Chaque année, la Journée Nationale de l’Audition (JNA) revient avec un objectif clair : sensibiliser le grand public aux dangers liés aux troubles auditifs, promouvoir la prévention et encourager le dépistage. En 2025, cet événement se tiendra le jeudi 13 mars avec une thématique qui fait écho à une pratique de plus en plus répandue : le gaming.

Audition : Une problématique de santé publique majeure
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’une personne sur quatre souffrira de troubles auditifs d’ici 2050. En France, ce sont déjà cinq millions de personnes qui sont concernées par la perte auditive, dont un tiers des plus de 50 ans.

La prise en charge de ces troubles reste insuffisante, notamment parce que 65% des personnes concernées ignorent qu’elles peuvent bénéficier d’un dépistage gratuit et d’aides auditives accessibles.
Le gaming : nouvelle menace pour l’audition
Cette année, l’Association Nationale de l’Audition (ANA) attire l’attention sur un facteur de risque majeur pour sa 28e Journée Nationale de l’Audition : le gaming. Avec plus de 38 millions de joueurs en France, dont une majorité utilise des casques audio, l’exposition à des niveaux sonores élevés sur des périodes prolongées devient préoccupante.

Les jeux peuvent générer des pics sonores atteignant jusqu’à 119 décibels, bien au-delà du seuil de sécurité de 80 décibels recommandés par l’OMS. Plus de 1 milliard de jeunes adultes risquent une déficience auditive permanente évitable, à cause de leurs pratiques d’écoute non sûres selon l’OMS.
Journée Nationale de l’Audition : Des actions concrètes pour sensibiliser à la malaudition
L’ANA à prévu plusieurs initiatives à travers la France :
- Une enquête nationale sur les comportements à risque liés au gaming.
- Des conférences et ateliers de sensibilisation sur l’impact des pratiques vidéoludiques sur l’audition.
- Un dispositif de dépistage gratuit, via des bons téléchargeables sur leur site officiel, disponible non seulement durant la JNA du 13 mars mais tout au long de l’année.
- Un appel aux pouvoirs publics, les exhortant à intégrer la santé auditive dans les campagnes de prévention.

Journée Nationale de l’Audition : Un appel national à la mobilisation
L’ANA appelle tous les acteurs (professionnels de santé, collectivités locales, associations) à participer à cette grande campagne de prévention. Avec plus de 3000 participants engagés chaque année, la mobilisation prend une ampleur nationale. Dès décembre, l’ANA lançait déjà une campagne de sensibilisation renforcée pour préparer au mieux les actions de ce mois de la surdité.
L’Association Nationale de l’Audition en première ligne

Depuis sa création en 1998, l’ANA œuvre pour prévenir les troubles auditifs par des campagnes d’information et des initiatives concrètes. Grâce à son site internet rénové (actif dès novembre 2024) et ses kits de sensibilisation, l’association espère toucher un public toujours plus large lors de ses JNA.
Pourquoi se préoccuper de la santé auditive ?
Les troubles auditifs peuvent avoir de graves conséquences sur la qualité de vie :
- Acouphènes : Sifflements ou bourdonnements permanents dans les oreilles.
- Hyperacousie : Sensibilité accrue aux bruits quotidiens.
- Fatigue cognitive : Provoquée par l’effort du cerveau pour compenser une audition dégradée.
- Perte auditive : Diminution de la capacité à percevoir les sons aigus.

L’audition des Français en chiffre :
- 5 millions de Français souffrent de troubles auditifs.
- 1/3 des personnes au-delà de 50 ans présente une perte auditive, impactant leur qualité de vie.
- 65 % des personnes concernées ignorent qu’elles peuvent bénéficier d’un dépistage gratuit et d’aides auditives accessibles.
source : www.monparcourshandicap.gouv.fr
Zoom sur la malaudition des seniors

