Depuis le décret du 13 juillet 2023 les services autonomie à domicile vont se créer en remplacement des SAAD, SSIAD et SPASAD existants. À l’occasion du Festival SilverEco Bien-Vieillir 2024, le Département de la Mayenne, le SYNERPA Domicile et le Pôle Service à la Personne PACA ont échangé sur un des enjeux actuels du secteur : l’amélioration de l’attractivité des métiers du secteur des services à la personne (SAP) et des soins aux personnes âgées à domicile.
Les services d’accompagnement à domicile pour les personnes âgées se déclinent en plusieurs structures complémentaires : les SAAD, qui offrent une aide quotidienne, les SSIAD, axés sur les soins infirmiers à domicile, et les SPASAD, combinant ces deux approches pour un accompagnement global.
Leurs missions sont d’organiser l’accompagnement à domicile en aidant dans les activités et tâches quotidiennes, de répondre aux besoins de soins infirmiers réguliers et de jouer un rôle de prévention et de soutien auprès des aidants des personnes âgées et des personnes en situation de handicap.
« SAP : Attractivité des métiers du grand âge et approche de guichet unique des SPDA » échanges experts avec la participation de :
- Olivier RICHEFOU, Président du Département de la Mayenne
- Nicolas HURTIGER, Président de Synerpa Domicile et Co-Fondateur du Groupe Zephyr
- Gilles PIAZZA, Président du Pôle Services à la Personne PACA
Et animé par : Fahrudin Bajric, Directeur du Pôle Services à la Personne PACA
Pour Olivier Richefou, Président du Département de la Mayenne, deux mesures clés peuvent renforcer l’attractivité des métiers du « care » : la dotation qualité autonomique pour les services d’aide à domicile permettant de stabiliser les tarifs horaires à environ 31€ et le soutien à la mobilité avec une prise en charge de 50% du coût de location de véhicules électriques, facilitant les déplacements des aides à domicile.
Responsable d’un territoire rural, Olivier Richefou, insiste sur le fait que l’aide à domicile est majoritairement assurée par le secteur associatif.

Les enjeux cruciaux liés à l’attractivité des métiers du « care »
Nicolas Hurtiger, quant à lui, Président de Synerpa Domicile et Co-Fondateur du Groupe Zephyr, souligne la crise d’attractivité des métiers du care, exacerbée par des facteurs tels que l’évolution démographique, la pandémie, et des exigences accrues des travailleurs.
Malgré les efforts en qualité de vie au travail (formation, primes, innovations), les taux de turnover et d’absentéisme restent élevés. Il plaide alors pour le recrutement élargi via la reconversion professionnelle (caissiers, militaires) et l’immigration raisonnée. Le représentant du Synerpa Domicile insiste sur l’importance de la formation et sur la complexité accrue des processus de recrutement.
Les métiers du soin et de l’accompagnement peinent à attirer des candidats, notamment en raison du manque de reconnaissance professionnelle, de la faiblesse des perspectives de carrière et de la mobilité professionnelle et des conditions de travail éprouvantes (absentéisme, usure professionnelle).
Pour faire face à ces problématiques, le secteur se concentre sur la formation et insertion professionnelle, en améliorant la lisibilité des parcours professionnels et la qualité des dispositifs d’accompagnement. Plus important encore, le secteur souhaite améliorer la qualité de vie au travail en adaptant l’organisation aux contraintes personnelles, réduire l’usure professionnelle et renforcer l’intégration des nouveaux employés. En dernier point, les métiers du « care » doivent faire face à une politique salariale claire en rendant visibles les opportunités d’évolution de carrière et les niveaux de rémunération.
Nécessité de lieux ressources par département
Sous-représentés à l’échelle nationale, les métiers du « care » doivent avoir des « lieux totem » pour rendre visibles les métiers de l’autonomie et leurs parcours de formation, offrir des réponses concrètes aux questions sur le financement des formations et sur les emplois disponibles et permettre aux professionnels de se rencontrer, de partager leurs expériences et d’accéder à des ressources.
Réforme des services d’autonomie à domicile
Le projet d’unification des services d’aide et de soins à domicile suscite des réticences, notamment sur la coexistence des modèles de financement (à l’heure ou à la dotation). Deux problèmes ont été identifiés par les acteurs du secteur :
- les acteurs souhaitent souvent maintenir leurs structures actuelles sans les fusionner,
- le modèle actuel de GCSMS (Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale) est jugé trop complexe
Dans ce cadre, il faudrait créer une clarification des compétences en faisant du département l’unique autorité pour délivrer les autorisations. Il serait nécessaire de simplification des financements en uniformisant les modes de financement pour éviter les incohérences. Et la troisième solution serait de créer une organisation territoriale par bassin de vie en encourageant les synergies locales entre les CPTS (Communautés Professionnelles Territoriales de Santé) et les DAC (Dispositifs d’Appui à la Coordination).
Les Services Publics Départementaux de l’Autonomie
La réforme des Services Publics Départementaux de l’Autonomie (SPDA), introduite par le PLFSS 2022 pour améliorer la coordination des services d’autonomie à domicile, suscite quelques inquiétudes. Pour Nicolas Hurtiger et Olivier Richefou, il existe des difficultés liées à la complexité administrative et à la multiplicité des structures. Ils insistent sur la nécessité d’une meilleure gouvernance locale et d’une simplification.
Pour Gilles Piazza, Président du Pôle Services à la Personne PACA, la coopération est essentielle mais difficile à mettre en œuvre sans une coordination efficace. Il appelle à une gouvernance claire et adaptable à chaque territoire.
Olivier Richefou, représentant d’un des 18 départements expérimentateurs du SPDA, insiste sur l’importance d’un interlocuteur unique pour les usagers et d’une flexibilité organisationnelle adaptée aux spécificités locales.
Cependant, il note des obstacles majeurs, comme la difficulté à partager les données entre acteurs (départements, Pôle Emploi, ARCCO, etc.) en raison de contraintes réglementaires. Il conclut en indiquant qu’il est irréaliste de généraliser le SPDA dès janvier 2024, plaidant pour un déploiement progressif.
SAP : Une collaboration public-privé ?
Nicolas Hurtiger et Gilles Piazza reconnaissent que les contraintes budgétaires, sociales et économiques forcent les acteurs à accélérer les réformes et encouragent la collaboration public-privé. Ils insistent sur la nécessité de dépasser les malentendus entre acteurs pour créer un dialogue constructif et collégial, aligné sur des objectifs sociaux communs.
« SAP : Attractivité des métiers du grand âge et approche de guichet unique des SPDA » : le replay
Cet article a été publié par la Rédaction le