Dans le cadre de la 5ème édition du baromètre européen des seniors, Ipsos et la Fondation Korian met l’accent sur l’accessibilité de la ville et des services dans les territoires.
La 5ème édition du baromètre des seniors est conduite auprès de 8 000 personnes dans quatre pays d’Europe différents : la France, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique. Elle aborde la question du moral des seniors et de leur satisfaction qu’ils ont par rapport à l’accessibilité des villes et l’adaptation des divers services présents dans chacune des villes. Pour cela, le baromètre est axé sur trois axes :
- La vie est-t-elle toujours source de plaisir pour les seniors européens ? Comment se sentent-ils perçus par l’ensemble de la société ?
- L’accessibilité de la ville bénéficie t’elle aux personnes âgées ? Plus généralement, l’espace public leur est-il accessible ou s’en sentent-ils exclus ?
- Quel rôle les maisons de retraite peuvent-elles jouer dans leurs territoires, et quels services peuvent-elles rendre aux seniors à domicile, et plus largement au territoire dans lequel elles s’inscrivent ?
Une année compliquée mais un bien-vivre en pleine expansion
En 2020, année de l’épidémie de Covid-19, le sentiment de bien vivre son âge atteint un record chez les seniors, un paradoxe alors que la vie est de moins en moins considérée comme source de plaisir.
Malgré une crise sanitaire qui a plus particulièrement frappé les personnes âgées, la part des seniors déclarant bien vivre leur âge atteint cette année un niveau record avec 80% des 65 ans et plus (+6 points par rapport à il y a 2 ans). Un niveau jamais atteint y compris dans des pays très durement touchés par l’épidémie de Covid-19 tels que l’Italie (80%, +7 points) ou la France (78%, +9 pts). Ce sentiment progresse particulièrement chez les plus âgés (84% des 80 ans et plus, +13 pts).
Parallèlement le plaisir de vivre diminue
Dans le même temps, le plaisir de vivre des seniors ne cesse de diminuer et atteint son plus bas niveau historique : l’âge n’est pas un critère suffisant et les inégalités progressent, notamment pour les moins autonomes.
Si la vie reste aujourd’hui une source de plaisir pour une majorité de seniors (72%), ce chiffre est en baisse continue depuis 2014 (-12 points depuis 6 ans) et en recul de 3 points depuis 2018. Il atteint son plus faible niveau historique dans tous les pays : en France (70%, -9 pts depuis 2016), en Allemagne (79%, -8 pts) et en Belgique (72%, -5 pts). Il n’y a qu’en Italie qu’il reste stable mais au niveau le plus bas (67% des seniors Italiens déclarent que la vie est pour elle source de plaisir). Le recul par rapport à l’avant Covid est plus marqué chez les 65-74 ans, sans doute encore très actifs et donc particulièrement frustrés par les restrictions pendant le confinement.
Les seniors pour qui la vie n’est pas source de plaisir (28% du total) sont surreprésentés chez les niveaux de revenus faibles (41%), et donc les femmes (32% contre 23% des hommes) qui vivent plus longtemps, avec de moindres ressources. La solitude est par ailleurs décisive : les personnes pour qui la vie n’est plus source de plaisir sont surreprésentées parmi celles qui vivent seules (33%) et n’ont pas de petits-enfants (31%).
En fait, c’est le niveau de dépendance qui est le facteur le plus clivant : 58% des personnes très dépendantes (éprouvant des problèmes de santé ou des difficultés importantes et ont besoin de beaucoup d’aide) considèrent qu’elles n’éprouvent plus le plaisir de vivre, de même que 40% de celles qui ont quelques petits soucis de santé et besoin d’un peu d’aide.
Un constat sévère : la ville n’est pas adaptée ni aux seniors, ni aux plus jeunes !
Les seniors jugent très durement l’adaptation de leur ville à la vie des personnes âgées. Sur les 11 critères testés, qui vont de l’accessibilité des services de santé à la sécurité, la note moyenne d’accessibilité des services dans la ville accordée est de 4,5/10 seulement. Les plus jeunes partagent ce constat avec une note équivalente, conscients de la piètre adaptation de leur territoire aux plus âgés. De l’avis de tous, c’est la présence de toilettes publiques gratuites, propres et sécurisantes, qui manque notamment aux personnes à mobilité réduite, aux familles avec enfants en bas âge se déplaçant avec des poussettes, aux piétons etc.
