Une étude récente suggère un lien entre catastrophe naturelle et risques accrus de développer une démence ; elle se base sur l’exemple de la ville d’Iwanuma, un des villages japonais les plus touchés par le tsunami de 2011, qui avait fait près de 20 000 morts.
Au Japon, on observe une plus grande prévalence des démences suite au tsunami de 2011
Le 11 mars 2011, une vague gigantesque ravageait les préfectures japonaises de Fukushima, Miyagi et Iwate ; la ville côtière d’Iwanuma, dans la préfecture de Miyagi, est frappée de plein fouet par le tsunami, qui inonde la moitié de la ville et tue 180 personnes.
Cette catastrophe semble avoir tout particulièrement affecté les résidents de la ville âgés de plus de 65 ans ; sept mois avant le passage du tsunami, une étude avait révélé que 4,1% d’entre eux souffraient de démence. Deux années plus tard, une nouvelle étude, entreprise par des chercheurs de l’école de santé publique d’Harvard, révèle une augmentation de la prévalence des démences, passant à 11,5% de la population âgée survivante. Publiée le 24 octobre 2016 dans le Journal National de l’Académie des Sciences, l’étude est la première à faire explicitement le lien entre démence et catastrophes naturelles.
« A la suite d’une catastrophe naturelle, la plupart des gens se concentrent sur des problèmes mentaux contre le stress post-traumatique. Mais notre étude suggère que le déclin cognitif est également un problème important. Les procédures de relocalisation séparent les personnes non seulement de leur maison, mais de leurs voisins, ce qui entraîne une accélération du déclin cognitif des personnes vulnérables », déclare Hiroyuki Hikichi, auteur de l’étude, à Medical Xpress.
Les liens de voisinage, un facteur de santé cognitive
Les relocalisations suite à la catastrophe semblent jouer un rôle central dans l’accroissement des cas de démence, plus encore que la perte d’êtres chers. En 2012, Iwanuma devenait la première des villes japonaises dévastées par le tsunami à amorcer un projet de relocalisation massive afin de protéger sa population de catastrophes futures. 348 foyers ont ainsi été déplacées vers le quartier Tamaura Nishi, et 156 nouveaux logements ont été construits.
Niwako Yamawaki, professeur à l’Université Brigham Young au Japon, mettait le doigt sur les conséquences de ces relocalisations un an après la catastrophe, dans le cadre d’une étude portant sur le stress post-traumatique et la résilience de 241 habitants de Hirono, un village également affecté par le tsunami : « Les Japonais sont très collectivistes ; leur identité personnelle est intrinsèquement liée à leurs voisins. Briser ces communautés affectent profondément les individus. »
Une vie active garante de bonne santé cognitive ?
Elle jugeait en revanche que les jeunes éprouvaient moins de difficultés à partir pour s’établir définitivement autre part. Son étude a également permis d’établir un lien entre résilience et degré d’activité : les seniors qui ont su rester actifs après le drame étaient moins sujets aux dépressions : « Se tenir occupé après une catastrophe naturelle permet de conserver une once de normalité, même s’il ne s’agit que de bénévolat », estimait la chercheuse.
La même logique s’applique-t-elle dans les cas de démence ? L’étude ne le dit pas, mais il y a de bonnes raisons de le penser : des chercheurs de l’Université du Texas ont récemment mené une étude sur les effets positifs du stress d’une vie chargée sur la santé cognitive ; les activités artistiques permettraient également de tenir la démence à distance.
Cet article a été publié par la Rédaction le