A la Une du dernier numéro de la Revue du Trombinoscope : la Silver Economie, ses enjeux économiques et sociétaux. Plusieurs personnalités portent des regards croisés sur la loi vieillissement, entrée en vigueur en janvier 2016, et font part de leur vision de l’avenir d’une société vieillissante.
Des mesures en faveur de l’autonomie des âgés
Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des personnes âgées et de l’autonomie, revient sur la loi adaptation de la société au vieillissement. « C’est aussi une loi d’anticipation sur les générations futures », souligne-t-elle, rappelant les enjeux à long terme de cette évolution démographique. On retiendra le déblocage d’une enveloppe de 25 millions pour les services d’aide à domicile, qui permet aux personnes dépendantes d’accéder à une heure de service supplémentaire par jour ou par semaine (selon le degré de perte d’autonomie), ainsi que la création du statut de « proches aidants » et la reconnaissance d’un droit au répit pour ces derniers. 
L’adaptation de la société au vieillissement, c’est également une réflexion autour du logement, et de la problématique fondamentale de la perte d’autonomie des personnes âgées. Daniel Gremillet, sénateur Les Républicains des Vosges, souligne le manque considérable de logements adaptés aux âgés en perte d’autonomie, qui sont pourtant une condition indispensable non seulement au maintien à domicile des âgés mais également à leur inclusion sociale. Il regrette le « manque d’ambition » de la loi en la matière : « Les solutions existent, affirme-t-il, et j’attends de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement qu’elle les mette en oeuvre. »
Georges Labazée, sénateur socialiste des Pyrénées-Atlantiques, se déclare fier du rôle qu’il a joué dans le vote de la loi vieillissement; pour lui, la loi ASV est avant tout une loi « responsable ». Elle consacre « un principe fort, celui du respect du choix de la personne âgée : le choix de son logement, de son consentement, de sa représentation ».
Ce choix ne saurait être garanti sans une offre suffisante de logements adaptés; la loi prévoit ainsi pour les « résidences autonomies » (anciennement logements-foyers) une aide financière, le « forfait autonomie », destinée à l’aménagement de ces structures afin de garantir une meilleure prise en charge et une plus grande autonomie des âgés.
La Silver économie, un facteur de développement économique
Les enjeux du vieillissement de la population sont également économiques. Xavier Breton, député Les 
Républicains de l’Ain, observe que « sur le seul volet de l’aide à la personne, dans le cadre du maintien à domicile, plus de 200 000 emplois pourraient être créés d’ici 2020. » La Silver Economie est donc un véritable levier pour le développement de l’emploi, que l’Etat devra néanmoins appuyer davantage afin d’en faire un facteur de développement économique, et de permettre à ceux qui le désirent d’accéder à la formation adéquate.
Bérangère Poletti, députée Les Républicains des Ardennes, souligne l’importance d’une plus grande intégration des nouvelles technologies dans la vie des personnes âgées en pleine perte d’autonomie. Selon elle, la France pourrait s’inspirer avec profit des politiques publiques des Pays-Bas, de la Suède et des Etats-Unis en la matière, en dépit d’une « sensibilité culturelle » française en faveur de l’aide humaine. Elle préconise ainsi une « industrialisation majeure » de l’innovation. Chantal Guittet, députée SRC du Finistère, estime bien au contraire que l’accent doit être mis sur les « liens sociaux de proximité »; selon elle, les relations virtuelles ne devraient donc pas prendre le pas sur le vrai contact humain.
Un nouveau regard sur le vieillissement : vers une « silver citoyenneté »
Selon Fanny Dombre-Coste, députée SRC de l’Hérault, la force de cette loi réside avant tout dans le fait qu’elle représente un « changement de paradigme, une nouvelle vision du vieillissement, plus heureuse, optimiste et bienveillante. » Son impact serait donc avant tout sociétal, elle est la manifestation d’un changement de mentalité. Joëlle Huillier, députée SRC de l’Isère, se range à cet avis : cette loi, selon elle, perme
ttrait « d’assumer un regard positif sur la personne âgée », en lieu et place du stigmate généralement attaché au vieillissement dans notre société. Les seniors représentent un véritable atout humain, étant souvent impliqués dans le milieu associatif, et leur engagement auprès des jeunes en service civique est désormais salué par une « attestation de tutorat ».
Pour Jérôme Pigniez, organisateur notamment de la Silver Night, nous assistons à l’apparition d’une véritable « silver citoyenneté », qu’il définit comme « la conscience, dans le cadre de la transition démographique, de toutes et tous appartenir à un même environnement intergénérationnel, ce qui implique des droits et des devoirs tels que le droit de bien vieillir, le devoir d’éthique, le respect du libre choix des consommateurs, etc. »
Ce numéro du Trombinoscope consacré à la Silver économie témoigne de l’intérêt porté par les acteurs du monde politique à la filière- fait logique- étant officiellement soutenue par le gouvernement . On peut néanmoins se féliciter que la filière Silver économie, à l’instar de la loi ASV, est plébiscitée par l’ensemble de la classe politique tous bords confondus.
Ceci étant dit, n’oublions pas qu’une filière économique est avant tout constituée d’acteurs économiques. Si le rôle du politique est important, le rôle des entrepreneurs reste essentiel.
Cet article a été publié par la Rédaction le