Le 1er décembre 2025 marquera un tournant décisif pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite en France. Annoncé par le gouvernement, le remboursement intégral des fauteuils roulants par l’Assurance Maladie et les complémentaires santé devrait simplifier l’accès à ces équipements indispensables. Une réforme qui concerne en premier lieu les personnes âgées, puisqu’elle constitue la majorité des usagers et pour qui le coût d’un fauteuil représente un frein majeur à leur autonomie.
Un équipement essentiel pour les personnes âgées
Aujourd’hui, plus d’un million de Français utilisent un fauteuil roulant, dont une grande partie des seniors souffrant de pathologies affectant leur mobilité : arthrose, maladie de Parkinson, AVC ou encore des affections cardio-vasculaires. Deux tiers des PMR sont des personnes âgées en France. Ainsi, le fauteuil roulant devient bien plus qu’un simple moyen de déplacement : il permet de préserver l’autonomie et d’éviter un isolement progressif, garantissant ainsi une meilleure qualité de vie.

Jusqu’à présent, le coût d’un fauteuil manuel pouvait atteindre jusqu’à 10 000 euros, tandis qu’un modèle électrique pouvait s’élever à 50 000 euros. L’Assurance maladie ne remboursait que 600 à 5 200 euros, laissant un reste à charge bien trop important pour les usagers. Un budget bien trop élevé, malgré l’aide des complémentaires santé et des dispositifs médicaux tels que la PCH (Prestation de Compensation du Handicap).
Ainsi, pour de nombreuses personnes âgées ayant déjà du mal à vivre avec leur retraite, ce coût restait un obstacle insurmontable, les obligeant soit à renoncer à un fauteuil adapté, soit à recourir à des aides associatives ou à des cagnottes en ligne. Ces démarches sont souvent vécues comme humiliantes, le regard des autres sur le handicap étant déjà une souffrance pour beaucoup.
Une réforme nécessaire mais soumise à des ajustements
L’annonce du remboursement à 100 % vise à mettre fin à cette situation et à garantir à chaque personne un accès à un fauteuil roulant adapté à ses besoins. Le coût de cette réforme est estimé à 160 millions d’euros pour l’État. Une somme conséquente mais justifiée par l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires. Cependant, la réforme prévoit également un prix limite de vente, ce qui signifie que seuls les modèles respectant cette grille tarifaire seront intégralement remboursés.

Les associations de défense des droits des personnes handicapées, comme APF France Handicap, ont exprimé leur inquiétude face à ce critère discriminant. Beaucoup de fauteuils roulants spécifiques, notamment ceux destinés aux pathologies plus complexes, risquent de ne pas être inclus dans la liste des équipements pris en charge, obligeant ainsi les usagers à financer eux-mêmes la différence.
Cette réforme, nous l’attendions depuis très longtemps. Il est temps de mettre fin au parcours du combattant afin d’obtenir le financement nécessaire à une aide à la mobilité qui est le prolongement du corps de tout utilisateur de fauteuil roulant. Il est temps que chaque utilisateur bénéficie du fauteuil roulant qui est lui est adapté afin de garantir sa santé, son bien-être, sa dignité, son autonomie et ainsi sa pleine participation sociale
Pascale Ribes, présidente d’APF France handicap
En réponse à ces préoccupations, le gouvernement a assuré qu’une prise en charge spécifique des fauteuils les plus sophistiqués sera possible sous certaines conditions, notamment après une entente préalable avec l’Assurance maladie et l’avis d’un médecin spécialisé.
Remboursement intégral des fauteuils roulants : Un impact direct sur l’autonomie des seniors
Les personnes âgées sont parmi les premières bénéficiaires de cette réforme. Aujourd’hui, un tiers des personnes âgées de 60 ans ou plus déclare avoir au moins une limitation fonctionnelle sévère.

Ainsi, un meilleur accès à des équipements adaptés à de nombreux bénéfices pour ces personnes et leur entourage :
- Un accès facilité à un équipement adapté
Jusqu’à présent, beaucoup de seniors repoussaient l’achat d’un fauteuil en raison de son coût prohibitif, au détriment de leur autonomie et de leur sécurité. Le remboursement à 100 % leur permet désormais d’obtenir un modèle adapté à leur morphologie et à leurs besoins spécifiques. - Une meilleure prévention des complications médicales
Un fauteuil mal adapté peut entraîner des douleurs chroniques, des escarres et des troubles musculo-squelettiques. Un équipement de qualité permet d’améliorer le confort de l’utilisateur et de prévenir les complications de l’immobilité. - Une autonomie renforcée et un maintien à domicile facilité
Grâce à cette réforme, de nombreux seniors pourront continuer à vivre chez eux dans de meilleures conditions, réduisant ainsi le besoin d’une entrée en établissement spécialisé. - Un soulagement pour les aidants et les familles
Les proches des personnes âgées en fauteuil roulant jouent un rôle crucial dans leur quotidien. Cette réforme réduit la pression financière et administrative qui pesait sur eux.
Remboursement intégral des fauteuils roulants : Une mise en oeuvre encore floue
L’annonce du remboursement intégral découle d’un engagement pris par Emmanuel Macron en avril 2023 lors de la Conférence nationale du handicap. Depuis, le projet a fait l’objet de nombreuses négociations entre l’État, la Sécurité sociale et les fabricants de fauteuils roulants.

