Depuis plusieurs années, les métiers du Care (du grand-âge) subissent une chute de leurs effectifs allant jusqu’à un état de quasi-rupture du secteur. La pénurie de personnel grandissante entraîne une détérioration de l’offre de soins proposées et donc de l’état de santé de la population. Cercle Vulnérabilités et Société a édité une note visant à proposer de nouvelles pistes d’actions, à courts et à plus long termes.
Qu’est-ce que le Care ?
Le care est une notion d’origine anglosaxonne, sans équivalent dans la langue française et difficilement transposable telle quelle. À l’origine, il vient théoriquement compléter la notion de cure (traitement médical et infirmier à visée curative). Il se caractérise par la place centrale qu’y tient le souci du confort et du soulagement (« to care for ») et la qualité du geste et de la relation humaine apportés (« to take care»), à travers des comportements de nature professionnelle, en vue de procurer aux bénéficiaires un mieux-être physique et psychique et de préserver la santé globale.
Théoriquement, le care n’a pas sa place à côté du cure, comme une option ou un accessoire, mais bien au cœur du cure (et de tout acte de nature plutôt technique) comme étant la qualité d’attention et d’accompagnement, le « prendre soin » que chaque personne fragilisée est en droit de recevoir, et que chaque acteur du système, a le devoir de lui offrir au cœur de son expertise professionnelle spécifique.
Par sa racine de «prendre soin», il déborde également le champ des métiers dits de l’accompagnement (ex : accompagnement dans l’emploi, coaching professionnel). Il se situe donc à l’intersection entre le cure et l’accompagnement, empruntant sa philosophie et ses méthodes à chacun de ces deux champs.
Attractivité des métiers du Care
La note du Cercle Vulnérabilités et Société cible les métiers en relation directe avec les personnes vulnérables, tout en reconnaissant que le care implique aussi les métiers de direction, de l’administration, de la logistique qui participent de l’écosystème global et de la culture spécifique du care.
Depuis quelques années, les métiers du Care font face à une chute de leurs effectifs. Une tension s’est donc installée dans ce corps de métier. Le Cercle Vulnérabilités et Société a réunit un groupe de travail à quatre reprise pour mettre en avant des pistes d’actions concrètes et tenter d’anticiper les besoins à moyen terme.
L’objectif c’est d’être dans une politique sanitaire et sociale durable, cette étude montre bien qu’il faut une réforme systémique
Myriam EL KHOMRI, auteure du rapport pour une mobilisation nationale en faveur de l’attractivité des métiers du grand âge
« Qu’est-ce qui vous paraît le plus important pour soutenir les métiers du Care ? »
Pour cette étude, Cercle Vulnérabilités et Société ont créé des petites vidéos avec différents intervenants mais toujours la même question : qu’est-ce qui vous paraît le plus important pour soutenir les métiers du Care ? Différentes réponses sont données dont celle de Myriam EL KHOMRI qui insiste sur le fait de donner envie aux jeunes de faire ce type de métier.
De nombreuses personnalités du secteur se sont prêtées au jeu
à retrouver en intégralité sur la page Youtube du Cercle Vulnérabilités et Société
Les résultats de l’étude du Cercle Vulnérabilités et Société
Cette étude a pour premier objectif d’analyser la situation dans les métiers du Care. Ensuite, elle s’emploie à proposer des critères d’attractivités pour les futures employés. Aussi, une méthodologie est proposée afin de permettre d’identifier les sources et les filières de recrutement pour ainsi faire face à la pénurie.
Cette note a été restituée le 7 Décembre à la Ministre déléguée auprès du Ministre de la Santé et de la Prévention, chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, en présence de Myriam EL KHOMRI.
Soutenir et piloter l’attractivité des Métiers du Care en fluidifiant les trajectoires et les organisations
Fort du constat de manque d’attractivité crucial de ces métiers, un état des lieux sur la crise des métiers du care s’imposait.
Le Cercle Vulnérabilités et Société constate notamment que :
- La crise s’inscrit au cœur d’une dégradation lente que la crise sanitaire Covid-19 a contribué à révéler et à amplifier
- Le différentiel entre les besoins et les ressources atteint un niveau de plus en plus critique
- La situation est jugée préoccupante par la communauté nationale et l’ajustement rapide des effectifs semble difficile
- Cette tension actuelle révèle notamment un hiatus profond entre des aspirations individuelles tournées vers la relations humaine et des contraintes collectives dominées par une certaine forme de technicisme
Vient donc à savoir comment attirer les employés vers ce corps de métier, les leviers d’attractivité résident surtout dans les modalités d’exercices des métiers du care :
- Ces métiers font partis d’une galaxie de métier enracinée dans le « prendre soin »
- Les métiers du care bénéficient d’une perception globalement positive, bien qu’ambivalente et qui questionne les croyances collectives
- Les facteurs d’attractivité mobilisent une dimension et un registre prioritairement construit sur l’humain
- Cependant, lorsqu’ils sont perçus comme entrant en opposition avec les conditions d’exercice du travail, cela provoque alors un retournement propice au désengagement
- A travers les aménagements et recompositions de l’exercice du métier, il faut désormais répondre à une pyramide d’attentes évolutives
C’est pourquoi une refondation est indispensable pour soutenir durablement l’attractivité des métiers du care. À court terme, cela suppose de fluidifier les trajectoires et les organisations pour optimiser le recrutement et la fidélisation. À moyen terme, il faut piloter les métiers du Care comme un écosystème propre, pour faciliter la cohérence, la fluidité et l’impact d’ensemble.
L’urgence de la situation oblige à poser des mesures aux effets immédiats (pour stopper l’hémorragie), mais aussi à oser entreprendre sans délai une restructuration profonde du système global de l’offre pour répondre aux évolutions démographiques et à leurs incidences sanitaires et sociales.
Cet article a été publié par la Rédaction le