Dans le but de mieux comprendre les attentes et besoins des aidant·es, ainsi que l’image que la société renvoie d’eux, le Collectif Je t’Aide a publié les résultats de son baromètre. Ce travail, réalisé en partenariat avec BVA Xsight et soutenu par la Fondation Swiss Life et Teva Santé, a été dévoilé à l’occasion de la 15e Journée Nationale des Aidant·es, sur le thème de « l’auto-reconnaissance des aidants ».
Prise de conscience et auto-reconnaissance des aidant·es : des progrès, mais encore des obstacles à surmonter
Selon le baromètre, le terme « aidants » est largement reconnu par la population française (88 %), et une majorité estime qu’elle deviendra un jour aidante (45 %), indiquant une prise de conscience croissante sur l’aidance dans notre société. Cependant, seulement 16 % connaissent l’existence de la Journée Nationale des Aidants, instaurée en 2010.
Malgré ces progrès, un aidant sur trois ne se reconnaît toujours pas comme tel, et certains préfèrent des termes familiaux traditionnels (frère, fille, mère, etc.). Moins de la moitié des aidants utilisent le terme « aidant » pour se décrire auprès de leur entourage (48 %), et il y a souvent un décalage entre le début de l’aidance et la reconnaissance de ce rôle.
En effet, parmi les aidants qui se perçoivent comme tels (68 % du total), 39 % ont pris conscience de leur statut dès le début de l’accompagnement, tandis que 34 % en ont pris conscience grâce à leur entourage et 20 % grâce aux professionnels de santé. Ces résultats montrent à quel point le regard de la société influence cette prise de conscience.
Si la connaissance du terme “aidants” progresse au sein de la population française, il est encore difficile pour les aidant.es qui se reconnaissent en tant que tels, de parler de leur situation d’aidance à leur entourage. Cela s’explique par une sorte de mélange de pudeur, de volonté de garder ce sujet intime au sein du cercle familial, de peur d’être stigmatisé.
Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide
Méconnaissance des dispositifs : un frein au soutien des aidants
Malgré des progrès, de nombreux aidants ignorent encore les dispositifs de soutien : Seuls 61 % connaissent les associations d’aidants, tandis que les formations (51 %), les solutions de répit (48 %) et les plateformes de répit (36 %) restent largement méconnues.
Il nous a semblé essentiel de choisir le thème de l’auto-reconnaissance des aidant.es pour cette 15ème Journée Nationale, car si les aidant.es ne se reconnaissent pas comme tels, ils ne peuvent pas accéder aux solutions qui leur sont destinées et s’épuisent encore plus rapidement.
Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide
Bien que la majorité des aidant·es perçoivent des évolutions dans leur quotidien, ils n’observent pas de changements significatifs de la part des pouvoirs publics au cours des dix dernières années. Seuls 29 % reconnaissent une meilleure prise en compte de leur situation par le gouvernement, et 55 % connaissent le congé de proche aidant, créé en 2017 et indemnisé depuis 2020.
Cependant, ils constatent une attention accrue de la part des professionnels à domicile (49 %), des associations (47 %) et des professionnels de santé (43 %). Tandis que 54 % peuvent compter sur d’autres membres de leur famille pour les relayer, 34 % des aidants principaux sont seuls à prendre soin de leur proche.
Une meilleure connaissance de la Journée Nationale des Aidants et des dispositifs d’accompagnement pourrait aider à prévenir l’épuisement des aidant·es, dont 40 % rapportent de la fatigue mentale et émotionnelle, et 33 % de la fatigue physique. Bien que cette journée existe depuis 15 ans, elle n’est connue que de 26 % des aidant·es, indiquant un besoin crucial d’accroître sa visibilité afin de mieux sensibiliser les aidant·es à leur rôle et aux solutions qui s’offrent à eux.
Les femmes, au cœur de l’aidance : un rôle prépondérant à souligner
“Les femmes ont tendance à prendre en charge les tâches domestiques et l’éducation des enfants, rôles qui leur seraient naturellement destinés. L’aidance va donc venir s’ajouter à ces différents rôles qu’elles ont déjà. Cette “mission d’aidance” crée une pression et une fatigue supplémentaires, notamment pour les mères à la tête de familles mono-parentales.
Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide
Les femmes aidantes sont légèrement surreprésentées par rapport à la population française, représentant 54 % des aidants, contre 52 % dans la population générale. Plus de la moitié d’entre elles doivent jongler entre leur activité professionnelle et leur rôle d’aidante. Ce rôle est d’autant plus prépondérant qu’elles sont 70 % à déclarer être l’aidante principale et 26 % à aider plusieurs personnes simultanément.
En comparaison avec les hommes, elles sont également plus impliquées dans divers aspects du soutien : 63 % des femmes apportent un soutien moral à leur proche, contre 53 % des hommes aidants. Des écarts notables existent également dans l’accompagnement des proches pour les déplacements (57 % des femmes contre 46 % des hommes), l’aide au suivi des comptes et aux formalités administratives (53 % des femmes contre 39 % des hommes), et l’organisation des relations avec les professionnels de santé (49 % des femmes contre 36 % des hommes).
Les femmes ont tendance à assumer plus que les hommes les tâches administratives, comme le suivi des comptes et autres démarches techniques de leurs proches. C’est l’écart de points le plus significatif dans ce baromètre. Ces chiffres montrent que les femmes assurent globalement plus de missions au quotidien auprès de leurs proches que les hommes, et ce, dans tous les domaines.
Corinne Benzekri, Présidente du Collectif Je t’Aide
Qui sont les aidants ?
- 1 personne sur 4 est aidante en France
- 54% de femmes
- Une majorité a plus de 35 ans : 21% ont entre 35 et 49 ans, 28% entre 50 et 64 ans, 23% ont 65 ans ou plus
- 58% sont actifs
- 53% des aidants aident un proche en situation de dépendance, 36% un proche malade (maladie grave, chronique, invalidante) et 23% un proche en situation de handicap
- 47% aident un de ses parents
- 77% viennent en aide à une seule personne
- 23% sont multi-aidant.es, dont plus des ¾ déclarent que leur proche aidé vit à leur domicile et 16% endossent seuls ce rôle. Parmi eux, 38% sont de jeunes aidants (25 à 34 ans)
- 32% des aidants aident depuis 1 et 2 ans, et 35% aident entre 3 et 5 ans, donc 67% des aidants aident entre 1 et 5 ans
- Un accompagnement se traduisant avant tout par un soutien domestique et moral (respectivement 59% et 58%)
Cet article a été publié par la Rédaction le