Le gouvernement a cependant assuré que cette réforme entrerait en vigueur dès décembre 2025, avec la publication d’une liste des fauteuils concernés. Cependant, certaines interrogations demeurent :
- Les procédures administratives seront-elles simplifiées pour éviter des délais d’attente trop longs ?
- Quels critères exacts détermineront l’éligibilité des modèles au remboursement ? Une limite de prix fixée n’exclurait-elle pas certains modèles plus sophistiqués ?
- Les fauteuils sur-mesure seront-ils réellement pris en charge sans restriction budgétaire ?
Annonces sur le remboursement des fauteuils roulants : les professionnels du secteur réagissent
La FEDEPSAD, l’UNPDM et l’UPSADI mettent en garde contre une réforme qui, sans garantie financière suffisante, risque de creuser les inégalités d’accès aux soins et à l’équipement. Les acteurs de santé de proximité, essentiels à la distribution et à l’adaptation des fauteuils roulants aux besoins des usagers, ne sont tout simplement pas en mesure de la mettre en œuvre dans les conditions actuelles.



Un financement insuffisant et des conséquences lourdes
Le gouvernement, en imposant cette réforme sans concertation approfondie avec les professionnels du secteur et avec un financement largement sous-dimensionné, fait peser un risque majeur sur les usagers et les prestataires. En particulier, les personnes âgées dépendantes et celles ayant des besoins ponctuels risquent d’être impactées par la réduction drastique du dispositif de location de fauteuils roulants.
Les prestataires de santé à domicile (PSAD/PSDM), qui accompagnent les patients et veillent à l’adaptation des fauteuils, sont directement menacés par cette réforme. Déjà fragilisés économiquement, ils n’ont reçu qu’hier en fin de journée le document final du ministère, lequel ne prend en compte aucune des alertes formulées depuis juillet dernier. Cette situation pourrait entraîner la fermeture de nombreuses entreprises et la suppression de centaines d’emplois, notamment dans les zones rurales, laissant ainsi certains usagers sans accès à ces services essentiels.
L’AD-PA se réjouit de cette avancée majeure

Cette mesure, réclamée de longue date par l’association dans sa proposition n°11, représente une avancée significative pour les personnes âgées en établissements comme à domicile.
Bien que l’AD-PA déplore l’absence de consultation des associations Citoyennage et AVEC dans les réflexions ayant conduit à cette décision, elle salue néanmoins l’impact positif de cette disposition, qui contribuera à réduire les inégalités d’accès aux aides techniques. L’association souligne également l’importance de maintenir une approche participative en associant étroitement les personnes âgées et leurs familles aux débats sur le Grand âge, à l’image de l’implication essentielle des personnes en situation de handicap dans les progrès réalisés depuis la loi du 11 février 2005.
L’AD-PA restera vigilante quant à l’application effective de cette mesure en décembre 2025 et attend avec une attention particulière le bilan du Plan Solidarité Grand Âge, dont les 20 ans seront célébrés en 2026.
Des zones d’ombre persistantes
Outre le financement, plusieurs questions restent en suspens :
- Quels fauteuils seront réellement pris en charge par ce remboursement intégral ?
- Que deviendra le système de location, crucial pour de nombreux usagers ?
- Pourquoi les professionnels du secteur n’ont-ils pas été pleinement intégrés à la concertation préalable ?
La FEDEPSAD, l’UNPDM et l’UPSADI expriment leur indignation face à une réforme qu’ils jugent inapplicable et dangereuse, tant pour les entreprises concernées que pour les utilisateurs finaux.
Ils demandent une réévaluation immédiate du dispositif, avec une concertation réelle impliquant tous les acteurs du secteur, afin d’assurer un accès équitable et viable aux fauteuils roulants pour toutes les personnes concernées.
Les prochains mois seront donc cruciaux pour apporter des réponses à ces questions et garantir que cette réforme bénéficie réellement à toutes les PMR sans distinction de handicap.
Reste à espérer que dès le 1er décembre 2025, les personnes âgées en perte d’autonomie n’aient plus à choisir entre leur confort et leur budget. Un progrès pour une société plus inclusive, où vieillir avec dignité devient enfin une priorité.
Cet article a été publié par la Rédaction le