En France, 560 000 personnes ont recours à la téléassistance chaque année. Un chiffre faible, en comparaison avec nos voisins Européens, en cause : une question d’image.
Entre un service catalogué « seniors » et associé à des termes négatifs comme la perte d’autonomie et le vieillissement et le regard que posent ses potentiels utilisateurs sur eux-mêmes, la téléassistance souffre de nombreux stigmates qui handicapent sa démocratisation.
Peut-on réellement assister sans stigmatiser ? SilverEco.fr relaie la tribune d’Alain Monteux, Président de Tunstall Vitaris, acteur majeur de la téléassistance en France.
Téléassistance : un problème d’image
« La téléassistance est corrélée aux chutes et donc aux urgences. En France, plus de deux millions de chutes accidentelles sont comptabilisées chaque année chez les seniors. Parmi celles-ci, 12 000 cas sont mortels : il s’agit même de la première source de décès des plus de 65 ans.
Néanmoins, si la téléassistance reste associée aux chutes et de la dégradation de l’intégrité physique, cela ne reflète pas la réalité : aujourd’hui, 90 % des appels traités tiennent à la convivialité et non à des situations d’urgence. La téléassistance est donc un service encore lié à de nombreux préjugés.
Toutefois, ce problème d’image ne vient pas uniquement du caractère du service : il vient aussi du regard que portent ses potentiels utilisateurs sur eux-mêmes. En effet, un des premiers stigmates associés à la téléassistance est le refus de reconnaître ou d’accepter le vieillissement, la dépendance ou la perte d’autonomie. Logiquement, cela engendre un rejet des signes ostentatoires de vieillesse, comme par exemple l’adoption d’un médaillon rouge destiné aux appels d’urgence. Comment s’éloigner de ce paradigme ? »
Briser les préjugés liés à la téléassistance
« La téléassistance doit être utilisée et doit être pensée comme un outil préventif, avant tout destiné à améliorer le confort des personnes âgées. La technologie est une précieuse aide dans cette entreprise. En effet, elle propose aujourd’hui de nombreux atouts sécurisants et faciles d’utilisation pour des seniors, bien loin des digital natives.
Au travers de la technologie, la téléassistance se réinvente et s’affranchit de son image traditionnelle pour se diriger vers des valeurs plus positives.
Par exemple, un médaillon rouge explicitement rattaché à l’idée de perte d’autonomie pourrait être remplacé par une montre intelligente calibrée pour les seniors. Celle-ci s’apparenterait en effet davantage aux « smart watches » adoptées par les millenials et offrirait un coup de jeune à l’image de la téléassistance : pour être adoptée, celle-ci doit non seulement ne rien modifier aux habitudes de vie de ses utilisateurs, mais ne doit également pas se matérialiser par un signe distinctif de vieillesse. »
Comment assister sans stigmatiser ?
« En sortant de la téléassistance classique, il devient possible de toucher des populations différentes, notamment au travers de la technologie. Une montre connectée permet de s’affranchir de l’image du besoin car elle appelle davantage son utilisateur au monitoring de son bien-être. L’utilisation d’un
capteur invisible comme le compteur d’eau permet d’analyser les signes de vie et de détecter des usages inhabituels dans une logique de prévention sans stigmatiser.
Des capteurs de détection de chute positionnés dans l’habitation permettent d’alerter, de manière automatique et autonome, sans rien avoir à porter sur soi. La technologie permet de modifier le regard porté sur la téléassistance en brisant ses stigmates tenaces et donc de susciter une adhérence qui n’aurait pas été possible auparavant.
Néanmoins, ces nouvelles technologies doivent avoir une véritable valeur d’usage pour le senior comme pour sa famille, sans tomber dans le gadget ou dans le tracking à outrance. En effet, si les proches sont souvent dans une logique de sécurité, pour les utilisateurs, c’est le désir d’autonomie qui prévaut. Les seniors ne veulent pas de « produits pour seniors ».
La technologie ouvre le champ des possibles : il existe désormais mille idées pour assister sans stigmatiser, comme par exemple avoir recours à des serrures connectées pour faciliter l’accès au domicile. Au-delà des innovations, c’est le sentiment qui peut être mis au service de la téléassistance, notamment grâce aux réseaux sociaux qui permettent de renforcer le lien social, d’épaissir la proximité entre volontaires et bénéficiaires de la téléassistance pour mieux répondre à son principal enjeu : celui de la solitude et de l’isolement. »
Cet article a été publié par la Rédaction le