A l’occasion de la 5ème édition de la Semaine nationale de lutte contre la dénutrition qui se tient du 12 au 19 novembre dans toute la France, le collectif de lutte contre la dénutrition et la Fédération des Services à la Personne et de Proximité (Fédésap) ont réalisé une étude* sur la perception de la dénutrition chez les professionnels de l’aide à domicile. Si les résultats démontrent que 9 professionnels sur 10 ont entendu parler de la dénutrition, les idées reçues subsistent avec 2/3 d’entre eux qui considèrent que la dénutrition n’est pas une maladie ou encore 3/4 d’entre eux qui pensent normal de maigrir lorsque l’on a un cancer ou une maladie grave.
9 professionnels sur 10 de l’aide à domicile ont entendu parler de la dénutrition
La dénutrition est une maladie insidieuse qui touche plus de 2 millions de personnes en France, de l’enfant en situation de handicap, à la personne âgée en perte d’autonomie, en passant par les personnes atteintes de maladies comme le cancer. Cette maladie reste encore trop méconnue et repérée tardivement. Non prise en charge, elle peut avoir des conséquences graves sur l’immunité, la force physique, le moral et peut aussi amplifier d’autres maladies chroniques ou augmenter la dépendance. La sensibilisation des médecins, des professionnels de l’aide à domicile et de la population (qui compte 9,3 millions d’aidants**) est donc plus que nécessaire pour la combattre.
2/3 des professionnels ne considèrent pas la dénutrition comme une maladie
Pourtant, si 91% des professionnels interrogés en ont entendu parler, 2/3 d’entre eux ne la considèrent pas comme une maladie et seulement 30% pensent que l’on peut la traiter efficacement. Ces professionnels à l’instar de la population font preuve de nombreuses idées reçues :
- Pour 45%, il est normal de maigrir en vieillissant ou encore 28% pensent que les personnes âgées ont moins besoin de manger de viande ;
- Pour 75 %, il est normal de maigrir quand on a un cancer ou une maladie grave.
Le fait de considérer la dénutrition comme une maladie permet d’avoir des critères de diagnostic et un traitement. Il faut donc en tant que maladie la dépister, la diagnostiquer et la traiter. Il est important de ne pas considérer la dénutrition, la perte de poids, le manque d’appétit comme seulement un effet collatéral de certaines maladies. C’est une maladie à part entière qui a ses complications et son traitement. La dénutrition est un enjeu sanitaire silencieux, silence dont il faut sortir du côté des professionnels et du côté des patients.”
Agathe Raynaud-Simon, présidente du Collectif de lutte contre la dénutrition et médecin-chef du département de gériatrie à Bichat, Beaujon AP-HP
Seulement 1 professionnel sur 2 en capacité de signaler un risque de dénutrition
Seule la moitié des professionnels déclare pouvoir signaler un risque de dénutrition au médecin traitant et 80% des répondants affirment qu’ils n’ont jamais participé à une formation sur la dénutrition. On relève aussi une réelle attente auprès des professionnels afin d’être formés et de recevoir des outils adaptés pour se sentir légitimes sur le sujet de la dénutrition (63% des répondants souhaitent une formation sur la dénutrition).
“Il y a un levier très simple pour améliorer le repérage qui est de peser régulièrement les personnes. On pèse et on mesure les enfants régulièrement et en vieillissant, on a besoin d’une surveillance moins rapprochée que celle des enfants mais en réalité les changements de poids sont des indicateurs très sensibles de l’état de santé. Du côté de la prise en charge, les meilleures prises en charge sont celles qui sont individualisées. Il faut augmenter les apports alimentaires et aider les professionnels à sortir d’un certain niveau d’incertitude. La formation doit être pluri-professionnelle.”
Agathe Raynaud-Simon, présidente du Collectif de lutte contre la dénutrition et médecin-chef du département de gériatrie à Bichat, Beaujon AP-HP
En synthèse les grands chiffres de l’étude :
- 91 % des professionnels interrogés ont entendu parler de la dénutrition.
- 66 % des professionnels interrogés ne considèrent pas la dénutrition comme une maladie.
- 45% d’entre eux considèrent qu’il est normal de maigrir en vieillissant.
- 75 % pensent qu’il est normal de maigrir quand on a un cancer ou une maladie grave.
- 28 % pensent que les personnes âgées ont besoin de manger moins de viande.
- Seulement 30 % des répondants pensent que l’on peut traiter efficacement la dénutrition.
- 63% des répondants souhaitent une formation sur la dénutrition.
- 80% des répondants affirment qu’ils n’ont jamais participé à une formation sur la dénutrition.
Seule la moitié des professionnels déclare pouvoir signaler un risque de dénutrition au médecin traitant.
Des données épidémiologiques marquantes :
- 30% des personnes hospitalisées sont dénutries
- 2/3 des enfants et des adultes polyhandicapés sont dénutris
- 40% des malades du cancer sont dénutris
- 40% des malades d’alzheimer sont touchés par la dénutrition
- 40% des personnes âgées sont hospitalisées pour des conséquences de dénutrition
Cet article a été publié par la Rédaction le