À l’occasion de la journée mondiale de Parkinson, célébrée chaque 11 avril, l’association France Parkinson tire la sonnette d’alarme : le nombre de personnes atteintes de cette maladie neurodégénérative connaît une croissance inquiétante, et rien ne semble pouvoir freiner cette progression sans un sursaut politique et sociétal massif.
- L’explosion mondiale des cas de Parkinson: une urgence sanitaire reconnue
- Une forte prévalence de la maladie de Parkinson en France et un lien avéré avec les pesticides
- L’absence inquiétante de stratégie nationale depuis 2019 malgré les promesses
- Des exemples internationaux inspirants et une recherche française sous-financée
- France Parkinson mobilisée avec plus de 60 événements en 2025
Maladie de Parkinson : une explosion des cas à l’échelle mondiale
La maladie de Parkinson est aujourd’hui la pathologie cérébrale à la croissance la plus rapide au monde. En 2021, près de 11,8 millions de personnes étaient concernées, alors que ce chiffre n’était initialement prévu que pour 2040. D’ici 2050, on estime que 25,2 millions de personnes vivront avec cette maladie, soit une hausse de 112 % par rapport à 2021.
C’est en Europe de l’Ouest que la situation est particulièrement préoccupante. En effet, la prévalence de cette maladie neurodégénérative dans cette région devrait doubler d’ici 2050, sous l’effet du vieillissement de la population. En France, environ 270 000 personnes sont actuellement atteintes, avec 27 000 nouveaux cas chaque année.
Au-delà des chiffres, la maladie de Parkinson représente une perte de la qualité de vie considérable. L’OMS estime que les années de vie ajustées sur l’incapacité (DALY) liées à la maladie ont augmenté de 80 % depuis 2000. Une personne diagnostiquée à 60 ans perd en moyenne 13 années de vie en bonne santé : 5 années de vie perdues prématurément et 8 années vécues avec une incapacité.
Des causes multiples : l’âge oui, mais aussi les pesticides
Si le vieillissement de la population explique en grande partie l’augmentation des cas (89 % d’ici 2050), l’impact de l’environnement est également prouvé. L’exposition aux pesticides, notamment dans les zones agricoles et viticoles, augmente significativement le risque de développer la maladie. En France, Parkinson est reconnue comme maladie professionnelle dans le régime agricole depuis 2012. Des études montrent que la proximité avec les vignobles, par exemple, peut augmenter l’incidence de la maladie de 10 %.
Des produits comme le glyphosate ou le paraquat, suspectés de neurotoxicité, continuent d’être utilisés ou exportés malgré les mises en garde scientifiques et citoyennes.
Un réveil mondial… mais la France à la traîne
Si certains pays comme les États-Unis ont franchi un cap en légiférant, à l’image du National Plan to End Parkinson’s Act, promulgué en juillet 2024, la France, elle, n’a pas de stratégie nationale en vigueur depuis la fin du Plan MND 2014-2019.
Une nouvelle stratégie quinquennale, promise pour janvier 2024, est toujours en attente. Selon France Parkinson, cette inertie traduit un manque de volonté politique sur un enjeu de santé publique majeur.
Maladie de Parkinson : Des exemples à suivre à l’international
Des pays comme le Royaume-Uni ou les Pays-Bas montrent la voie avec des programmes ambitieux : réseaux de soins coordonnés comme ParkinsonNet, formation de professionnels de santé spécialisés (les Parkinson’s Nurses), et développement de centres de recherche de pointe.
L’Australie, l’Allemagne, le Luxembourg ou le Japon investissent également dans des programmes de recherche de haut niveau, misant sur la thérapie génique, l’intelligence artificielle et les cellules souches.
La recherche française progresse, mais manque de moyens
En France, des projets innovants sont en cours (lumière infrarouge, dopamine intracérébrale, essais de repositionnement des molécules), soutenus par des réseaux innovants comme NS-Park. La plateforme Master Trial, lancée récemment, vise à tester simultanément plusieurs traitements prometteurs contre Parkinson. Cependant, ces avancées reposent souvent sur des financements privés, alors que les budgets publics restent limités.
Une mobilisation nationale pour faire connaître la maladie de parkinson
Malgré sa prévalence, 84 % des Français pensent que Parkinson est une maladie rare, et un tiers des personnes malades ne présentent pas de tremblements, contrairement aux idées reçues. L’isolement et l’incompréhension ajoutent une souffrance sociale à la maladie.
C’est pourquoi du 1er avril au 31 mai 2025, plus de 60 événements sont organisés par les comités départementaux de France Parkinson. Ces rendez-vous visent à informer, sensibiliser, briser l’isolement et favoriser les échanges entre patients, proches et professionnels.
France Parkinson : 40 ans de lutte et d’accompagnement
Depuis 1984, l’association œuvre pour soutenir les malades, former les aidants, mobiliser les pouvoirs publics et financer la recherche (plus de 18 millions d’euros investis depuis 2010). Elle compte aujourd’hui plus de 900 bénévoles dans 82 comités répartis sur tout le territoire.La maladie de Parkinson est en pleine expansion. Face à ce défi, la France ne peut plus attendre. Une stratégie nationale ambitieuse, des politiques de prévention, une recherche mieux financée et une prise en charge globale des malades sont des priorités vitales. France Parkinson appelle à un sursaut collectif pour ne pas laisser les malades seuls face à ce combat.
Cet article a été publié par la Rédaction le