En attendant la 9ème édition de SilverNight, les Trophées SilverEco 2017, nous vous proposons de revenir sur les Lauréats de la précédente édition.
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En 2016, Notre Temps-Bayard remportait le Trophée de la Meilleure initiative Loisirs/ Culture pour son initiative « Viens, je t’emmène… » ; retour sur l’évènement avec la rédaction de SilverEco.fr.
Quelle initiative avez-vous défendue à l’occasion des Trophées SilverEco 2016 ?
Il s’agit d’une opération qui consiste à inviter des personnes qui sont âgées et isolées à sortir de chez elles pour une sortie agréable. Pendant une semaine, nous invitons les particuliers, les associations, les villes et les entreprises à proposer une ou plusieurs sorties à des personnes isolées. Il faut que le projet soit à la portée de tout le monde, et toutes les initiatives sont intéressantes, que ce soit simplement inviter une personne à prendre un café, l’emmener au cinéma, ou une ville qui ouvre les portes de son théâtre pour un spectacle. Chacun peut faire des choses à sa mesure et toutes les idées sont les bienvenues.
L’événement dure une semaine pour maximiser son impact et sa visibilité. Nous déployons une communication conséquente, notamment au niveau des affichages : c’est beaucoup de travail pour une seule journée.
Comment l’idée vous est-elle venue ?
L’idée nous est venue d’un courrier très sensible, très pudique que nous avons reçu à la rédaction, d’une dame qui s’appelle Odette. Elle décrivait ce que vivent la plupart des gens de cet âge : ils ont souvent des enfants et des petits-enfants, qui s’occupent généralement bien d’eux, mais qu’ils ne voient pas très souvent. Ils peuvent passer des jours sans voir personne.
C’est une solitude quotidienne que beaucoup de gens vivent, mais dont ils n’osent même pas parler parce qu’ils ont de la famille avec laquelle ils s’entendent et ne pensent pas pouvoir se plaindre. Ce n’est pas facile et c’est ce dont témoignait cette personne, avec encore une fois beaucoup de pudeur et beaucoup de sensibilité. Cette dame voulait correspondre avec d’autres lecteurs, justement pour panser cette difficulté : son courrier a déclenché énormément de réponses. Cela nous a permis de prendre conscience qu’il s’agissait d’un sujet extrêmement sensible et très connu de l’ensemble des lecteurs, et sans doute de toute une génération.
C’est pour cette raison que nous avons eu envie de nous mobiliser pour attirer l’attention sur cette difficulté, en ouvrant notre magazine et notre site internet à toutes sortes d’initiatives pour lutter contre la solitude des personnes âgées. Notre objectif est de mettre en lumière les initiatives, qu’elles soient personnelles ou portées par des associations, car les porteurs de projet n’ont pas toujours les moyens de communiquer.
Combien de personnes ont participé à la première édition ?
Nous savions qu’il y avait déjà des gens engagés dans cette démarche, et nous nous sommes mis à la recherche de partenaires. Nous sommes allés à la rencontre d’associations comme Voisins solidaires, qui a créé la Fête des voisins il y a vingt ans. Nous nous sommes aussi rapprochés du réseau villes amies des aînés, qui compte une cinquantaine de villes, dont une trentaine très actives dans le cadre de l’opération, et des laboratoires Pierre Fabre, car la pharmacie représente un lieu de référence pour le public visé. Nous avons également contacté des enseignes de services à la personne, comme le groupe O2 : ils ont organisé, au sein de leurs agences, des goûters pour permettre aux gens de sortir de chez eux et de venir discuter le temps d’un thé. Il y a donc eu plein d’initiatives.
Dans le cadre de l’opération, nous demandons à ceux qui le souhaitent d’inscrire leur intention. Nous avons aussi édité des affiches, qui ont été distribuées massivement.
Quels ont été les réactions et retours des personnes ayant bénéficié de cette opération ?
Les retours par rapport à l’opération nous sont parvenus par l’intermédiaire de nos relais : dans les villes, nous avons eu beaucoup de retours positifs, les gens étaient très contents et ils l’ont fait savoir à leurs élus. En faisant la synthèse de tous ces retours, on constate que c’est l’attention, ou l’intention, qui les touche : on leur renvoie l’idée que leur message a été entendu et leur souffrance comprise, puisque c’est vraiment de souffrance dont il s’agit. Bien sûr, ils savent très bien que leur vie ne va pas changer du jour au lendemain : mais savoir qu’il y a une oreille bienveillante (c’est d’ailleurs un peu le rôle du psychologue), qu’ils ne sont pas seuls à vivre cette solitude, ils l’ont très bien vécu.
Avez-vous l’intention de renouveler l’initiative ?
Oui, bien entendu. Un point important : le but n’est pas de dire « on sort les personnes âgées une fois dans l’année ». Nous proposons une semaine pour pouvoir l’encadrer sur le plan médiatique, mais les initiatives peuvent se dérouler toute l’année. Certains interlocuteurs ont décidé de répéter l’opération une fois par mois, ou une fois tous les deux mois. Ce que nous voulons, c’est donner une impulsion et mettre en lumière.
Deuxième point : le lien intergénérationnel est également très important. Ce sont des générations qui vont à la rencontre d’autres générations. Lorsque la ville de Dijon a ouvert son théâtre, par exemple, elle donnait des places à des « couples » composés d’un jeune et d’une personne âgée.
Ce Trophée SilverEco, que représente-t-il pour vous ?
C’est une grande fierté, cela veut très clairement dire que notre opération a du sens, qu’elle est bien comprise par des personnes qui sont particulièrement sensibilisées aux questions des seniors et du vieillissement de la population. C’est une vraie forme de reconnaissance, dont nous sommes très fiers et très heureux.
Comment s’est passé votre passage devant le jury ?
Ma collègue Marie Auffret, qui a passé l’oral, était assez étonnée de la forme qu’a pris l’entretien, une forme d’examen auquel elle s’est soumise de bonne grâce. Elle avait le sentiment qu’il fallait qu’elle soit convaincante et que c’était du sérieux.
Avez-vous eu des retours suite à l’obtention du Trophée Silver Night ?
Oui, d’interlocuteurs, d’annonceurs qui étaient eux aussi présents ou concernés par ces prix. Nous l’avons largement diffusé dans la maison : nous somme une entreprise de presse, et nous avons donc beaucoup communiqué en interne sur ce prix, et un certain nombre de journalistes se sont posés beaucoup de questions sur cette nouvelle filière qu’est la Silver économie.
Pour notre part, nous travaillons au quotidien sur la prise en compte de besoins spécifiques liés à l’âge. Ce prix et la communication autour de ce prix, y compris en interne, nous a permis d’en parler d’avantage.
Avez-vous des conseils à donner aux futurs candidats ?
Bien préparer son dossier, être convaincu du bien fondé de sa démarche. Ce que m’a raconté Marie, c’est que oui, c’était impressionnant parce qu’il fallait faire ses preuves, mais que si on était clair sur ses objectifs, si on s’était mobilisé dans la bonne direction, on ne pouvait qu’être entendus. Je pense qu’il faut cibler très clairement ses objectifs et la raison d’être du projet. Si l’on est convaincu de ce que l’on fait et qu’on a vérifié la faisabilité de la chose, il n’y a pas de raison que cela se passe mal.
Cet article a été publié par la Rédaction le