural/urbain et ont comparé l’état nutritionnel de 8691 sujets âgés vivant à domicile en milieu urbain (participants de la cohorte urbaine des trois Cités, 3C) à 692 sujets âgés vivant à domicile en milieu rural (AMI).
Résultat : 7,4 % des sujets vivant en milieu rural étaient en état de malnutrition contre 18,5 % des urbains. Les facteurs associés à la malnutrition sont : le sexe féminin, l’âge, le veuvage, un bas niveau d’études, de faibles revenus, la maigreur, être atteint de démence, avoir une symptomatologie dépressive, être dépendant et consommer plus de trois médicaments par jours.
Cette étude suggère qu’une attention particulière sur le plan nutritionnel doit être apportée aux personnes âgées déjà vulnérables, la malnutrition pouvant jouer le rôle de facteur aggravant.
Pour le Groupe AGRICA, l’étude AMI permet au fil des ans d’apporter une connaissance de plus en plus fine des spécificités de la population agricole, dont il est le partenaire naturel. L’analyse, l’utilisation et la mise en perspectives des résultats recueillis ouvrent des perspectives prometteuses pour une meilleure prise en considération des particularités du monde agricole et un accompagnement toujours plus adapté.
Cet article a été publié par la Rédaction le
Pourquoi les agriculteurs sont-ils toujours considérés comme des débiles mentaux ? Absence d’instruction, de contacts, vivant dans la solitude etc.
Faites des études sur les citadins et particulièrement les « parisiens » qui vieillissent seuls; d’ailleurs à leur enterrement on compte sur les doigts les personnes qui assistent à la cérémonie (en général moins de 10 ). Allez aux obsèques d’un paysan dans son village, l’église est pleine et il y a même des gens à l’extérieur qui ne peuvent pas entrer.
Cessez de prendre les paysans pour l’homme des cavernes !
bonjour,
Oui vous avez parfaitement raison. Mon père âgé de 68 ans ancien fonctionnaire, est atteint de ce mal épouvantable. Pourtant il a stimulé son cerveau toute sa vie par des activités intellectuelles….
Ne peut-on pas signaler le rôle des pesticides et engrais chimiques utilisés dans l’agriculture dans l’émergence de cette maladie ?