A la veille de la période estivale, comme chaque année, l’opinion et les professionnels s’inquiètent d’une potentielle surchauffe des services d’urgence pour cause de pénurie de personnels hospitaliers. Lasse d’alerter et de voir reposer uniquement sur les établissements les solutions d’urgence pour assumer le mieux possible les périodes estivales sous tension, la FHF souhaite que la réforme du système de santé qui sera présentée au cours de l’été par le Président de la République puisse apporter enfin une
réponse globale et pérenne à tous ces maux qui affectent le système de santé français.
La ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, est intervenue en ce début de semaine
pour réagir notamment sur la pénurie de personnels hospitaliers pendant la période estivale. Elle
a souligné que le système de santé était sous forte tension tout en émettant le regret qu’un certain
nombre de réformes n’aient pas été mises en oeuvre plus tôt.
La FHF partage son regret et attend de la réforme
La FHF partage son regret et attend de la réforme, qui sera annoncée dans les prochains jours, la réponse aux nombreux problèmes que l’hôpital doit surmonter – été comme hiver.
A très court terme, pour la période estivale, des mesures concrètes doivent être prises par les pouvoirs publics et les acteurs de santé afin d’éviter une crise sanitaire durant l’été. En effet, en cas d’épisode de canicule, malgré le dévouement des personnels hospitaliers, les urgences qui compensent, jour après jour, nuit après nuit, les carences de notre système de santé ne pourront pas faire face.
La FHF propose donc à la ministre des Solidarités et de la Santé qu’une réunion de concertation des acteurs de santé soit organisée dès que possible pour trouver ensemble des solutions immédiates à mettre en oeuvre.
La ministre des Solidarités et de la Santé souhaite une refonte globale du système de santé en faisant en sorte que la ville et l’hôpital puissent mieux coopérer. Cela va dans le sens des orientations que préconise la FHF.
En effet, l’hôpital public appelle à une meilleure collaboration de l’ensemble des acteurs de santé et des pouvoirs publics pour mieux anticiper et gérer de façon collective les épisodes sous tension que ce soit en période estivale, avec les fortes chaleurs et les congés des professionnels de santé, comme en période hivernale avec des pics de fréquentation des hôpitaux en cas de grippe.
« Il est aujourd’hui urgent que les pouvoirs publics oeuvrent pour que tous les acteurs financés sur des fonds publics puissent se coordonner dans les territoires pour organiser localement l’offre de soin, et pour leur permettre d’assurer dans de bonnes conditions la prise en charge des patients » explique Frédéric Valletoux, président de la FHF.
Décloisonner et trouver un mode de fonctionnement hybride
Sur le plus long terme, le système de santé doit sortir des silos dans lesquels il s’embourbe depuis de trop nombreuses années. Il faut décloisonner et trouver un mode de fonctionnement hybride permettant aux acteurs de santé qu’ils soient hospitaliers ou médecins de ville de travailler ensemble. C’est au niveau des territoires que doit s’opérer cette transformation de notre système de santé.
A ce titre, sur le terrain, la FHF, avec l’ensemble des acteurs de santé sur les territoires, favorise l’émergence de la « Responsabilité populationnelle » entre la médecine de ville et les établissements.
Développé au Canada et introduit en France par la FHF, ce principe vise à ce que tous les acteurs de santé et médico-sociaux d’un territoire, hospitaliers et libéraux, s’engagent dans la prise en charge individuelle des patients mais aussi de la santé des populations de ce même territoire.
C’est donc un changement de paradigme, avec une approche synergique et complémentaire par tous les acteurs de santé au niveau local.
Ce type d’approche peut notamment être une réponse pour mieux accompagner les patients et ainsi limiter les risques d’engorgement des urgences.
Il existe déjà cinq expérimentations prometteuses en France de « Responsabilité populationnelle ». C’est notamment le cas de l’expérimentation dans le Douaisis, où des synergies existent entre tous les acteurs locaux : mairies, acteurs sociaux – assistantes sociales et associations de quartier – médecins de ville, infirmier(e)s et pharmacien(ne)s. Ensemble, ils ont fait le point sur l’état de santé des populations, les structures existantes et les attentes vis-à-vis de l’hôpital afin de co-construire un plan d’action de qualité comprenant notamment un annuaire des numéros directs des praticiens hospitaliers, et des services de l’établissement, des ateliers santé pour la population, etc… Après quelques années d’expérimentation, un cercle sanitaire vertueux s’est enclenché avec une population mieux accompagnée et des professionnels de santé d’avantage organisés.
Frédéric Valletoux précise : « Ces expérimentations sur le terrain permettent de faire collaborer l’ensemble des acteurs du système de santé d’un territoire. Elles apportent une solution concrète, dans le respect des spécificités de chacun. » Il ajoute : « Il faut libérer les énergies et encourager les initiatives des acteurs de terrain. »
Cet article a été publié par la Rédaction le