Alors que le hashtag #restezchezvous est, à raison, visible partout, il est des personnes qui ne peuvent se le permettre. Les professionnels de l’aide à l’autonomie font partie des métiers en première ligne de ce que le gouvernement qualifie de « guerre ». Il mérite d’être soutenu de toutes nos forces.
Nos aînés durement touchés
Tout d’abord, nos aînés sont massivement touchés par l’épidémie: au 1er avril, 93% des 3 523 personnes décédées à l’hôpital concernent les 65 ans ou plus. Le confinement prend encore plus de sens pour protéger cette tranche de la population. Un confinement qui dans un même temps accroît une autre problématique de société : leur isolement.
En « temps de paix », plus d’un million de seniors sont touchés par l’isolement. Une étude en 2017 parle de 900 000 personnes de plus de 60 ans avec « très peu de liens sociaux» et 300 000 en situation de « mort sociale ». Le confinement vient renforcer cette solitude (pas de sorties liées aux courses, pas de possibilité de s’aérer,…) et potentiellement un accroissement des troubles psychologiques.
Le maintien à domicile en première ligne
Et dans ce contexte, avec 1,2 millions de personnes dépendantes en France, les professionnels du maintien à domicile sont en première ligne de la crise en prodiguant des soins aux personnes âgées, en maintenant un lien social quotidien et parfois en faisant le lien avec la famille . Certains services sont en plein « boom » comme la livraison de repas car, avec la fermeture de certains commerces, le besoin de s’alimenter avec des menus spécifiques (en fonction de pathologies particulières ou des sorties d’hôpitaux) augmente.
Pour ces professionnels, la crise sanitaire soulève de nombreux problèmes. Sanitaires tout d’abord. Chaque intervenant doit respecter un protocole d’hygiène strict avec les gestes barrières et précautions d’usage. Pour éviter tout risque de propagation du virus, la branche se concentre sur l’essentiel, à savoir les levers et couchers, les prises de médicaments et de repas ainsi que les toilettes, au détriment du ménage et du repassage, souvent annulés. Mais comment exercer correctement son métier quand du matériel manque, comme les masques de protection ! Les professionnels s’en remettent au système D avec des masques réalisés soi-même ou donnés par des connaissances. La demande est urgente car les professionnels réalisent leur mission avec la boule au ventre. Il faut saluer le courage de ces femmes et ces hommes au service des plus vulnérables. Et toutes les aides sont les bienvenues !
D’autres inquiétudes concernent l’activité en elle-même évidemment. Parce que certains bénéficiaires habituels et leurs familles décident de ne plus avoir recours aux services à la personne. Mais aussi parce que certains professionnels tombent malades et les structures sont dans l’obligation d’adapter les plannings quand c’est possible et parfois de travailler le weekend. Un problème qui concerne directement les bénéficiaires : certains souffrant de pathologie lourdes type Alzheimer tolèrent mal les changements d’intervenants.
Un métier qui doit être soutenu à l’avenir : l’heure est à la mobilisation citoyenne
La crise que nous traversons nous rappelle à quel point nos aînés ont besoin d’être protégés et à quel point le lien social est important. Le métier d’aide à domicile est indispensable. Et il le deviendra encore plus : selon l’INSEE, en 2050, 4 millions de personnes seront dépendantes, soit presque 4 fois plus qu’actuellement. Pour répondre à cette projection, le gouvernement doit donner les moyens à nos structures de nous développer sur tous les territoires et travailler à un de plan de formation et de recrutement solide.
Plus largement, une prise de conscience s’impose pour aider les auxiliaires de vie : il faut une mobilisation citoyenne très forte pour nos aînés afin d’enrayer l’accroissement de leur solitude. La solidarité ne doit plus se limiter aux proches mais aussi aux voisins, aux commerçants de proximité. Le formidable élan d’encouragements, audible tous les jours à 20H, doit être un signal pour redéfinir un nouveau type de solidarité, construire une société moins individualiste.
Brice Alzon
Cet article a été publié par la Rédaction le