Le vieillissement de la population pose des défis majeurs en matière de sécurité routière, notamment pour les seniors. Si la conduite est synonyme d’autonomie et de qualité de vie, elle peut devenir risquée avec l’âge en raison de la diminution des réflexes et des capacités physiques. Pour garantir leur sécurité et celle des autres usagers, plusieurs solutions peuvent être envisagées.
Sécurité routière : des remises à niveau adaptées aux seniors

Des cours spécifiques pour rafraîchir les connaissances des seniors sur le code de la route sont une initiative clé. Par exemple, dans les Côtes-d’Armor, les journées “Ma conduite en toute quiétude” ont permis à des conducteurs de plus de 60 ans de participer à des ateliers éducatifs, comme l’apprentissage des ronds-points ou la maîtrise du constat à l’amiable.
Ces formations visent à rassurer les conducteurs sur leurs compétences tout en leur fournissant des outils pour adapter leur conduite aux changements de leur condition physique. Comme le souligne Sarah Oger, chargée de prévention au CIAS, ces initiatives aident à travailler des aspects tels que les angles morts ou les temps de réaction, souvent altérés avec l’âge.
Des associations et assureurs proposent également des stages combinant théorie et pratique. Ces formations couvrent des sujets variés : ajustement du véhicule, impact des médicaments sur la conduite, ou encore gestion des situations complexes. L’accent est mis sur une approche bienveillante et non culpabilisante pour encourager les seniors à s’inscrire.

D’ailleurs la Sécurité Routière avait, dès 2017, émis des préconisations dans un livre blanc, avec un focus sur les seniors.
Les 10 propositions du livre blanc ont pour but de maintenir et sécuriser la mobilité de tous, en particulier des seniors, afin de maintenir leur autonomie (préconisation n°6) :
- Intégrer des critères liés à l’état de la route et de ses équipements dans les statistiques d’accidentalité.
- Généraliser les enquêtes techniques indépendantes à l’ensemble des accidents de la route.
- Etablir une cartographie annuelle de l’état des routes et de ses équipements.
- Utiliser les crédits formation pour renforcer les compétences techniques des gestionnaires de voirie en matière d’équipements de la route.
- Organiser une opération nationale de remplacement de la signalisation routière installée sur le territoire français depuis plus de 20 ans.
- Créer une commission « séniors et sécurité routière » pluridisciplinaire au sein du Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR).
- Nommer un délégué interministériel pour favoriser la synergie entre tous les acteurs impliqués dans la route de 5ème génération.
- Déployer la Route de 5ème Génération en donnant la préférence à l’exploitation intelligente des infrastructures existantes.
- Nommer un membre du Syndicat des Equipements de la Route pour siéger au Conseil National de la Sécurité Routière (CNSR).
- Rapprocher la Délégation à la Sécurité et à la Circulation Routières (DSCR), et la Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGITM).
Favoriser l’entraînement cérébral et cognitif
Des études, comme celle menée par l’Université d’État de Pennsylvanie, montrent que l’entraînement cognitif peut prolonger la capacité des seniors à conduire en toute sécurité. Les participants ayant suivi des exercices de raisonnement ou d’attention partagée avaient jusqu’à 70 % de chances en plus de conduire encore 10 ans après le début de l’étude.
Outre ses bienfaits sur la conduite, cet entraînement contribue à limiter l’isolement social, réduisant de 51 % les cercles sociaux des seniors qui cessent de conduire. Maintenir leur mobilité a donc un impact direct sur leur santé mentale et physique.
Les systèmes avancés d’aide à la conduite (ADAS) comme le freinage automatique d’urgence, les détecteurs d’angle mort ou l’assistance au stationnement sont particulièrement utiles pour les conducteurs âgés. Ces dispositifs compensent certaines limitations physiques ou cognitives et réduisent les risques d’accidents.
Adapter les infrastructures routières : des routes pensées pour les seniors
Les infrastructures routières actuelles ne répondent pas toujours aux besoins des conducteurs âgés. Parmi les obstacles rencontrés figurent :
- La complexité des panneaux de signalisation ;
- Le manque de lisibilité des marquages au sol ;
- L’entretien insuffisant des panneaux et des indications.

Une route mieux entretenue et signalée permettrait aux seniors de circuler en toute confiance. L’implication d’acteurs comme le Syndicat des Équipements de la Route (SER) est essentielle pour rendre les routes plus inclusives.
Une mobilisation collective nécessaire
Améliorer la sécurité routière des seniors nécessite une approche globale impliquant l’État, les collectivités, les professionnels de la route et les associations. En combinant des efforts sur la formation, l’entraînement cognitif, les aides technologiques et l’adaptation des infrastructures, il est possible de garantir aux conducteurs âgés une mobilité durable, sûre et respectueuse de leur autonomie.
Les seniors sont des usagers précieux de la route, et leur sécurité est un enjeu sociétal qui doit devenir une priorité partagée.
Cet article a été publié par la Rédaction le