Une étude, publiée par le service gérontologie de l’université d’Oxford, est formelle : le « elderspeak » (littéralement : langage des aînés) serait nocif pour la santé des personnes âgées. Explications…
Stop à l’infantilisation des personnes âgées
Le « elderspeak » n’est à priori par une franche réussite pour les personnes âgées, notamment avec celles atteintes de problèmes cognitifs, qui semblent ne pas bien y répondre.
Qu’est-ce-que le « elderspeak » ?
Ce langage se caractérise par un débit de parole lent, une exagération de l’intonation, une élévation du ton et du volume, par l’utilisation intentionnelle d’un vocabulaire simple, par une utilisation moindre d’une grammaire complexe, par un remplacement des pronoms ou encore par l’utilisation de diminutifs et de répétition.
Exemple : « Comment nous allons aujourd’hui? » au lieu de « Comment vas-tu? »
Des réactions négatives face au « elderspeak »
L’étude a notamment démontré que les seniors avec des déficiences cognitives à qui l’on parle de cette façon vont probablement moins se conformer et faire ce qu’on leur demande et vont réagir négativement, généralement en devenant agités.
Le « elderspeak » : une marque d’irrespect selon Anna Corwin
La chercheuse Anna Corwin a examiné près de 100 heures d’échanges enregistrés entre des religieuses aux déficiences cognitives, âgées entre 81 et 92 ans avec leur soignants, plus jeunes qu’elles.
Il est notamment expliqué qu’au sein d’un couvent catholique, les soignants n’utilisent jamais le « elderspeak » car les religieuses « savent ce que c’est de vieillir ».
Les soignants utilisent donc un ton normal, font des blagues, racontent des histoires en traitant les religieuses comme des « personnes à part entière qu’elles puissent comprendre ou non ».
Anna Corwin explique en outre au HuffPost que les religieuses n’ont pas peur du déclin physique. Elle considère que le « elderspeak » fait partie de notre irrespect culturel pour les personnes âgées dans notre société : « Nous rabaissons les personnes qui ne sont plus productives dans le sens capitaliste de ce mot ».
Les aides-soignants, non conscientes d’infantiliser les personnes âgées
Lorsque le « elderspeak » est utilisé, cela déforme l’auto-évaluation du patient et provoque le sentiment qu’il n’est plus compétent ni estimé.
Kristine Williams, professeur a l’université du Kansas spécialisée dans les soins infirmiers, explique que les aides-soignants ne se rendent pas compte qu’ils parlent comme cela et sont étonnés quand ils découvrent des images d’eux-mêmes.
Cette dernière s’emploie à entraîner les équipes à moins utiliser le « elderspeak ». Ces mots infantilisants comme « chérie », bien qu’ils montrent de l’affection et de la gentillesse, ne font « qu’envoyer un message aux personnes âgées qu’elles ne sont pas compétentes », explique Kristine Williams au HuffPost.
« Les aides-soignants pensent que cela montre qu’ils prennent soin des personnes âgées et que cela améliore la communication », raconte Kristine Williams. « Mais ce n’est pas le cas », ajoute-t-elle.
Cet article a été publié par la Rédaction le