En attendant la 9ème édition de SilverNight, les Trophées SilverEco 2017, nous vous proposons de revenir sur les lauréats de la précédente édition.
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En 2016, Pictome recevait le prix SilverEco de la Meilleure approche Design for All ; Samya Cidère, créatrice du projet Pictome, a accepté de partager son ressenti avec la rédaction de SilverEco.fr.
Quelle initiative avez-vous décidé de défendre à l’occasion des Trophées SilverEco 2016 ?
Il s’agit d’un projet d’accompagnement qui s’appuie sur des autocollants thérapeutiques adaptés aux troubles visuels classiques des personnes âgées, plus particulièrement aux troubles visuels de personnes atteintes de démences de type Alzheimer. L’idée était de mutualiser sur un support facile d’utilisation, qui réponde aux critères « Design for all », la catégorie dans laquelle je me suis présentée, ainsi qu’à l’ensemble des problématiques de la gérontologie et de l’habitat.
Quand ce projet a-t-il vu le jour ?
Je suis psychologue-clinicienne de formation ; cela fait cinq ans que je travaille dans des maisons de retraite, ou Ehpad, comme on dit aujourd’hui, dans les PASA (Pôle d’activités et de soins adaptés), des dispositifs qui accompagnent au quotidien des personnes âgées et souffrant de troubles cognitifs (démences de type Alzheimer ou apparentées).
Je m’étais rendue compte des difficultés qu’on avait dans l’accompagnement de ces publics, et l’idée était de pouvoir, en parallèle des ateliers thérapeutiques qu’on leur propose, créer un outil qui permette de faire avec eux, sur des activités en duos, et non pas faire à leur place. Ce que je constatais, c’était qu’ils restaient souvent statiques pendant les ateliers, alors que nous disposions d’espaces assez grands : un PASA, c’est une maison, une chambre, une salle de bain, une salle à manger, etc. L’idée est vraiment de s’approprier ces espaces et de s’y orienter plus facilement. On pourra par exemple leur faire trouver, dans la cuisine, les bons instruments, le café, le goûter, ce genre de choses, afin que ces personnes puissent vraiment, au même titre que les soignants, faire des choses sur les plans cognitif et physique.
En quelle année avez-vous développé votre solution ?
J’ai commencé par une étude un peu informelle ; il y a deux ans, j’ai commencé à réaliser les premiers prototypes en me servant des dispositifs dans lesquels je travaillais. Cela m’a permis de jauger l’efficacité de l’outil et de l’améliorer. Au début, je n’avais pas le support que j’ai aujourd’hui : j’ai un peu bidouillé, bricolé. Je me suis ensuite beaucoup documenté sur les normes d’accessibilité visuelles, et petit à petit, j’ai pu développé un outil simple d’utilisation, sur un support clef en main.
On a deux informations, le pictogramme et le mot. Le pictogramme permet un accès immédiat aux sens : le mot peut venir en éclaircir le sens, si besoin. D’autres personnes éprouvent des difficultés à lire et s’appuieront au contraire sur le pictogramme pour comprendre le mot. Il y a également un travail sur la forme, les contrastes, et sur le support lui-même : on doit pouvoir le poser soi-même, sans faire appel à un technicien, et sans avoir 36 outils comme du scotch, de la pâte à fixe, une imprimante et un accès internet pour imprimer les visuels… L’idée est de mettre à disposition des personnes une base de données exhaustive sur toutes les activités du quotidien, sur un support repositionnable sur n’importe quelle surface et dans n’importe quel lieu.
Aujourd’hui, qui peut utiliser vos autocollants ?
Cet outil est destiné à l’ensemble des personnes concernées par la perte d’autonomie : la personne atteinte d’une démence de type alzheimer, mais également son aidant familial, les enfants ou petits-enfants qui sont amenés à interagir avec elle, et les professionnels. Il a pour vocation d’harmoniser les pratiques entre ces trois acteurs.
Ce n’est donc pas destiné uniquement aux Ehpad
Non, effectivement. Je voulais que cet outil puisse être utilisé quel que soit l’endroit où l’on se trouve, au domicile, en institution… L’idée est vraiment de faciliter l’autonomie en aidant les personnes souffrant d’une déficience visuelle ou d’un trouble cognitif à s’orienter. C’est aussi un outil d’aide à la mise en lien pour les aidants, chez la personne qu’ils assistent ou chez eux, s’ils reçoivent leur proche le temps d’une après-midi. Il est également utile aux professionnels réalisant des ateliers à domicile ou en institution : je pense aux équipes spécialisées Alzheimer, en Ehpad ou autre structure d’accueil.
