Un nouveau confinement jusqu’à début décembre a été enclenché par le gouvernement depuis quelques semaines. Malgré des annonces revendiquées « plus souples », les seniors et personnes vulnérables ont, pour certains, l’impression que ce confinement leur est dédié. Une situation qui présente des pour et des contre.
Le 28 octobre dernier, le Président de la République Emmanuel Macron a annoncé un confinement national qui permet tout de même aux actifs de se rendre sur leur lieu de travail quand cela est indispensable. Il a aussi insisté sur l’importance de garder les seniors et les personnes vulnérables à distance de façon à préserver leur santé. Des annonces reçues par certains comme celles d’un « confinement partiel et ciblé », qui fait débat chez les seniors. Des pour et des contre ? C’est l’heure de faire le point !
Un confinement qui cible les inactifs ?
Lors de son allocution, Emmanuel Macron est clair : « Il faut préserver la population et en priorité la santé des personnes âgées et des personnes vulnérables tout en gardant l’activité économique et sociale du pays« . Cependant, pour nombre de Français et notamment les seniors, ces déclarations signifient : « Si vous n’avez pas de raison valable, à titre professionnel, de sortir de chez vous… Ne sortez pas. » Un raccourci qui a fait bondir plus d’un senior.
Encore très marqués par l’isolement qui leur a été imposé au printemps dernier, les seniors et personnes inactives se sentent, encore une fois, exclus. En effet, si pour ne pas être entièrement confinés il faut travailler, les seniors retraités ne sont pas concernés. « Penser à notre place pour préserver notre santé, c’est bien, mais nous ne sommes pas moins irresponsables que ceux qui vont travailler. Ce n’est pas parce qu’on fait parti des « vieux » qu’on ne peut plus réfléchir« , confie Mireille, 82 ans confinée à domicile à Clermont-Ferrand.
Les seniors en EHPAD ont aussi pris ces annonces comme un message personnel. « Une demande supplémentaire d’effort qui n’est pas appliquée à tous« , râle Michel, 82 ans confiné dans un EHPAD en Normandie. Pour les personnes qui vivent en établissement spécialisé, les sorties et la vie collective font partie intégrante de leur bien-être. Cependant, des mesures sanitaires strictes et renforcées suivent les directives gouvernementales, ce qui entraîne un isolement un peu plus prononcé de cette partie de la population.
Cependant, le gouvernement est clair, ce confinement ne cible personne en particulier, il protège. Vouloir confiner une partie de la population à défaut d’une autre serait, comme l’exprime Emmanuel Macron « anticonstitutionnel« .
Des attentes de confinement plus strictes pour les personnes vulnérables ?
Ce deuxième confinement suscite de nombreux questionnements de la part des seniors, mais aussi des professionnels. Même si la moyenne d’âge des personnes admises en réanimation est de 62 ans, les médecins soulignent des incohérences et Jérôme Salomon, directeur général de la santé, déplore un reconfinement pas assez efficace. En effet, en laissant les établissement scolaires ouverts, les activités salariales en présentiel possible et les visites en EHPAD autorisées, le virus a encore de nombreuses possibilités pour être transmis.
Lire aussi : Reconfinement : que doivent retenir les seniors ?
Pour pouvoir réguler le nombre de cas positifs au Coronavirus, des mesures plus strictes de confinement sont attendues. Une problématique difficile à gérer pour le gouvernement qui entend l’appel des médecins pour un confinement plus ferme, mais doit aussi gérer les revendications des seniors et des personnes vulnérables qui ne veulent pas revivre l’isolement.
À noter : D’après le conseil scientifique Covid-19, en France, 22 millions de personnes seraient considérées comme « cas vulnérables ».
Un débat relancé sur la situation des seniors
Confinement ciblé ou non, les seniors sont déterminés à prendre la parole et à ne pas rester dans le l’ombre. Qu’ils soient à domicile ou en EHPAD, les seniors revendiquent de plus en plus leur besoin de liberté et surtout d’indépendance. Alors pour ou contre un confinement plus strict pour la partie la plus fragile de la population ?
Pour
Même si cette option est jugée « anticonstitutionnelle », elle permettrait de limiter la propagation du virus et ainsi protéger de façon plus efficace les Français considérés « vulnérables ». Ceci serait aussi un moyen de désengorger les hôpitaux et centres de réanimations qui sont débordés et en manque de matériel et de place.
Contre
Des personnes isolées ! La réponse est assez évidente. En effet, l’isolement est un sujet majeur qui a grandement émergé à la suite du premier confinement. Il a été vécu pour certains comme un « emprisonnement ». Les seniors et personnes vulnérables se sont senties seules et coupées du monde. Outre l’aspect physique et sanitaire, ces personnes demandent que le gouvernement prenne en compte la partie psychologique qu’entraîne cette mise à l’écart. Être coupé de ses proches peut amener à un certain laisser-aller et une baisse de moral qui peut même être fatale.
Lire aussi : [Dossier] Suspicion d’un nouveau confinement : un retour vers l’isolement pour les seniors ?
Le ministre de la Santé Oliver Véran se positionne
« Confiner les citoyens à partir d’un certain âge n’est pas le scénario que nous envisageons. » Voilà ce qu’a déclarer Olivier Véran, le ministre de la Santé. Une déclaration claire qui souligne le rejet complet du gouvernement d’imposer un confinement sévère aux personnes âgées.
Ces propos sont soutenus par Gabriel Attal au micro d’Europe1/Les Echos/Cnews qui insiste que cette hypothèse ne serait pas « éthique et objectivement compliquée. » En effet, « c’est parfois méconnaître la situation de beaucoup de personnes âgées qui ne vivent pas seules et qui vivent avec parfois plusieurs générations de la même famille dans le même appartement« , complète-t-il.
Jean Castex devrait s’exprimer à nouveau ce soir, pour annoncer un confinement plus sévère, peut être avec un couvre-feu cumulé ou une prolongation de la période qui pourrait aller jusqu’à mi-décembre d’après France Info.
Cet article a été publié par la Rédaction le