L’idée de prendre sa retraite à l’étranger séduit de plus en plus de personnes à travers le monde. Un climat plus chaud, un coût de la vie moins élevé et une meilleure qualité de vie sont parmi les principales raisons qui poussent les retraités à quitter leur pays d’origine pour s’installer ailleurs. Cependant, cette aventure présente des risques sociaux souvent négligés, notamment celui de la solitude. Les retraités expatriés ont donc plus de chance de ressentir une solitude sociale ou émotionnelle selon une étude.

Retraités expatriés : Un phénomène en pleine croissance
L’étude menée par Esma Betül Savaş et ses collègues du Netherlands Interdisciplinary Demographic Institute (NIDI) souligne que le phénomène de la migration de retraités internationale est en pleine expansion, particulièrement en Europe, aux Etats-Unis et au Japon.
Les retraités néerlandais, par exemple, choisissent de vivre dans les pays plus chauds ou économiquement plus abordables, tels que l’Espagne, le Mexique ou la Malaisie, cherchant ainsi un mode de vie plus agréable. Cependant, cette migration n’est pas sans conséquences.
Solitude sociale contre solitude émotionnelle
L’étude distingue deux types de solitude : la solitude émotionnelle, liée au manque de relations intimes comme un partenaire ou un meilleur ami, et la solitude sociale qui résulte de l’absence d’un cercle social élargi un d’un sentiment de communauté. De manière générale, les retraités expatriés présentent des niveaux plus élevés de solitude sociale que ceux qui sont restés dans leur pays d’origine. Cela s’explique principalement par la difficulté à établir de nouvelles relations significatives dans un pays étranger.
En revanche, les niveaux de solitude émotionnelle ne sont pas significativement différents entre les migrants et les non-migrants, principalement parce que beaucoup de retraités partent vivre à l’étranger avec leur conjoint. Toutefois, les migrants qui ont perdu le contact avec leurs amis proches ou leurs enfants depuis leur départ affichent des niveaux élevés de solitude émotionnelle et sociale.
La difficulté de maintenir des liens pour les retraités expatriés
La perte de contact avec des membres de la famille, notamment les enfants adultes, est l’un des principaux facteurs qui augmente le risque de solitude émotionnelle. Le manque de visites régulières ou de contacts physiques rend le soutien émotionnel difficile à maintenir. De plus, les amitiés de longue date forgées dans le pays d’origine deviennent plus complexes à entretenir lorsque la distance est un obstacle majeur.

L’intégration sociale joue donc un rôle clé pour réduire la solitude sociale. Les retraités expatriés qui réussissent à tisser des liens avec leurs voisins et à développer un sentiment d’appartenance à leur nouveau pays rapportent moins de solitude sociale. Cela montre que la création d’un nouveau réseau social est possible, mais bien souvent difficile, particulièrement pour ceux qui ne maîtrisent pas la langue locale.
Recommandations pour les retraités qui envisagent l’expatriation
Pour ceux qui envisagent de passer leur retraite à l’étranger, il est essentiel de réfléchir à l’impact potentiel de ce changement de vie sur leur bien-être social. Il est conseillé de maintenir des contacts réguliers avec leur pays d’origine, que ce soit avec des amis proches ou des membres de la famille, tout en travaillant à s’intégrer pleinement dans leur nouvelle communauté. Savas souligne également que partir à l’étranger avec un partenaire semble être un facteur protecteur contre la solitude émotionnelle.

La retraite à l’étranger peut apporter une qualité de vie améliorée, mais elle présente aussi des défis liés à l’isolement social. Les retraités doivent être conscients des risques et prendre des mesures pour favoriser leur intégration tout en maintenant leurs relations d’origine. La recherche de Savas et ses collègues met en lumière l’importance de considérer ces aspects pour que cette nouvelle étape de la vie soit véritablement un “paradis” plutôt qu’un rêve brisé par la solitude.
Les retraités expatriés en France
En 2022, parmi les 15 049 171 retraités français (ceux percevant une retraite de base au régime général), 1 087 595 retraités français résident dans un pays étranger.
Source : l’Assurance Retraite
Cet article a été publié par la Rédaction le