Êtes-vous très sollicitée depuis le lancement de Pictome? Comment votre solution a-t-elle été accueillie ?
Elle a été accueillie très favorablement par les professionnels, qui en voient clairement l’utilité : l’outil vient vraiment donner un sens à l’accompagnement thérapeutique, dans l’objectif de faire avec la personne, et pas sans elle. On est vraiment dans une démarche de prévention et de maintien des capacités physiques et cognitives des personnes. Ce qui attire, c’est aussi sa simplicité d’utilisation : il ne nécessite pas de mode d’emploi, d’adaptation ou d’apprentissage, ce qui représente un gain de temps et d’énergie.
Ça commence à se démocratiser du côté des aidants ; mais le vrai problème demeure au niveau de la communication, étant donné que je n’en ai pas vraiment les moyens financiers et humains. C’est la démarche de partenariat que j’ai mise en place cette année qui commence à porter ses fruits aujourd’hui.
Que représente pour vous ce Trophée SilverEco ?
Il s’agit déjà d’une grande satisfaction professionnelle, dans le sens où l’ensemble des candidats et des membres du jury ont une véritable expertise auprès des personnes âgées et des problématiques du vieillissement ; le fait que notre solution soit validée par des personnes qui travaillent sur ces problématiques depuis de nombreuses années, qui œuvrent pour développer des innovations en faveur du bien-vieillir, nous donne une légitimité et une confiance dans la suite de ce projet.
Sur le plan personnel, c’est également l’aboutissement d’un investissement important.
Qu’est-ce-que vous avez retenu de la soirée Silver Night ?
C’est un événement que j’ai trouvé convivial. C’est quelque chose que j’observais un petit peu de loin, mais bizarrement, je ne pensais pas que j’avais une place à jouer dans cette dynamique : pour moi, c’était axé sur les grandes entreprises et l’innovation technologique.
Le fait qu’une innovation sociale, portée par un individu (en l’occurrence, moi) puisse trouver sa place dans un dispositif comme ça m’a agréablement surprise.
Votre passage devant le jury, qu’est-ce que vous en avez retenu ?
Deux choses. C’était un très bon exercice : pitcher en quatre et sept minutes oblige à être concis, clair et direct, et cela me servira par la suite.
L’aspect technique était en revanche assez compliqué : il y avait eu un petit peu de retard, on n’avait pas le temps de se poser et on enchaînait tout de suite. Je pense que j’enlevais mon manteau en même temps que je présentais mon projet. Et on n’avait pas le compteur devant soi, donc c’était difficile de savoir où on en était pour le timing. Mais en définitive, l’exercice a porté ses fruits.
En sortant de la salle, vous pensiez avoir vos chances de remporter le Trophée ?
En sortant de la salle, j’étais perplexe : le discours que j’avais préparé n’était pas du tout celui que j’ai présenté devant le jury. La contrainte de temps a fait que le Powerpoint a été diffusé après et j’ai dû improviser… Mais je les ai sentis présents pendant ma présentation et j’avais l’impression d’avoir réussi à faire passer un message.
Je ne pensais pas nécessairement remporter le Trophée, principalement parce que je ne connaissais pas les autres membres de la catégorie dans laquelle j’étais inscrite. J’avais l’impression que nous étions une quarantaine et je me disais que tous ces projets avaient leurs chances.
Est-ce-que vous avez eu des retours suite à l’obtention de votre prix?
Oui ! Des encouragements, des félicitations. Je pense que j’ai gagné en visibilité auprès d’autres acteurs. Je pense que c’est toujours intéressant, les perspectives que ça amène. La soirée Silver Night m’a également permis d’identifier des acteurs de la Silver économie, de mettre des visages sur les grands noms de la filière.
Est-ce-que vous avez des conseils pour les candidats des prochaines éditions ?
Allez-y ! Ne serait-ce que pour connaître cette ambiance, et pour la préparation à l’exercice. L’événement est vraiment un tremplin, ne serait-ce qu’au niveau de la communication.
Cet article a été publié par la Rédaction le