Pourquoi les retraites des femmes sont-elles si inférieures à celles des hommes ?

AUTRES ACTUS ET INFORMATIONS SUR : RETRAITE

Partager cet article

 Le 8 mars 2025 aura lieu la Journée internationale des droits des femmes. Parmi les droits revendiqués, celui de l’égalité des retraites. Car si les inégalités salariales entre hommes et femmes sont bien documentées, celles concernant les pensions de retraite restent souvent dans l’ombre. Pourtant, selon les données de la Sécurité sociale, la pension moyenne de retraites des femmes est inférieure de 40 % à celle des hommes. Même après prise en compte des pensions de réversion, l’écart reste de 28 %. Cet écart s’explique par une accumulation de désavantages tout au long de la carrière des femmes.

Des carrières plus courtes et hachées

L’un des principaux facteurs expliquant ces écarts est la durée de cotisation plus courte des femmes. Elles valident en moyenne 8 trimestres de moins que les hommes, notamment en raison des interruptions de carrière liées aux maternités et aux congés parentaux. La majoration de durée d’assurance pour enfants (MDA) et l’Allocation Vieillesse des Parents au Foyer (AVPF) compensent en partie ces interruptions, mais ces dispositifs restent insuffisants pour combler l’écart de pension.

retraites des femmes- inégalités parentalité

Les femmes travaillent également plus souvent à temps partiel : en 2020, 27 % des femmes étaient concernées, contre seulement 8 % des hommes. Ce choix (souvent contraint) entraîne une baisse du salaire annuel moyen, qui impacte directement le montant des pensions. En 2022, le salaire annuel moyen des femmes retraitées était inférieur de 26 % à celui des hommes.

Retraites des femmes : Un calcul des pensions défavorable

Le système de retraite français repose sur un principe contributif : plus la carrière est longue et les revenus élevés, plus la pension est importante. Or, les femmes, en raison de leurs interruptions de carrière et de leurs emplois moins bien rémunérés, perçoivent en moyenne une pension de 1 180 euros par mois, contre 1 950 euros pour les hommes.

De plus, seules 60 % des femmes perçoivent une retraite à taux plein, contre 80 % des hommes. Beaucoup de femmes doivent attendre 67 ans pour annuler la décote, soit deux fois plus que les hommes.

Des dispositifs de solidarité qui atténuent (un peu) les inégalités

Certaines aides réduisent l’écart de pension :

  • La pension de réversion, qui permet aux veuves de percevoir une partie de la pension de leur conjoint décédé, représente une part importante des revenus de nombreuses retraitées. En 2022, 92 % des bénéficiaires de pensions de réversion étaient des femmes.
  • Le minimum contributif (Mico) bénéficie majoritairement aux femmes, qui représentent 82 % des bénéficiaires.
  • L’Allocation Vieillesse des Parents au Foyer (AVPF) aide les mères ayant interrompu leur carrière pour élever leurs enfants. En 2020, plus de 50 % des femmes retraitées avaient bénéficié de ce dispositif.

Malgré ces dispositifs, l’écart de pension entre hommes et femmes reste important et met en lumière les inégalités accumulées tout au long de la vie active.

retraites des femmes- calcul économie argent

Les femmes retraitées, plus exposées à la précarité

Les faibles pensions des femmes les exposent davantage à la précarité. 56 % des bénéficiaires du minimum vieillesse sont des femmes seules (veuves, divorcées ou célibataires). Par ailleurs, 12 % des retraitées vivent sous le seuil de pauvreté, contre 9,6 % des hommes.

Le risque de précarité est encore plus marqué pour les femmes âgées de plus de 70 ans, notamment en raison de l’allongement de l’espérance de vie et de la solitude après le décès du conjoint.

Retraites des femmes : Comment réduire ces inégalités ?

Pour améliorer la situation des femmes à la retraite, plusieurs mesures sont nécessaires selon plusieurs associations et syndicats :

  • Renforcer l’égalité salariale et l’accès à la formation pour permettre aux femmes d’accéder à des emplois mieux rémunérés et de limiter l’impact des interruptions de carrière.
  • Mieux informer les femmes sur leurs droits à la retraite, notamment sur l’impact du temps partiel et des congés parentaux.
  • Faciliter le rachat de trimestres pour les périodes non cotisées (études, congés parentaux, expatriation).
  • Revaloriser les pensions minimales pour garantir aux retraitées un revenu décent.
manifestation égalité retraites des femmes

Une mobilisation essentielle pour le 8 mars 2025

À l’approche de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2025, la question des retraites doit être au cœur des revendications pour l’égalité. Alors que les inégalités salariales et professionnelles persistent tout au long de la vie active, elles se prolongent et s’accentuent à la retraite, creusant un écart économique durable entre les sexes.

Cette journée symbolique est l’occasion de rappeler l’urgence d’une réforme plus juste du système de retraite, prenant en compte les spécificités des carrières féminines et garantissant aux femmes une pension à la hauteur de leur contribution à la société. À travers des mobilisations et des débats, il s’agit d’exiger des mesures concrètes pour assurer aux femmes une retraite digne et sécurisée.

L’inégalité des pensions entre hommes et femmes n’est pas une fatalité. Elle résulte d’inégalités structurelles dans le monde du travail qui doivent être corrigées dès aujourd’hui pour éviter qu’elles ne se répercutent à la retraite. Il est essentiel que les femmes anticipent ces enjeux et s’informent sur leurs droits le plus tôt possible.


Partager cet article

Cet article a été publié par la Rédaction le

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *