Mobilité des seniors et sécurité routière : une étude révèle des fragilités à mieux prendre en compte

À l’heure où la question du vieillissement actif et en sécurité devient un enjeu central des politiques publiques, le Gérontopôle des Pays de la Loire, en partenariat avec l’Agence d’urbanisme de la région angevine (AURA), publie une étude inédite sur l’accidentalité des seniors dans la région. Réalisée avec le soutien de la Délégation interministérielle à la Sécurité Routière et de la Région Pays de la Loire, cette enquête dresse un tableau précis des risques auxquels sont exposés les aînés dans leurs déplacements, et propose des pistes concrètes pour construire une mobilité plus inclusive.

• Le Gérontopôle des Pays de la Loire publie une Étude inédite sur l’accidentalité routière des seniors dans la région
• Les risques sont accrus en zones urbaines et rurales pour les aînés
• Des seniors exemplaires au volant, mais un environnement peu adapté
• Un renoncement progressif à la conduite qui mène à un risque d’isolement
• 9 recommandations pour une mobilité plus inclusive et sécurisée

Une réalité chiffrée : les seniors, victimes trop fréquentes des accidents de la route

Entre 2010 et 2019, un piéton tué sur deux dans la région était âgé de 65 ans ou plus. Plus alarmant encore, 40 % de ces victimes avaient plus de 75 ans. Ces données rappellent une réalité trop souvent négligée : la mobilité des personnes âgées, en particulier à pied, constitue un enjeu de santé publique majeur.

Avec le vieillissement de la population, cette question devient d’autant plus cruciale. La perte progressive de certaines capacités physiques ou cognitives peut rendre les déplacements plus risqués, mais ce ne sont pas tant les comportements des aînés qui posent problème que l’environnement dans lequel ils évoluent.

Des disparités territoriales révélatrices

L’étude met en lumière des différences marquées selon les territoires. En zone urbaine, notamment dans les grandes villes, la mortalité des piétons seniors est en forte augmentation. Les infrastructures souvent inadaptées, combinées à une densité de circulation élevée et à la pression de la vitesse, accroissent considérablement les risques.

À l’inverse, en milieu rural, ce sont surtout les automobilistes âgés qui apparaissent les plus exposés. Routes secondaires, absence de transports en commun, isolement géographique : autant de facteurs qui rendent la voiture indispensable, mais aussi potentiellement dangereuse pour les conducteurs les plus âgés.

Des comportements exemplaires, des environnements inadaptés

Contrairement aux stéréotypes tenaces, les seniors ne sont pas responsables d’une sur-accidentalité. Bien au contraire. Alors qu’ils représentent 12 % de la population des 15 ans et plus, les personnes de 75 ans et plus ne sont à l’origine que de 9 % des décès sur la route. Leur prudence est réelle : ils respectent les règles, conduisent souvent moins vite et sont conscients de leurs limites.

Mais cette prudence ne suffit pas toujours à compenser un environnement routier peu accueillant : signalisation illisible, aménagements discontinus, carrefours complexes, comportements inciviques d’autres usagers (excès de vitesse, non-respect des priorités, agressivité). Tous ces éléments viennent accroître la vulnérabilité des seniors dans l’espace public.

S’adapter… ou renoncer à se déplacer

Face à ces difficultés, les personnes âgées développent des stratégies d’adaptation :

• Elles réduisent leur vitesse et augmentent les distances de sécurité
• Évitent certains trajets, notamment aux heures de pointe ou de nuit
• Utilisent des technologies d’assistance (GPS, boîte automatique)
• Et parfois, renoncent progressivement à la conduite.

Ce dernier point est préoccupant. Lorsqu’il n’est pas accompagné d’alternatives claires, le renoncement à la voiture peut entraîner une perte d’autonomie et un isolement social, avec des conséquences graves sur la santé mentale et physique.

[Dossier] : Quand la conduite des seniors fait débat

9 recommandations pour repenser la mobilité des aînés

Afin de répondre à ces constats, l’étude formule neuf recommandations, organisées autour de trois grandes priorités :

1. Renforcer les capacités d’adaptation des seniors, en valorisant leurs stratégies de prudence et en soutenant l’usage d’outils d’aide à la conduite.
2. Repenser l’aménagement des espaces publics pour sécuriser les déplacements piétons, en tenant compte de la lisibilité, de la continuité et de l’accessibilité des parcours.
3. Favoriser le report modal et anticiper l’arrêt de la conduite individuelle, en développant des solutions de mobilité alternatives accessibles, compréhensibles et adaptées aux besoins spécifiques des personnes âgées.

Télécharger la synthèse « Accidentologie des seniors en Pays de la Loire »

Vers une mobilité plus juste et solidaire

Cette étude s’inscrit dans l’action du Gérontopôle des Pays de la Loire, acteur central du bien vieillir dans la région. Centre de ressources au service des professionnels, le Gérontopôle œuvre pour faire du vieillissement une opportunité collective. Il articule son action autour de cinq axes : territoires, silver économie, formation, recherche et communication.

Cette nouvelle publication vient nourrir la réflexion sur la place des seniors dans l’espace public et sur les moyens concrets de garantir à chacun, quel que soit son âge, le droit fondamental à la mobilité.