Interview de Bruno Lachesnaie, responsable de l’action sanitaire et sociale à la MSA en charge des Marpa

AUTRES ACTUS ET INFORMATIONS SUR : RESIDENCES SERVICES SENIORS & HEBERGEMENT COLLECTIF

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La rédaction SilverEco.fr est allée à la rencontre de Bruno Lachesnaie, Directeur de l’action sanitaire et sociale à la MSA et en charge des Marpa, un réseau de maisons d’accueil et de résidences pour l’autonomie.

Bruno Lachesnaie revient sur la création des Marpa, leur évolution au sein des territoires, et nous explique le regard que les Marpa posent sur les personnes âgées. 

Comment est né le concept des Marpa ?

Crédit : CCMSA Service image

Il y a près de 30 ans, la Mutualité Sociale Agricole (MSA), régime de protection sociale, a noté le besoin d’une alternative aux maisons de retraite pour les personnes âgées de l’époque. Dans les années 80, il n’y avait que peu d’offres publiques de maisons de retraite, et pas d’offres privées. Il s’agissait principalement d’annexes d’hôpitaux ou d’établissements gérés par des congrégations.

Il y avait pourtant un fort besoin d’accueil et d’hébergement chez les personnes âgées souvent isolées, et qui vivaient en territoires ruraux dans des habitats souvent inadaptés à l’avancée en âge. C’est dans ce contexte que sont apparues les Marpa (maisons d’accueil et de résidences pour l’autonomie), en réponse à un besoin d’hébergement adapté dans un contexte où le maillage des services à domicile n’était pas encore déployé.

Aujourd’hui, les choses sont complètement différentes. Les territoires ruraux bénéficient d’un maillage médico-social important, et il y a de nombreux programmes pour adapter le domicile des personnes âgées.

Les Marpa ne répondent plus à une carence des territoires, mais se positionnent pour les seniors  comme un véritable choix de vie : rester chez eux, où ils peuvent se sentir seuls ou insécurisés, ou rejoindre un environnement sécurisé, où ils pourront vivre de nouvelles expériences avec une  vie relationnelle et sociale enrichie. L’enjeu des Marpa n’est pas d’être une alternative à l’EHPAD, mais une autre manière d’aborder le grand âge sans abandonner ses aspirations, son autonomie. La Marpa s’inscrit, non comme un substitut, mais comme un prolongement du domicile en ce sens que cette maison doit restituer pleinement le sentiment du chez soi et de la liberté.

Crédit : Juliette Jem – Marpa – 2018

Comment met-on en place une Marpa ?

La création d’une Marpa répond à un besoin social d’un territoire, et doit s’articuler avec l’ensemble des acteurs et ressources du territoire. Nous avons une démarche très participative, pour qu’à la fin du projet, la Marpa soit complètement intégrée dans le territoire.

Concrètement, après une important phase d’étude préalable de besoin et de faisabilité, le conseil départemental va lancer un appel à projet pour créer  une petite structure de moins de 25 résidents. Les Marpa étant gérées soit par des associations, soit par des structures de droit public (CCAS ou CIAS), ce sont elles qui répondent à l’appel à projet, avec le support de la MSA, qui ensuite leur délivrera le label Marpa.

Ce label doit répondre à tout un ensemble de critères objectifs, par exemple :

  • des repas proposés 3 fois par jour, préparés sur place avec des produits frais ;
  • un libre choix de participation aux activités ;
  • la surface des appartements (32 à 46m²), et leurs équipements (notamment une cuisine), plus des surfaces communes
  • un encadrement élevé des résidents, avec un minimum 5 ETP hors gardes de nuit, pour un accompagnement plus individualisé ;
  • une fourchette tarifaire qui garantit une accessibilité pour tous.

Le label est provisoire les deux premières années. Il y a ensuite une visite de conformité qui confirme ou non l’attribution du label, qui est révisé tous les 5 ans.

Crédit : Josué Bensimon – Marpa – 2017

Quelle est la place des Marpa en France aujourd’hui ?

Il y aujourd’hui 200 Marpa dans 65 départements, et 80 dossiers sont en instance. Certains départements sont malheureusement défavorables à la création d’une Marpa, car ils ont une vision binaire du vieillissement : vivre chez soi ou vivre en EHPAD. Nous sommes opposés à cette vision binaire car elle est erronée.  L’allongement de la durée de vie n’est pas synonyme de dépendance ou de maladie. Il s’agit plutôt d’une évolution de la société dans laquelle de plus en plus de personnes de plus de 85 ans vivent sans problème de dépendance majeure. Pour ces personnes âgées, il faut offrir une palette de solutions alternatives entre le domicile et l’EHPAD.

De plus en plus de personnes âgées arrivant en Marpa sont nées après la guerre, et ont une autre vision de la vie. Elles arrivent au 4ème âge en ayant de nouvelles aspirations : l’accomplissement de soi, la liberté, le choix de son mode de vie…

C’est pourquoi les Marpa sont tournées vers l’innovation, en lien avec Silver Valley. Nous voulons développer le numérique, le lien social avec la famille, et basculer vers les attentes des résidents d’aujourd’hui et de demain. Et nous souhaitons également que la Marpa soit un lieu de vie comme un autre, qui ne soit pas stigmatisée comme « grand âge ».

Comment vous distinguez-vous des résidences services seniors ?

Plusieurs choses nous distinguent :

  • nous avons un réseau plus important ;
  • nos tarifs sont maîtrisés ;
  • notre but est non lucratif ;
  • notre taux d’encadrement est plus élevé ;
  • notre lien avec le territoire. Nous voulons de plus en plus être au service des territoires, en créant par exemple des crèches ou des écoles maternelles au sein de nos Marpa.

En réalité, nous n’avons pas tellement de concurrence car nous sommes surtout sur les territoires ruraux ou péri urbains , tandis que les autres résidences services seniors sont habituellement sur des secteurs (littoral, zones frontalières, quartiers résidentiels) à fort pouvoir d’achat.

Quel regard portez-vous sur les personnes âgées ?

Les personnes âgées sont des citoyens toujours en devenir, porteurs d’une histoire, d’un patrimoine, à cultiver et à transmettre, mais aussi d’ aspirations et de projets.

Les résidents des Marpa sont des personnes qui restent vivantes jusqu’au bout, sur le plan affectif, psychologique, social, familial…

Charles de Gaulle a dit : « La vieillesse est un naufrage. » Pour nous, c’est tout l’inverse. La vieillesse est un accomplissement personnel.


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Cet article a été publié par la Rédaction le

1 réflexion sur “Interview de Bruno Lachesnaie, responsable de l’action sanitaire et sociale à la MSA en charge des Marpa”

  1. J’adhère complètement avec ce projet de vie et le concept MARPA. A ce jour, je n’ai pas trouvé meilleure structure parmi les établissements que je connais et les retours des résidents sont unanimes. La sécurité, la vie sociale sans les contraintes de gestion administratives, les courses, les repas et surtout une grande liberté d’aller et venir et de participer aux animations proposées à son rythme.
    C’est un succès.

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