Alors que la situation est critique pour de nombreuses structures et que les difficultés de recrutement vont croissantes, les acteurs privés du grand âge déplorent de ne pas être intégrés au choc d’attractivité de 1,1milliard d’euros annoncé par l’exécutif ce jeudi 31 août 2023. Une fois de plus, le secteur grand âge pâtit d’un système français hospitalo-centré et devra faire face à une concurrence déloyale sur le marché de l’emploi organisée par l’État si un plan équivalent n’est pas mis en place pour le secteur médico- social.
Depuis 2021 déjà, les dotations publiques ne permettent plus d’absorber l’évolution du coût des soins dans le secteur grand âge. En effet, en vertu de l’égalité devant les soins, ce sont les dotations publiques qui financent la rémunération des personnels soignants, et ce, quel que soit le statut de la structure. Or, en 2023, l’écart entre l’augmentation des salaires prévus par la convention collective et la revalorisation de la dotation atteint 8 % au détriment de nos établissements.
Cette insuffisance de dotations est d’autant plus dommageable qu’elle s’ajoute à des difficultés à la fois conjoncturelles – l’inflation – et structurelles – des besoins en recrutement immenses et en constante augmentation. Selon les estimations de la DARES, près de 350 000 postes seront à pourvoir d’ici 2030 : 200 000 dans les EHPAD et 150 000 dans le secteur du domicile.
Les acteurs privés du grand âge interpellent les pouvoirs publics pour que leur soient apportées des solutions pour répondre urgemment au choc d’attractivité dont a besoin le secteur. Leur attente est d’autant plus grande que l’abandon d’une loi grand âge et les très nombreux reports de la PPL bien- vieillir ont créé une forte inquiétude pour les professionnels du secteur. Dans ce contexte, le PLFSS 2024 jouera un rôle déterminant.
Nos viviers de recrutement sont les mêmes que pour le secteur hospitalier. À travers cette mesure, certes souhaitable pour l’hôpital public, le gouvernement organise une véritable concurrence déloyale au détriment des établissements médico-sociaux, ce qui va amplifier nos difficultés de recrutement. Nous demandons un plan d’urgence équivalent pour notre secteur déjà fortement fragilisé par une succession de crises, mais qui est pourtant indispensable pour faire face au vieillissement de la population et peut être pourvoyeur de nombreux emplois porteurs de sens et non délocalisables.
Jean-Christophe Amarantinis, président du SYNERPA
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