Les conséquences de la malaudition
Les conséquences de la malaudition dépendent de plusieurs facteurs, notamment de l’âge d’apparition de la pathologie, de l’importance de la surdité, et évidemment de la prise en charge.
Les situations de handicap des malentendants sont multiples : ces personnes connaissent un handicap de communication, et donc bien souvent une certaine forme de handicap social puisqu’elles peuvent être mises à l’écart. Elles peuvent avoir parfois honte lorsqu’elles sont en groupe, elles craignent les moqueries, elles ont peur de ne pas suivre les conversations etc…
Au-delà des conséquences sociales et psychologiques, les individus souffrant de surdité partielle ou totale subissent aussi des conséquences physiques (stress, hypertension artérielle, tensions musculaires ou encore maux de tête…).
Des seniors qui ne passent pas assez de tests auditifs
Une étude américaine montre qu’une majorité des personnes âgées souffrant de déficience auditive choisissent d’ignorer le traitement. Selon l’enquête, plus de la moitié des personnes âgées ont admis souffrir d’un certain degré de déficience auditive, mais seulement un sur six a choisi de porter des appareils auditifs.
Qui plus est :
- 14% des répondants seulement disent avoir passé un ou deux tests auditifs durant toute leur vie
- 16% n’en ont jamais fait.
Une crainte non fondée d’être stigmatisé
La crainte d’être stigmatisé ou perçu par les autres comme « vieux », « faibles » ou encore « ringards » s’avère quant à elle non fondée. Elle freine cependant trop souvent les seniors, qui préfèrent choisir de ne pas se faire soigner.
Cette croyance est en contraste frappant avec le fait que la plupart des personnes âgées déclarent ne pas juger les autres parce qu’ils portent un appareil auditif.

Un répondant à l’enquête sur quatre affirme qu’il ne veut pas interagir avec quelqu’un qui a du mal à entendre et qui lui demande à plusieurs reprises de répéter ses propos. Cependant, seulement 15% des répondants croient que les autres réagissent de la même façon quand ce sont ceux qui demandent aux autres de se répéter.
Ainsi, les perceptions des répondants contrastent fortement avec les nombreuses études qui montrent que les appareils auditifs améliorent l’audition et de la qualité de la vie, de même que les études montrent que les autres ne réagissent pas négativement lors de l’utilisation d’appareils auditifs.
Agir au plus vite !
Quel que soit le problème auditif, le dépistage doit être le plus précoce possible. Mieux vaut vous équiper d’aides auditives dès les premiers signes et éviter ainsi un isolement social ou un mal-être.
Entre les assistants d’écoutes, les appareils auditifs, les audioprothèses ou les implants cochléaires, vous avez l’embarras du choix. Grâce à l’informatisation et la miniaturisation, les aides auditives sont de plus en plus performantes et n’ont plus rien à avoir avec les « analogiques » de papy et mamie.
Les différentes étapes et démarches à effectuer
- Prendre RDV chez un médecin ORL qui déterminera votre profil auditif en pratiquant un « audiogramme »
Après un diagnostic complet, il vous sera proposé un traitement médicamenteux, un traitement chirurgical, la possibilité de porter des aides auditives… Le médecin ORL vous délivrera une ordonnance afin de vous permettre de prendre RDV chez un audioprothésiste. - Le choix de l’aide auditive la plus adaptée à vos besoins avec l’audioprothésiste

