D’après un sondage OpinionWay pour Médicharme, les personnes âgées refusent d’être ensevelies dans le virtuel. Alors que la crise sanitaire connaît un nouveau pic en France, le groupe d’EHPAD Medicharme est convaincu que le grand âge mérite la plus grande attention.
Le groupe d’établissements Ehpad dévoile aussi les résultats d’un sondage avec OpinionWay et commentés par le sociologue Ronan Chastellier.
Des nouvelles technologies qui desservent les rencontres réelles
D’après les résultats du sondage OpinionWay pour Médicharme mené en septembre dernier, 57% des Français pensent que les nouvelles technologies et les visioconférences en favorisant les contacts virtuels avec les personnes âgées limitent les rencontres avec eux en réel.
L’interposition de technologie entre nous et nos aînés via les écrans, les
Ronan Chastellier, sociologue
visioconférences etc, si elles permettent un maintien du contact, créent aussi une illusion de proximité qui est factice, un manque d’humain et d’être en chair et en os. Lequel est renforcé de façon dramatique par le Covid, qui interdit le contact direct avec les proches.
81% des Français estiment qu’aujourd’hui, on a un peu tendance à oublier les personnes âgées car on est trop tourné vers la modernité, les réseaux sociaux, la technologie.
Il y a une vraie désynchronisation entre, d’un côté, ceux qui sont dans l’hyperactivité, le temps court et les personnes âgées qui incarnent le temps long. Si les personnes âgées ont le sentiment d’être un peu dépassées, c’est aussi que cette course à la technologie et à la modernité pousse à « oublier », ce qui est plus ancien, ce qui est de l’ordre du passé. Être « dépassé » est un signe de vieillesse dans un monde nécessairement jeune. Il y a un besoin de jeunisme, une idéologie de la jeunesse qui pousse à oublier ou à mettre entre parenthèses les personnes âgées.
Ronan Chastellier
Une prise en charge des seniors en baisse
59% des Français estiment qu’on s’occupe moins bien des anciens qu’autrefois.
L’impression est celle d’une moindre présence auprès des anciens, moins de temps et d’attention, dans une tradition d’écoute des anciens peut-être un peu perdue. La focalisation sur la technologie, la modernité etc. ne pousse pas à prendre beaucoup en considération les anciens et le monde d’avant, cela créant un hiatus. Peut être que les anciens font aussi les frais d’une forme d’égoïsme économique, d’un engagement dans la vie économique et d’hyper activité qui leur laisse peu de temps. Il y a aussi l’éloignement et la dispersion géographique des proches (enfants/petits-enfants), lié aux contraintes professionnelles.
Ronan Chastellier
La crise sanitaire a déclenché une prise de conscience collective
Pour 66% des Français, la crise du coronavirus a fait prendre conscience aux Français de l’isolement des personnes âgées.
Les personnes âgées sont dans une certaine invisibilité et marginalisation sociale. Avec la crise du coronavirus, le fait de devoir les isoler encore plus pour les protéger a fait prendre fortement conscience de l’isolement des personnes âgées et montré de manière crue et médiatique leur vulnérabilité comme à chaque crise.
Ronan Chastellier
Pour 57% des 18/34 ans la crise du coronavirus a renforcé le lien générationnel entre les plus âgés et les plus jeunes.
S’il y a eu un sentiment de relégation, d’infantilisation pour les plus âgés, brutalement projetés dans la catégorie des personnes vulnérables et donc d’une certaine manière « diminués », « minorés », la crise covid 19 a aussi polarisé l’attention sur les plus fragiles, les a remis au centre de l’attention. Les plus jeunes se protégeant pour ne pas faire courir de risque aux plus âgés, ayant créé une véritable « chaine » générationnelle.
Ronan Chastellier
64% des Français ont pu mesurer la difficulté de s’occuper de personnes âgées.
A la fois la fragilité des personnes âgées et la difficulté à s’en occuper ont été montrées, comme régulièrement à chaque crise sanitaire. Cette façon de donner un coup de projecteur sur une population fragile, a dramatisé ponctuellement le sujet sans pour autant permettre une vraie prise de conscience de la situation des personnes âgées, de l’enjeu de la dépendance. Il y a un effet de bienveillance généralisée, mais fait-on assez pour le 4ème âge ?
Ronan Chastellier
Une volonté d’être plus à l’écoute des ainés
64% des Français auraient mauvaise conscience à placer une personne âgée dans un Ehpad.
Toujours ressenti comme une décision difficile à prendre, un arrachement, jusqu’à quand peut-on prendre soin chez eux de ses aînés, jusqu’à quel niveau de soin, probablement une lutte entre ce qu’on pense pouvoir faire par soi même et la réalité des soins.
Ronan Chastellier
76% des Français estiment qu’on n’écoute pas assez la parole et les conseils des ainés pourtant réputés plus sages.
Il y a un désir d’authenticité fort dans notre société. Les aînés incarnent la tradition, le bon sens, la sagesse et l’expérience, autant de qualités dont on se souvient dès lors qu’on est dans une période difficile. Les aînés constituent une « autorité », qui va au delà du présent, qui joue le rôle d’une continuité, si bien que le côté intergénérationnel est recherché pour ses bonnes valeurs, la vertu au sens un peu antique du terme ; les moments passés avec les aînés ou les anciens sont considérés comme vrais, authentiques, d’une simplicité positive.
Ronan Chastellier
Cet article a été publié par la Rédaction le