Modélisation systémique du marché – État de l’art et objectifs de la recherche

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Modélisation systémique du marché des aides techniques
et/ou technologiques au service du grand âge
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L’expérience terrain acquise au sein de l’Hôpital Charles Fois depuis 5 ans montre que les porteurs de projets, désireux d’obtenir la Bourse de Recherche et d’Innovation Charles Foix et/ou d’être accompagnés par le Réseau de compétences en gérontechnologie Charles Foix, ont trop souvent tendance à simplifier la réalité du vieillissement en la réduisant, en la découpant, jusqu’à l’absurde parfois. Cette tendance ne permet pas alors d’avoir une vue réaliste d’un problème qui s’insère dans un environnement à un moment donné pour des sujets dont les situations de vie et de maladie sont hétérogènes. C’est pourquoi nous proposons dans ce travail de modéliser le marché des aides techniques et/ou technologiques au service du grand âge en le considérant comme un système doté de finalités, qui fonctionne, se structure et évolue dans un environnement (Figure 1) [12, 13].

Autrement dit sa modélisation s’articule autour de 4 axes : ontologique, fonctionnel, génétique et téléologique.

L’axe ontologique définit ce que le système est (constant au moment où il est décrit), l’axe fonctionnel ce que le système fait (ses fonctionnalités), l’axe génétique ce que le système devient (dynamique), l’axe téléologique ce pourquoi le système existe (sa raison d’être).

La modélisation vise à être la plus exhaustive possible et, par conséquent, à tendre vers une vue holistique et fine d’un système à un moment donné, d’en comprendre sa genèse, son fonctionnement et d’en évaluer ses perspectives d’évolution. Il s’agit donc comme le dit Edgar Morin [14] de regarder l’ensemble de ce qui est contenu dans un tout. Il ne s’agit plus de se satisfaire de ne regarder que la multiplicité des éléments qui composent un système mais de regarder en même temps les relations, les interactions qui les unissent [14]. Cette vision constructiviste de la réalité tente de représenter les zones d’ombre d’un système, zones auxquelles il faut porter attention pour essayer de ne pas échouer dans le cas du développement d’un produit et/ou d’un service innovant [15].

L’état de l’art sur le marché des aides technique au service du grand âge ne fait pas apparaitre la définition d’un tel marché vu comme un système. En revanche, il existe une définition de l’aide technique. Selon la norme ISO 9999, une aide technique se définit comme « tout produit, instrument, équipement ou système technique utilisé par une personne handicapée, fabriqué spécialement ou existant sur le marché, destiné à prévenir, compenser, soulager ou neutraliser la déficience, l’incapacité ou le handicap ». L’aide technique et/ou technologique est conçue pour compenser une situation de handicap et permettre ainsi à son utilisateur de réaliser ses habitudes de vie [9]. Elle peut être de nature simple ou complexe [9]. Elle doit être accessible économiquement et ergonomiquement. La culture est un facteur d’appropriation et d’usage de la technologie [9]. Autrement dit, les aides techniques et/ou technologiques sont des systèmes de compensation complexes qui permettent d’acquérir une autonomie dans un environnement donné, il ne s’agit pas d’une logique de soins. Le produit doit être intemporel et multimodal. Elles peuvent enfin être passives (intégrées à l’environnement) ou actives (portées par l’utilisateur).

Figure 1 : Description d’un système selon Jean-Louis Le Moigne [13]

Le marché des aides techniques et/ou technologiques au service du grand âge peut donc se définir comme un système complexe qui évolue dans un environnement médico-social, sanitaire et économique complexe pour «proposer » des produits et/ou des services innovants répondant à l’expression des besoins des personnes âgées en santé, malades ou en situation de perte d’autonomie et leurs aidants (proche familial ou professionnel de la santé). Ce marché tente effectivement de répondre à une diversité de besoins fondamentaux des personnes âgées et de leurs aidants dans des situations de vie hétérogènes aussi bien à domicile qu’en institution. Pour les personnes âgées ces technologies tenteront de répondre aux besoins de mobilité, de confort/facilitateurs de vie, de santé, de sécurité, de stimulation et de communication/lien social.

Parallèlement ces technologies devront répondre à l’expression des besoins de sécurité, de santé, de communication, d’évaluation/intervention et de suivi/contrôle des aidants. C’est la recherche d’une réponse adaptée facilement utilisable, accessible économiquement et ergonomiquement, dans un environnement particulier, pour une situation d’incapacité particulière, commune à l’expression des besoins de l’aidant et de l’aidé que la gérontechnologie prendra toute sa valeur [16].

De nombreux acteurs, issus de l’industrie (fabricants, vendeurs, distributeurs, réparateurs), de la santé (malades, professionnels de la santé, pouvoirs publics, associations de malades, proches familiaux), de la recherche (chercheurs, designers, ingénieurs) interviennent sur ce marché, chacun en ayant une perception différente. L’objet principal de notre travail est de proposer à tous ces acteurs, en particulier le porteur de projet, qui peut être issue d’une de ces trois grandes classes d’acteurs, une vue générale d’un marché complexe pour maximiser les chances des succès du produit et/ou du service en tenant compte de toutes ses composantes.

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3- Ce qui varie chez une même personne à travers le temps par exemple
4- Ce qui est varié


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Cet article a été publié par la Rédaction le

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