Vieillissement : notre environnement pèse plus lourd que nos gènes

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Pourquoi vieillissons-nous et mourons-nous prématurément ? Est-ce une question de génétique ou de mode de vie ? Une étude récente publiée dans Nature Aging apporte des réponses surprenantes en analysant les facteurs qui influencent réellement notre vieillissement et notre risque de décès prématuré.

L’impact du mode de vie sur le vieillissement : une étude de grande envergure

Une vaste étude menée par des chercheurs américains, britanniques et néerlandais a exploré l’impact du mode de vie et de l’environnement sur le vieillissement et la santé. Pour cela, ils ont examiné les données de près de 500 000 Britanniques suivis pendant plus de 12 ans dans le cadre de la UK Biobank, l’une des plus grandes cohortes au monde.

L’équipe scientifique a analysé 164 éléments liés aux habitudes de vie et à l’environnement afin d’identifier leur influence sur le vieillissement, les maladies associées à l’âge et la mortalité précoce. Pour affiner leur analyse, les chercheurs ont utilisé une horloge biologique innovante reposant sur des marqueurs moléculaires, en particulier des protéines. Cet outil leur a permis d’évaluer le vieillissement interne des participants et d’estimer leur « âge biologique », afin de mieux comprendre les facteurs de risque qui y sont associés.

Les conclusions, publiées dans Nature, révèlent que parmi les 164 paramètres étudiés, 25 (dont 23 pouvant être modifiés) étaient étroitement liés à l’horloge biologique et au risque de mortalité. En moyenne, chacun de ces éléments était impliqué dans le développement de 15 maladies liées à l’âge.

étude vieillissement et génétique

L’exposome : un acteur clé du vieillissement

Les chercheurs ont étudié près d’un demi-million de participants issus de la UK Biobank, une immense base de données biomédicales. Ils ont comparé l’impact des facteurs environnementaux (appelés « exposome ») et des facteurs génétiques sur l’espérance de vie et les maladies liées à l’âge. Résultat : l’exposome explique une bien plus grande part du vieillissement et de la mortalité que la génétique.

EXPOSOME (définition)

[ɛkspozom]
Nom Masculin,
Déf. : L’exposome désigne l’ensemble des expositions environnementales auxquelles un individu est soumis tout au long de sa vie, depuis la conception jusqu’à la fin de sa vie. Il englobe divers facteurs, tels que l’alimentation, la pollution, le stress, les habitudes de vie, les agents chimiques, biologiques et physiques, ainsi que leurs interactions avec la génétique.

Ce concept est clé en épidémiologie et en santé publique, car il permet d’étudier l’impact global de l’environnement sur le développement des maladies et le vieillissement.

exposome définition : crédits @franceexposome
crédits : France exposome

En chiffres, l’ADN n’ajoute que 2 % d’explications supplémentaires sur la variation de la mortalité, alors que l’exposome en explique 17 %. Autrement dit, notre environnement et nos habitudes de vie ont un poids bien plus important que notre héritage génétique dans notre longévité.

Ce qui accélère (ou ralentit) le vieillissement

L’étude a identifié 25 facteurs environnementaux ayant un impact direct sur la mortalité et le vieillissement biologique. Parmi les plus nocifs, on retrouve :

  • Le tabagisme, de loin le facteur le plus associé à une réduction de l’espérance de vie.
  • La précarité, notamment vivre en logement social ou avoir un faible revenu.
  • Le manque d’activité physique, qui favorise les maladies chroniques.
  • Un mauvais sommeil, car trop ou trop peu d’heures de sommeil sont liés à un vieillissement accéléré.

À l’inverse, certains éléments protègent contre le vieillissement :

  • Un bon niveau de revenu, qui semble associé à un accès à de meilleurs soins et à un mode de vie plus sain.
  • L’activité physique régulière, qui ralentit les processus biologiques du vieillissement.
  • Le fait de vivre en couple, qui offrirait un soutien social et psychologique bénéfique.

La génétique joue un rôle, mais limité

Si certains gènes influencent le risque de maladies spécifiques (comme Alzheimer ou certains cancers), ils restent secondaires face aux conditions de vie. Cette étude confirme une observation majeure : en 200 ans, l’espérance de vie humaine a presque doublé, alors que notre génome n’a pratiquement pas changé. C’est donc bien l’environnement (alimentation, médecine, hygiène, conditions de vie…) qui fait la différence.

Vers une approche préventive de la santé

Ces résultats ouvrent la voie à une nouvelle manière d’aborder la santé publique. Plutôt que de simplement traiter les maladies liées à l’âge, il est essentiel d’investir dans la prévention, notamment par l’amélioration des conditions de vie, l’accès à une alimentation saine et une éducation sur l’importance du bien-être physique et mental. Cette approche pourrait non seulement prolonger la durée de vie, mais surtout améliorer la qualité des années gagnées.

Cette étude met en évidence l’interaction complexe entre la prédisposition génétique et les facteurs environnementaux dans le vieillissement et la mortalité prématurée. Alors que certaines maladies, comme certains cancers ou les maladies neurodégénératives, semblent principalement influencées par le risque génétique, les chercheurs soulignent le rôle prépondérant des expositions environnementales dans la survenue de nombreuses autres pathologies et dans la variabilité de l’espérance de vie. 

prévention vieillissement

Enfin, l’influence des expositions précoces sur la santé à long terme, notamment des facteurs tels que la taille et la corpulence durant l’enfance ou l’exposition au tabagisme maternel, suggère que des interventions dès les premières années de vie pourraient avoir un impact bénéfique majeur sur l’espérance et la qualité de vie.

Un message d’espoir

Cette étude démontre que le vieillissement n’est pas une fatalité génétique : nos choix et notre environnement comptent énormément. Arrêter de fumer, pratiquer une activité physique, maintenir un bon équilibre social et économique sont autant de leviers pour vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Le vieillissement n’est donc pas seulement inscrit dans nos gènes, mais aussi entre nos mains. Une nouvelle qui donne à réfléchir… et à agir !


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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