Le 25 mai, le Gouvernement a lancé un « Ségur de la Santé » avec l’ambition annoncée de « refonder » notre système de santé, par la mise en place « d’une organisation du système de santé fondée sur le territoire et intégrant hôpital, médecine de ville et médico-social ». L’ADMR, 1er réseau associatif français de service à la personne, apporte sa contribution et formule 15 propositions réparties selon 4 grands piliers.
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Selon la constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), la santé est « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » et représente « l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soit sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale ».
Cette réforme ne doit donc pas se limiter à une transformation de l’hôpital ; mais faire preuve d’une ambition plus large ; elle doit prendre en compte la totalité des acteurs concourant à la prise en charge de la santé des citoyens au sens de l’OMS et dont les professionnels de l’aide et du soin à domicile font partie.
Il s’agit de repenser l’articulation avec l’hôpital, la ville et le domicile en lien avec le projet de loi Grand âge et autonomie.
L’articulation entre les hospitalisations des personnes âgées et la prise en charge à domicile doit impliquer un ensemble d’acteurs et de dispositifs aujourd’hui bien trop éloignés les uns des autres.
Selon une étude de la DRESS : « Le taux de recours aux urgences est plus élevé aux âges extrêmes de la vie. La fragilité physique, psychique ou socio-économique augmente également avec l’âge (Sirven, 2016). L’admission en service d’urgences survient la plupart du temps à la suite d’un état de crise ayant pour origine des causes médicales mais également sociales (isolement social, manque de ressources, perte de mobilité…) ».
Preuve qu’une réponse hospitalocentrée qui exclurait ainsi une partie de la solution, ne couvrirait au final qu’une partie des ambitions que le Ségur de la Santé s’est fixée.
Pour que cette réforme soit en capacité d’abattre les cloisons entre le monde de l’hôpital, de la ville et celui du domicile, l’ADMR formule ses propositions.
Marie-José Daguin, Présidente de l’Union nationale ADMR et Thierry d’Aboville, Secrétaire général de l’ADMR
Pilier n°1 : Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent
Proposition 1
Accorder la même urgence et la même importance à la valorisation des métiers du domicile qu’à celle des métiers du secteur hospitalier.
Proposition 2
Reconnaître et financer les missions de prévention des services à domicile de manière pérenne. Le financement au projet,par la Conférence des financeurs, ne permet pas de déployer une politique de prévention à long terme.
Proposition 3
Permettre aux services de soins à domicile d’accueillir des étudiants sages-femmes, infirmiers ou kinésithérapeutes en service sanitaire dont l’objectif est de former tous les futurs professionnels de santé aux enjeux de la prévention.
Proposition 4
Décloisonner certains métiers de l’aide et du soin. Le cloisonnement entre aide et soins est présent tant dans la définition des missions que peuvent exercer les services à domicile que dans les métiers.
Proposition 5
Le proche aidant est aussi celui qui « soigne ». Il faut donc renforcer le soutien aux aidants : structurer des solutions de répit, rendre accessible l’hébergement temporaire, limiter le reste à charge des solutions de répit, etc.
Pilier n°2 : Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins
Proposition 6
Impulser une refonte des modes de rémunération des professionnels de santé et du financement des structures ; il s’agit de ne plus se limiter à la rémunération des actes mais de prendre en charge plus globalement le parcours.
Pilier n°3 : Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes
Proposition 7
Repenser la coopération entre la ville, l’hôpital et l’intervention au domicile en simplifiant notamment les multiples dispositifs de coordination (MAIA, PTA, DAC, etc.).
Proposition 8
Limiter la fragmentation des interventions ; en effet, elle affecte l’efficacité des mesures de prévention des risques et la qualité de vie au travail des professionnels et peut être considérée comme une source de maltraitance pour les personnes accompagnées.
Pilier n°4 : Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers
Proposition 9
Inclure les structures médico-sociales dans toutes les CPTS.
Proposition 10
Confier aux services d’aide et de soins à domicile l’accompagnement des patients lors de téléconsultations.
Proposition 11
Lancer une dynamique de création et de soutien des centres de santé sur les territoires.
Proposition 12
Assurer l’interopérabilité de l’ensemble des systèmes d’information pour faciliter la coordination entre le secteur sanitaire, médico-social et imposer la portabilité des données aux éditeurs de logiciels.
Proposition 13
Accorder plus de souplesse aux acteurs du sanitaire et du médicosocial pour organiser de façon agile et réactive la réponse aux besoins de santé d’un territoire (ex. : mettre en place des équipes volantes, des équipes dédiées au retour à domicile, binôme d’intervention, etc.).
Proposition 14
Créer un métier de Coordinateur de parcours à domicile pour organiser la prise en charge des personnes, notamment lors des entrée/sorties d’hôpital.
Proposition 15
Élargir les motifs et les conditions de prise en charge conjointe d’un patient par les Ssiad et les établissements d’hospitalisation à domicile (HAD) comme cela a pu être autorisé pendant la crise sanitaire.
Cet article a été publié par la Rédaction le