Les territoires et l’urbanisme se réinventent au fur et à mesure de l’avancée en âge des populations. Intégrer les grands enjeux du vieillissement, privilégier le maintien à domicile et l’accès aux commerces, adapter les transport et la voirie, permettre la mixité intergénérationnelle et sociale… L’équation est complexe à résoudre.
Silver in the city
Selon le Laboratoire de la Mobilité inclusive, après 75 ans, le « rayon de vie » des aînés se trouve réduit de manière significative puisque de 17 km parcourus par jour, il passe à 8 km, augmentant en ce sens les risques d’isolement
Une exigence de proximité
L’adaptation de la ville au vieillissement implique une approche globale :
- une présence de commerces de proximité dans un rayon de 300 m,
- un arrêt de transports en commun à moins de 150 m,
- des espaces verts
- des bancs sur les cheminements, tous les 100 m environ et tous les 50 m le long d’un chemin en pente,
- un plus grand nombre de toilettes publiques…
Consulter l’infographie : les seniors français et le mobilité
Adapter la voie publique aux âgés
Un certain nombre d’éléments de l’environnement et du mobilier urbain contribuent également à faire des espaces publics des lieux fréquentés ou, a contrario, évités par les personnes âgées. Parmi les éléments centraux de l’appropriation des villes par les âgés, on retrouve :
- Les trottoirs : ils représentent pour les personnes âgées un espace de rencontres, mais aussi de danger avec des risques de chutes, vols… Différentes mesures peuvent en faire des espaces plus accessibles, comme l’installation de bateaux, qui facilitent la circulation des personnes en fauteuil roulant, voire l’utilisation de bitume à texture molle en prévention des chutes.
- Les carrefours et passages piétons : passages obligatoires de la vie en ville, ils représentent un danger accru pour les seniors en perte de mobilité. Les plus de 65 ans représentent en effet 32% des piétons tués dans des accidents de la route (source : Prévention Routière). Des feux de circulation aux délais trop courts, par exemple, peuvent également représenter un obstacle non négligeable à l’appropriation de l’espace public par tout.
Lire aussi : Qu’en est-il de la mobilité des seniors en France ?
Et en milieu rural ?
60% des personnes âgées de 80 ans et plus résident dans des pavillons périurbains. Parmi eux, la moitié ne savent pas ou ne peuvent plus conduire. Se pose dès lors la question de l’accessibilité des produits, services et soins au quotidien.
Des solutions commencent à émerger pour pallier ce problème : parmi celles-ci, les maisons d’accueil rurales pour personnes âgées, des services à domicile qui se développent rapidement, ou encore des services de taxi spécialisés dans l’accompagnement des seniors.
« Villes amies des aînés », un programme de l’OMS
En 2006, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) lance le programme « Villes Amies des Aînés » qui bénéficie depuis d’un réseau francophone. L’objectif est d’éditer un label déterminant le degré d’adaptation de la ville à ses résidents les plus âgés.
Les villes candidates doivent adapter l’environnement urbain en suivant les grandes directives du Protocole de Vancouver, basé sur 8 aspects essentiels de la vie des âgés en milieu urbain :
- Les espaces et les édifices extérieurs
- Les transports
- L’habitat
- Le respect et l’inclusion sociale
- La culture et les loisirs
- La communication et l’information
- La solidarité
- Les services de santé
EHPAD City
A la fin du XIXème siècle, les maisons de retraite étaient habituellement construites à l’extérieur des villes ; à moindre coût pour les gérants, qui peinaient à trouver des terrains d’une dimension satisfaisante en pleine ville.
Elles regagnent aujourd’hui les villes, voire les centres-villes, tout particulièrement en ce qui concerne les résidences services.
Certaines établissements d’hébergement poussent la logique d’intégration encore plus loin en inventant un concept d’EHPAD ouvert, dont les services (salon de thé, boulangerie, coiffeur, restaurant, superette…) sont tournés vers l’extérieur et ouverts à tous.
Une solution ingénieuse qui permet de trouver de nouveaux revenus pour les EHPAD, mais qui permet surtout de réinstaurer des commerces de proximité dans des territoires confrontés à une certaine désertification des services.
Cet article a été publié par la Rédaction le