Le syndrome de l’inventeur génial au fond de son garage dans la Silicon Valley

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Lorsque l’on examine le marché des technologies de communication pour les personnes âgées et les personnes handicapées, on remarque qu’il n’y a pas de grands groupes de technologies (Alcatel-Lucent, Philips, Siemens, Toshiba, Général Electric, …) mais des PME, par exemple, Tunstall pour la téléassistance, ou Legrand pour la domotique et plus récemment pour la téléassistance avec Intervox, ou encore Bosch Security, Solem, Laudren, et d’autres sociétés notamment pour le petit marché très lucratif des technologies liées aux handicaps auditifs. Si le marché de technologies avait atteint un haut niveau technologique et un volume important, les grands groupes seraient présents au coté des opérateurs de télécommunications.

Les autorités publiques académiques de la santé et du médico-social d’un coté et les organismes de recherche en France et en Europe ont fait ce constat industriel. Ils subventionnent donc depuis 15 ans au-moins, faute de mieux, des PME et des startups pour développer de nouvelles solutions technologiques et soutenir des expérimentations de l’usage spécifique sur le terrain. Les projets d’expérimentation aboutissent à des rapports d’ergonome et des études de satisfactions de quelques usagers, mais ils ne posent pas la question du modèle économique solvable et de la masse critique minimum de solvabilité. Ils ne convainquent pas les grands groupes à investir.

C’est à ce moment-là que les inventeurs de solutions les plus originales, font leur apparition depuis le fond des garages pour obtenir des prêts et des subventions Oséo, Feder, FUI, grands emprunts d’investissement d’avenir avec le soutien des ministères de la recherche et des collectivités locales de proximité. Il n’y a toujours pas de modèle économique de déploiement industriel, mais seulement une expérimentation technologique financée sur fonds publics. Ce modèle de financement est intéressant pour un jeune entrepreneur et chacun entretient le mythe que cette application géniale va finalement percer sur le marché des technologies de communication en Europe et dans le monde. Un nouveau capitaine d’industrie est en train de naître grâce à une expérimentation d’usages financée au plus près du terrain et des bénéficiaires. C’est le thème de prédilection de nombreux séminaires et colloques en France et en Europe.

Le problème, c’est qu’en France et en Europe, des centaines d’expérimentations ont été faites depuis 15 ans sur ce marché des technologies de communication pour les personnes âgées et les personnes handicapées et rien n’est encore sorti concrètement sinon un saupoudrage de fonds publics sans lendemain.

A défaut de trouver un marché de masse solvable, les universitaires et laboratoires de recherche approfondissent leurs connaissances fines des technologies, des usages possibles, des processus les plus respectueux de la personne et de l’éthique de l’usage.

En cela, on ne peut leur reprocher, ils sont dans leur rôle de chercheurs, mais néanmoins bien incapables quand même de recommander à une personne en perte d’autonomie une solution plutôt qu’une autre.

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Cet article a été publié par la Rédaction le

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