Les solutions pour corriger la surdité
Aujourd’hui, les problèmes d’audition peuvent être corrigés à tous les niveaux de la chaîne auditive. Zoom sur les différentes solutions existantes.
Vers une quasi-disparition de la surdité ?
La surdité est aujourd’hui une préoccupation centrale de santé publique. En effet, l’évolution démographique prévoit une explosion des besoins ces prochaines années. Selon l’OMS, ce sont aujourd’hui 278 millions de personnes dans le monde qui présentent une surdité modérée à profonde sur les 2 oreilles. On estime que dans le monde, 466 millions de personnes, soit 5 % de la population, sont atteintes d’un déficit auditif invalidant, et ce nombre devrait atteindre 900 millions d’ici à 2050.
La plupart ne sont pas traitées alors qu’à ce jour, le progrès technologique et la biotechnologie permettent de traiter la quasi-totalité des surdités, à tel point qu’on parle aujourd’hui de déficit résolu. Il existe en effet de multiples solutions pour répondre aux problèmes de surdité, et à tous les niveaux de la chaîne auditive, à l’instar des appareils et implants.
Il est important de consulter un spécialiste dès les premiers symptômes de surdité. Prendre à temps la surdité permet notamment d’éviter les cas d’isolement. Aujourd’hui, elle n’est plus une fatalité
Arnaud Devèze, Chirurgien ORL au sein de l’Hôpital privé Clairval.
Des solutions adaptées à chaque besoin
Le marché de l’amplification auditive est conséquent et les perspectives de développement sont considérables. C’est un atout pour les patients, qui, tous les 2 ans environ bénéficient d’une nouvelle avancée technologique.
A ce jour, les moyens de réhabiliter les différents types de surdité comprennent les aides conventionnelles de type prothèses auditives – équipées d’un microphone, d’un processeur pour traiter le signal et d’un haut-parleur – ainsi que les implants auditifs. Les prothèses auditives deviennent insuffisantes en cas de surdité trop avancée.

Il existe 3 types d’implants, comprenant chacun une structure électronique qui transforme les signaux sonores captés dans l’environnement et les traduisent en signal électrique :
- Les implants en conduction osseuse (ICO) : ils restituent l’énergie en énergie vibratoire transmise soit à la voute crânienne soit à l’os mastoïdien. Cette énergie vibratoire est ainsi transmise aux fluides de la cochlée et met en vibration les cellules de l’oreille interne. Ce type d’implant s’adresse aux patients sans tympan ou osselet, et permet ainsi de créer la vibration émise normalement par les osselets.
- Les implants d’oreille moyenne (IOM) : ils restituent l’énergie en énergie vibratoire ensuite transmise soit aux osselets soit aux structures vibrantes de l’oreille moyenne jusqu’à la cochlée. Dans ce cas et le précédent, l’oreille interne et ses cellules ciliées fonctionnent correctement. S’il ne reste peu ou plus de cellules ciliées, il faut alors remplacer la cochlée avec un implant cochléaire.
- Les implants cochléaires (IC) : ce sont les implants les plus posés en France. Ils restituent l’énergie en signal électrique directement aux neurones des nerfs auditifs situés dans la cochlée, car celle-ci étant peu on plus fonctionnelle, il n’y a donc plus de vibration.

Dans certains cas plus rares de surdités d’origine nerveuse, où il n’y a plus d’oreille interne ni de nerf auditif, il est possible de poser un implant directement sur le tronc cérébral qui stimule alors directement le cerveau auditif.
Quand une surdité n’est pas corrigée immédiatement, notamment pour les personnes âgées qui sont les plus touchées, le cerveau se déshabitue du son. Au plus on réhabilite tôt au moins les difficultés sont importantes. La précocité de l’appareillage ou de l’opération est donc importante.
Docteur Devèze
Une équipe pluridisciplinaire constituée d’un médecin ORL, d’un orthophoniste, d’un audio prothésiste, d’un psychologue, d’un gérontologue est nécessaire pour offrir une prise en charge globale au patient. En effet, après la pose d’un implant cochléaire par exemple, les sons sont différents pour les patients. Ces derniers doivent ainsi être accompagnés d’un orthophoniste et d’un psychologue afin de les réhabituer à l’écoute et à la parole.

Il y a quelques années, les personnes souffrant d’un problème d’audition n’avaient pas constamment de solutions pertinentes en fonction de leur degré de surdité, aujourd’hui grâce au progrès de la biotechnologie et une prise en charge précoce, quasiment toutes les surdités peuvent être vaincues.
La Journée Nationale de l’Audition 2025 met en lumière une problématique actuelle : la relation entre gaming et santé auditive. L’ANA invite chacun à réaliser un dépistage auditif gratuit et à adopter les bonnes pratiques pour préserver son audition. Agissons collectivement pour une meilleure santé auditive !
Cet article a été publié par la Rédaction le