Cet article présente les principales conclusions de la mission menée par Luc BROUSSY. Comme celles des 3 rapports sur l’adaptation de la société au vieillissement, elles devraient enrichir les réflexions du gouvernement et, pour certaines, être intégrées au projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement de la population.
Doté du sous-titre « France : Année zéro ! », ce document au ton enthousiaste et encourageant rappelle que les seniors sont un atout pour la France et souligne le rôle crucial des gérontechnologies sur le plan économique, industriel, et bien entendu social.
Le vieillissement : une « formidable opportunité pour la jeunesse et pour la France »
« Ce rapport n’est pas un rapport sur les personnes âgées », annonce d’emblée Luc BROUSSY, donnant ainsi le ton. Bien qu’évoquant les effets du vieillissement, les enjeux auxquels il est associé et les bouleversements qu’il entraîne, ce rapport doit avant tout être perçu comme « un pacte social entre les générations ».
Adapter la société française au vieillissement n’est pas inconciliable au fait de garder comme priorité l’avenir de la jeunesse française, au contraire ! Le vieillissement constitue en effet une véritable opportunité, pour les jeunes comme pour la France. Des « vieux », certes, mais des « vieux » avertis, c’est en tous cas le souhait de Luc Broussy et des membres de cette mission interministérielle, dont le rapport énonce une série d’objectifs et de propositions qui devraient permettre à la société française d’avancer dans la bonne direction.
Les 10 objectifs énoncés dans le rapport Broussy
L’adaptation de la société au vieillissement de la population est un vaste chantier qui s’accompagne de nombreux défis. Le rapport Broussy a choisi d’en retenir dix qui lui semblent prioritaires.
- l’adaptation de l’habitat afin de favoriser le maintien à domicile des personnes âgées ;
- le développement de formules d’hébergement à mi-chemin entre le domicile et l’EHPAD, à l’image des logements-foyers (également évoqués dans le rapport Aquino) ;
- l’adaptation de la ville (infrastructures, services, accessibilité, …) ;
- l’adaptation des transports pour permettre aux seniors de rester mobiles, donc autonomes, le plus facilement et le plus longtemps possible ;
- l’organisation des différents territoires du pays, touchés de manière extrêmement variée par le vieillissement ;
- la mise en valeur du vieillissement au service du redressement productif, de la croissance et de l’emploi ;
- le développement d’une véritable filière industrielle et de services autour des technologies pour l’autonomie ;
- l’intégration de la personne âgée dans le périmètre familial ;
- la lutte contre les discriminations liées à l’âge ;
- la mise en place d’un guichet unique et de la gouvernance.
Les gérontechnologies : une « vraie filière industrielle française »
Thème au cœur de nos préoccupations, le développement des gérontechnologies est l’objectif qui retient particulièrement notre attention. Nous nous en sommes plusieurs fois entretenu dans le cadre de la préparation de ce rapport avec avec Luc Broussy, et il est en effet temps de faire des technologies pour l’autonomie un secteur à part entière qui bénéficie d’un véritable soutien de l’État.
La France présente un formidable potentiel de croissance, notamment grâce à une recherche académique des plus performantes dans les domaines de la robotique et des mathématiques. Celle-ci reste néanmoins éclatée entre d’innombrables pôles de compétitivité et grappes d’entreprises. Il s’agit en outre d’un marché « bancal et mal structuré », dont les acteurs sont de grandes entreprises d’un côté et une myriade de TPE de l’autre. Par ailleurs, malgré la création par l’État du CNR-Santé, ces entreprises sont relativement mal coordonnées, c’est pourquoi le rapport préconise la mise en place d’une véritable Agence Nationale des Technologies de l’Autonomie (ANTA).
Créer dans sa lignée du CNR-Santé une Agence Nationale des Technologies de l’Autonomie favoriserait selon le rapport BROUSSY à la fois la labellisation, la coordination et la communication, les trois directions dans lesquelles l’État devrait s’engager. La France pourra alors se doter d’une filière industrielle compétitive dans le domaine des technologies pour le bien-être quotidien des personnes âgées, à l’instar du Japon, des États-Unis ou de l’Angleterre. Il revient donc à l’État d’accompagner les entreprises françaises dans cette révolution technologique, industrielle et numérique au service des seniors.
Propositions pour le développement des gérontechnologies
Les obstacles au développement d’une vraie filière des gérontechnologies en France ne se limitent pas à ceux évoqués plus haut. Ils concernent en effet également l’offre et la demande – une demande encore insuffisamment mature d’après l’analyse de Luc Broussy. Le rapport suggère trois propositions pour pallier à cette situation :
- lancer une grande campagne de communication gouvernementale sur l’usage des technologies pour l’autonomie ;
- lancer un plan volontariste de développement de la téléassistance en développant une demande hors APA (allocation personnalisée d’autonomie) ;
- intégrer dans les futures conventions CNSA/MDA un bilan du soutien apporté par l’APA au développement des aides techniques et des gérontechnologies.
Ces mesures ont cependant besoin d’être soutenues par une réelle impulsion de la part de l’État, qui se doit d’encourager les Français à adopter l’innovation technologique des services.
C’est ce coup de pouce de l’État qui permettra à la gérontechnologie, secteur « aux confins de l’économie, de l’industrie, de l’emploi, de la formation, du service, de la prévention et de la coordination des acteurs », de démontrer l’opportunité que représente le vieillissement de la population pour l’économie française.
> Consulter et télécharger l’intégralité du rapport Broussy
Cet article a été publié par la Rédaction le
Ping : Diverses actualités « ADES – Le Rouge et le Vert