Face à une incapacité d’utiliser leur voiture et des difficultés pour marcher, seule une minorité de seniors pourrait facilement continuer à fréquenter les commerces et services dont ils ont besoin : 48% pourraient facilement se rendre dans les commerces de proximité s’ils existent encore, les autres services cités étant encore plus difficiles d’accès, notamment les médecins spécialistes (seuls 32% pourraient toujours facilement se rendre dans leurs cabinets).
L’inadaptation de la ville contribue donc à la difficulté des seniors à éprouver du plaisir de vivre.
Des solutions existent et sont plébiscitées par toutes les générations : des services de proximité itinérants ou à inventer en maisons de retraite
De très nombreux seniors estiment manquer de services et d’infrastructures près de chez eux : point d’aide aux mobilités (31%), distributeur de billets (26%), point d’accès aux services publics (25%), mais aussi lieu de formation (24%) ou marché (23%). Autant de manques que déplorent également les moins de 65 ans, notamment en Italie.
Pour la grande majorité des seniors, la mise à disposition de services itinérants serait utile et permettrait de palier l’insuffisante accessibilité de leur ville. Ils sont une large majorité à souligner l’utilité de services publics itinérants pour aider dans les démarches administratives (83% dont 36% qui considèrent qu’il serait essentiel de mettre ce service en place), alors que la dématérialisation des démarches laisse une partie de la population démunie et pas seulement les seniors.
C’est également le cas des cabinets médicaux itinérants (77% dont 31% « essentiel ») qui pourrait permettre de palier les déserts médicaux, mais aussi des commerces et services culturels itinérants (bibliobus, camionnette boulangerie, épicerie…) (77% dont 28% essentiel) ou encore un service de covoiturage / navette collective / cars scolaires dédiés aux personnes âgées après dépôt des enfants à l’école (73% dont 27% « essentiel »). Un mouvement en ce sens est déjà visible sur nombre de bassins de vie.
L’originalité de cette enquête est d’avoir interrogé sur les services qui pourraient être mis à disposition de tous dans les maisons de retraite. En effet, le maillage des maisons de retraite est très serré : 70% déclarent vivre à moins de 5 km d’une maison de retraite. Les seniors sont particulièrement intéressés par des points d’accès aux services publics (64%) ou un médecin / une maison de santé (63%), mais aussi un distributeur de billets (61%), un parc / jardin (60%) ou un marché (59%).
L’intérêt est logiquement encore plus fort lorsque ces services sont perçus comme faisant défaut à proximité. Il est également très présent chez les moins de 65 ans, qui ont aussi peut-être moins de réticence à envisager de franchir les portes d’une maison de retraite.
« La demande autour de ces nouvelles solutions démontre une grande ouverture d’esprit des seniors, qui devrait inspirer les futurs débats autour de la loi grand âge et autonomie. Il est vraiment temps de comprendre que les européens ont largement changé de regard sur le vieillissement ! »
Serge Guérin, Président du Conseil scientifique de la Fondation Korian.
Consultez le baromètre complet d’IPSOS et de la Fondation Korian
Une méthodologie bien rodée
Pour réaliser cette enquête, Ipsos a interrogé en août 2020 plus de 8 000 personnes dans 4 pays emblématiques de l’Union Européenne (France, Allemagne, Italie et Belgique) :
- 4 000 seniors (1 000 par pays) constituant un échantillon représentatif de la population âgée de 65 ans et plus dans chacun des pays de l’enquête
- 4 000 personnes (1 000 par pays) constituant un échantillon représentatif de la population âgée de 15 à 64 ans dans les mêmes pays pour comprendre en quoi les plus jeunes diffèrent des plus âgé
- Dans chacun des pays, la représentativité de l’échantillon est assurée par l’utilisation de la méthode des quotas.
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Cet article a été publié par la Rédaction le