Malgré une légère amélioration de la perception de leur pouvoir d’achat, les retraités français restent majoritairement inquiets pour leur avenir financier. C’est ce que révèle la troisième édition du baromètre CSA menée pour la Silver Alliance, qui dresse un tableau nuancé de la situation budgétaire des seniors.

- Baromètre Silver Alliance 2024 : le pouvoir d’achat des retraités en demi-teinte
- Des inquiétudes persistantes malgré des revenus moyens en hausse
- 75 % des retraités craignent une baisse future de leur niveau de vie
- Le nombre de retraités renonçant aux soins pour des raisons financières en forte progression
- Le prêt viager hypothécaire : une solution de plus en plus envisagée
Une perception du pouvoir d’achat des retraités en demi-teinte

Si 66 % des retraités estiment que leur pouvoir d’achat a diminué depuis leur départ à la retraite, cette proportion enregistre une baisse par rapport à 2023, où elle atteignait 69 %. Pour ceux qui constatent une diminution, la perte de revenus perçue oscille entre 10 et 30%.
Paradoxalement, le revenu moyen par foyer retraité poursuit sa progression, atteignant 2 524 € par mois en 2024, grâce notamment à l’indexation des pensions sur l’inflation. Les principales sources de revenus restent la retraite de base (98%), suivie par l’épargne (20%) et la retraite de réversion (17%)

Des dépenses maîtrisées, mais un sentiment d’insécurité
Les dépenses mensuelles des retraités s’élèvent en moyenne à 1842 €, l’alimentation représentant le poste le plus important (26%), devant les impôts (11%), le logement (9%) et la santé (9%). Malgré leurs inquiétudes, 60% des retraités parviennent à épargner, mettant de côté en moyenne 231 € par mois.
Cependant, les stratégies pour optimiser leur budget, comme l’achat d’occasion ou l’usage de programmes de fidélité, sont en recul (-7 points par rapport à 2023).

Les retraités d’aujourd’hui sont encore assez privilégiés, ce qui leur permet de moins avoir à passer par des mécanismes pour augmenter leur pouvoir d’achat, contrairement aux actifs. Par ailleurs, les retraités font des dépenses plus raisonnées que les plus jeunes. Ce sont des consommateurs responsables, en bons gestionnaires de famille.
Benjamin Zimmer, directeur délégué associé de la Silver Alliance
Pouvoir d’achat des retraités : Un manque de 531€ par mois
Malgré cette stabilité apparente, 75% des retraités se disent inquiets pour leur avenir financier. Une majorité (59%) craint une nouvelle baisse de leur pouvoir d’achat dans un contexte économique et politique perçu comme instable pour 74% des sondés.
Selon l’étude, il manquerait donc 531€ par mois aux retraités pour vivre confortablement. Cette situation les pousse à envisager des restrictions, notamment sur l’alimentation (42%) et les loisirs (36%).

L’accès aux soins rendu difficile
La contrainte financière touche également le domaine de la santé. Trois retraités sur dix déclarent avoir déjà renoncé à des soins, principalement dentaires (79%), optiques (45%) ou issus de médecines douces (30%). L’augmentation des cotisations de mutuelle constitue la principale source d’inquiétude pour 71% des personnes interrogées.

Comment accepter que des retraités soient encore contraints de renoncer à des soins faute de moyens, après une vie entière de travail ? (…) Se soigner n’est pas un luxe, mais un droit fondamental.
Abdellah Nasri, CEO de Partner Assurances
Des solutions pour augmenter le pouvoir d’achat des retraités
Face à ces défis, certaines solutions commencent à émerger. L’une d’entre elles est le prêt viager hypothécaire. Plus de la moitié des retraités en ont déjà entendu parler, et 25% se déclarent intéressés par ce dispositif. Selon Hugo Jenny, fondateur de la société Mirabelle, ce type de prêt permet de « faire face aux dépenses et vivre une retraite en restant chez soi », tout en conservant la propriété du logement.
L’étude du CSA pour la Silver Alliance révèle un paradoxe saisissant : si les retraités français disposent globalement de revenus en progression et parviennent à maintenir une certaine stabilité budgétaire, leur sentiment d’insécurité financière reste profondément ancré. Entre inquiétudes sur l’avenir, renoncements aux soins et volonté de préserver leur qualité de vie, les seniors aspirent à des solutions concrètes et adaptées. Dans un contexte de transition démographique, garantir aux aînés un vieillissement digne et serein doit plus que jamais rester une priorité collective.
Cet article a été publié par la Rédaction le