Alexei Sidnev, Ceo de Senior Group, revient sur la structuration du secteur des soins de longue durée en Russie.
Une tribune à retrouver dans l’Annuaire national de la Silver économie 2019 éditée sous le patronage du Ministère des Solidarités et de la Santé et du Ministère de l’Économie et des finances.
Émergence d’un nouveau secteur
Nous avons lancé notre activité en Russie il y a 10 ans, alors que le secteur des soins de longue durée et des maisons de retraite n’était absolument pas structuré. Les standards sanitaires étaient dépassés, il était quasiment impossible de construire une maison de retraite privée et la profession d’aidant n’existait pas. Pour faire bouger les lignes, nous avons alors décidé avec d’autres acteurs du secteur de fusionner en une organisation non-gouvernementale : « World of elder generation ».
Pendant 10 ans, nous avons étudié les bonnes pratiques au niveau mondial et commencé à les mettre en place localement. Le centre gériatrique Malahovka, qui a vu le jour l’an dernier dans la région de Moscou, résulte de ces 10 années de travail.
Nous avons également relayé auprès de l’État 3 axes primordiaux :
- Il est impossible que l’Etat puisse répondre seul au défi du vieillissement de la population sans une logique de partenariat public-privé
- Les aidants professionnels sont une profession à part entière, que nous accompagnons et formons d’ailleurs au sein de l’Académie Senior Group
- La personnalité d’une personne âgée doit être au cœur de la politique de soins. Notre slogan est « Vous ne pouvez pas ôter l’indépendance d’une personne âgée »
Améliorer le secteur des soins
Aujourd’hui, grâce à un dialogue efficace avec les entreprises du secteur privé, l’État crée de nouvelles lois pour les maisons de retraite et les soins de longue durée. Le gouvernement a simplifié les règles du jeu, en changeant les normes et les méthodes de construction, mais aussi les standards de formation des personnels. Résultat : le secteur des soins de longue durée connait une expansion de 30 % par an. En Russie, il y a plus de 20 000 lits dans des établissements privés. Mais il y a un revers de la médaille : la plupart de ces établissements sont de mauvaise qualité, les personnes âgées ne sont pas respectées, les règles de sécurité incendie ne sont pas suivies. Ces dernières années, des résidents ont péri dans des incendies car ils ne pouvaient tout simplement pas sortir d’établissements en feu.
En conséquence, l’idée de confier des proches âgés à une maison de retraite est devenue dans l’esprit collectif la chose la plus terrible à faire, « seuls des enfants ingrats y enverraient leurs parents ».
Toutes les personnes qui nous contactent ont les plus profondes frustrations: elles ont le sentiment de trahir leurs parents. Et en même temps, ils admettent la « défaite » de ne pas pouvoir faire face seuls, sans l’aide d’une maison de retraite et d’équipes pluridisciplinaires.
Notre défi désormais est d’améliorer les standards dans les maisons de retraite et de les sécuriser. C’est la priorité de notre département de recherche.
Cet article a été publié par la Rédaction le